Plusieurs espèces de cétacés ont des noms qui piquent la curiosité. Cachalot, béluga, épaulard, rorqual à bosse… Baleines en direct s’est penché sur l’étymologie de ces mots que nous utilisons au quotidien. Il s’agit d’un véritable voyage au cœur de l’histoire.
Ces noms qui viennent du français…
L’épaulard, un coup d’épée dans l’eau
L’épaulard est un visiteur rarissime dans le fleuve Saint-Laurent. Son nom vient de l’ancien français. Il résulte vraisemblablement du croisement entre 2 mots : espaart, dérivé du mot espee, qui veut dire «épée»; et épaule. La nageoire dorsale de l’épaulard rappelle effectivement la forme d’une épée. L’autre nom de l’épaulard est l’orque, emprunté au latin orca, qui signifie «sorte de baleine». Baleines en direct lui préfère le mot épaulard.
Ou d’autres langues
Le béluga, ancien marsouin blanc
Le mot «béluga» vient du russe beluxa, qui se prononce «bélouga» et signifie «blanc». Au Québec, cette appellation a remplacé le traditionnel «marsouin blanc» depuis seulement un demi-siècle. Ce dernier nom venait de l’époque de Jacques Cartier. Le navigateur parlait de «marsouins blancs» dans un récit, et leur description correspondait à des bélugas. Du reste, le nom latin du béluga, soit delphinapterus leucas, veut dire «dauphin aptère blanc». Pourtant, le béluga n’est pas considéré comme un marsouin ou un dauphin par les scientifiques. Ces derniers ont une nageoire dorsale alors que les bélugas n’en ont pas.
Le cachalot et sa tête démesurée
Sans trop de surprises, le nom du cachalot est lié à sa particularité physique la plus remarquable : son énorme tête rectangulaire. Le mot « cachalot » s’est ainsi inspiré du portugais cachalote, qui signifie «poisson à grosse tête»! C’est le spermacéti, un organe essentiel pour l’écholocalisation, qui donne cette forme particulière à la tête des cachalots. En anglais, le cachalot est appelé sperm whale, toujours en référence à cet immense organe composé d’une substance blanche qui rappelait aux premiers observateurs le liquide séminal.
Le globicéphale noir, la « baleine pilote »
Le globicéphale noir de l’Atlantique est lui aussi victime de son apparence! En latin, «globus» signifie «boule», et «céphale» veut dire «tête» : il est facile de comprendre pourquoi ce cétacé à la couleur noire a été nommé ainsi lorsqu’on le voit! Le melon désigne la tête ronde d’un cétacé. Celui du globicéphale contient une matière gélatineuse. Même s’il n’est pas composé de la même matière que celui du cachalot, il possède les mêmes fonctions : l’écholocalisation et la communication.
On surnomme parfois le globicéphale «la baleine pilote». Ce nom pourrait venir du fait que cette baleine s’échoue souvent en groupes, possiblement en raison d’un seul individu. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ce phénomène. Par exemple, les globicéphales seraient solidaires. Lorsque l’un des membres du groupe, affaibli ou désorienté, s’échouerait, les autres le suivraient. Une autre hypothèse suggère que les globicéphales se retrouvent prisonniers des courants. Les secteurs qu’ils visitent habituellement deviendraient inaccessibles à certaines périodes de l’année en raison des marées basses. Les globicéphales avanceraient à contrecourant et se retrouveraient piégés.
Les rorquals, deux sens possibles
Pour ce qui est du mot norvégien røyrkval, il a deux significations possibles. En suédois, il veut dire «baleine à ventre plissé». Les sillons des rorquals s’étirent comme un accordéon pour leur permettre d’engouffrer l’eau et la nourriture. En norvégien, ce mot veut dire «baleine rouge». En effet, les sillons ventraux des baleines en question se gorgent de sang et deviennent rosés lorsqu’elles s’alimentent.
Le mot krill, qui vient lui aussi de cette langue, veut dire «petit banc de poissons». Plusieurs mots relatifs aux cétacés viennent de Norvège, car ce pays a une longue tradition de chasse à la baleine. Les premiers naturalistes à dessiner l’anatomie des baleines étaient norvégiens.
Le petit rorqual, fruit d’une erreur
En français, le nom du petit rorqual est assez explicite, mais en anglais, les choses se corsent. L’appellation minke whale est issue d’une légende dont il existe plusieurs versions. Selon l’une d’entre elles, une vigie inexpérimentée dont le nom sonnait comme «Minke» travaillait sur un baleinier. Elle signalait les petits rorquals qu’elle apercevait, mais l’équipage lui rappelait qu’elle les confondait avec d’autres espèces de baleines recherchées par les chasseurs.
Des noms qui en disent long
Le rorqual à bosse, la baleine volante
Le nom du rorqual à bosse vient du fait que sa nageoire dorsale se trouve sur une bosse. Le nom latin de la baleine à bosse, soit megaptera novaeangliae, est pour le moins poétique. Méga signifie «grand» et ptera signifie «aile». Les nageoires pectorales de la baleine à bosse sont très allongées, si bien qu’elle semble voler sous l’eau. Elles lui serviraient à réguler sa température ou à effectuer des acrobaties. Ses longues nageoires pourraient lui permettre de choisir le côté où elle va retomber après un saut. Elles lui confèreraient aussi une grande agilité pour chasser les poissons. Enfin, novaenglicae signifie Nouvelle-Angleterre. En effet, c’est là que les baleiniers ont décrit la baleine à bosse pour la toute première fois.
La baleine noire, la « bonne baleine »
Sur Baleines en direct, nous utilisons la dénomination de baleine noire pour désigner les membres du genre Eubalaena, (qui signifie « bonne baleine » en latin), mais ces espèces sont également fréquemment appelées baleines franches, ou right whale en anglais. Ce nom rappelle que la baleine noire était une bonne baleine pour les chasseurs, et ce pour deux raisons. D’abord, elle est très lente et se nourrit à la surface — on dit d’ailleurs que c’est une «écrémeuse» —. Les copépodes, de petits crustacés qu’on retrouve dans le plancton et dont elle est friande, mangent des algues qui ont besoin de lumière pour se développer. Ensuite, cette baleine est tellement grasse que sa carcasse flotte. Cela représentait donc une aubaine pour les chasseurs.
Les noms des géants
Le rorqual commun, pas si commun!
Le rorqual commun, le 2e plus grand au monde, a le statut d’espèce préoccupante. Son nom suggère qu’il a déjà été plus abondant dans nos océans. Au début de la chasse à la baleine, le rorqual commun était moins recherché que d’autres espèces en raison de sa rapidité. Avec l’avènement des bateaux à moteur, les marins avaient plus de facilité à l’exploiter, et sa population a chuté brutalement.
Et le rorqual bleu, pas si bleu!
Le rorqual bleu, pour sa part, est le plus gros animal que la Terre ait porté. Il n’est pas réellement bleu : sa peau est gris moucheté. L’illusion s’explique par le fait que le rouge, le jaune et le vert ne peuvent pas entrer profondément dans l’eau, contrairement au bleu. Ainsi, seule la couleur bleue est visible par notre œil lorsque nous observons un géant des mers.