Petit rorqual

Image petit rorqual
  • Nom anglais espèce

    Minke Whale

  • Nom latin espèce

    Balaenoptera acutorostrata

  • Autres noms

    Rorqual nain, rorqual à museau pointu, gibard

  • Sous-ordre

    Baleines à fanons (mysticètes)

Fiche signalétique

  • Longueur

    6 à 9 m, jusqu’à 10 m

  • Poids

    6 à 8 t, jusqu’à 10 t

  • Comportement social

    Solitaire, parfois en paire ou en groupe

  • Longévité

    60 ans

  • Temps de plongée

    2 à 10 min, jusqu’à 20 min

  • Observations

    Régulières de mars à décembre dans le golfe et dans l’estuaire

  • Distribution mondiale

    Des tropiques aux régions polaires

  • Population mondiale

    Plusieurs centaines de milliers

Description

  • Corps fuselé, dos sombre
  • Les sillons ventraux partent de la gorge jusqu’à l’arrière des nageoires pectorales.
  • Nageoire dorsale en forme de faucille

Non en péril

Un nageur habile, glouton et si dynamique!

Fin stratège dans la capture de ses proies, le plus petit des rorquals effectue des manœuvres spectaculaires en surface. Dans le Saint-Laurent, il évolue souvent très près des côtes. En plus, il lui arrive de sauter à répétition hors de l’eau! Ainsi, il fait dans l’estuaire le bonheur de l’industrie d’observation et des observateurs terrestres. Parmi les grandes baleines, cette espèce, qui a peu intéressé les chasseurs d’antan, est la plus nombreuse dans le monde aujourd’hui. Mais de ce fait, elle est la principale cible des pays qui pratiquent encore la chasse commerciale et «scientifique».

Vocalisations de petit rorqual

Ce qu'il faut savoir

Dans le Saint-Laurent

De mars à décembre, le petit rorqual fréquente les eaux côtières de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent pour s’alimenter. Dans l’estuaire, sa présence se fait particulièrement remarquer à la tête du chenal Laurentien (entre Tadoussac et Les Bergeronnes) et à l’embouchure de la rivière Saguenay où il abonde du début juillet à début septembre. Certains individus séjournent dans le Saguenay jusqu’à une dizaine de milles marins en amont. Le troupeau du golfe (excluant l’estuaire) a été estimé à 1 000 individus (relevés aériens de Pêches et Océans Canada de 1995 et 1996 ne tenant pas compte des animaux en plongée).

Migration

Les mouvements saisonniers ne sont pas bien connus. Des observations ainsi que des enregistrements acoustiques, effectués par le système de surveillance de la marine étatsunienne, suggèrent que les petits rorquals se déplacent vers le sud en hiver dans la région des Antilles (entre novembre et mai). Au printemps, ils passent par les côtes américaines et les Bermudes pour revenir dans leur aire d’alimentation estivale, sans jamais se rassembler.

Dans le monde

Les petits rorquals du Saint-Laurent font partie du stock de la côte Est canadienne, estimé à environ 4 000 individus, un des quatre stocks de la population de l’Atlantique Nord (200 000). On rencontre cette espèce dans tous les océans du monde, des tropiques jusqu’aux régions polaires, tant que les eaux ne sont pas complètement recouvertes de glace. On différencie le petit rorqual, qui vit dans l’hémisphère Nord, du petit rorqual nain qui est une sous-espèce vivant dans l’hémisphère Sud. Le petit rorqual de l’Antarctique est une espèce distincte avec de nombreuses différences physiques et génétiques.

En avril 2006, le COSEPAC a attribué à la population du petit rorqual de l’Atlantique Nord un statut de conservation, celui d’espèce «non en péril», la mortalité attribuable à l’humain et par d’autres menaces potentielles ne dépassant pas le seuil de remplacement. Cette espèce ne figure pas sur la liste des espèces en péril aux États-Unis et est classée comme «préoccupation mineure» sur la liste rouge de l’UICN.

Alimentation

Les petits rorquals ont une alimentation très variée qui dépend de l’aire d’alimentation, de la saison et de la disponibilité des proies. Pendant la période estivale, le petit rorqual passerait plus de la moitié de son temps à chasser et à s’alimenter. C’est un engouffreur qui se nourrit de crustacés planctoniques (krill), avec une préférence pour de petits poissons qui vivent en bancs (hareng, capelan, lançon). Un grand nombre d’individus fidèles reviennent chaque année, probablement liés à un territoire, se spécialisant dans certains types de manœuvres d’alimentation. Le petit rorqual est fréquemment observé en alimentation de surface où il effectue des manœuvres caractéristiques pendant lesquelles on peut voir sa gorge déployée à la peau rosée. Il nage selon des trajectoires en cercle, ellipse ou hyperbole pour piéger ses proies en se servant des courants, des parois rocheuses et parfois même de la coque des bateaux. Il bondit hors de l’eau et retombe bruyamment sur le ventre ou sur le côté (arcs ventraux et latéraux). L’équipe du Mériscope a même observé un petit rorqual qui se retournait subitement sur le dos, ses nageoires pectorales presque émergées, pour engouffrer les proies coincées entre son ventre et la surface de l’eau. Les manœuvres seraient choisies en fonction de la densité du banc de proies et même de l’espèce.

En surface

Généralement, il vient respirer en surface pour 2 à 3 respirations. Il arque fortement le dos avant de plonger vers les profondeurs et ne sort pas sa queue. Les petits rorquals peuvent effectuer des sauts (breach en anglais) à la verticale avant de retomber sur le ventre ou le dos. Des répétitions de plusieurs dizaines de sauts, avec des intervalles courts, sont régulièrement observées, laissant les observateurs pantois. Parfois, ils adoptent un comportement curieux avec les bateaux et surfent sur des grosses vagues dans leur sillage.

En plongée

Les comportements de plongée des petits rorquals ne sont peu documentés. Leurs plongées ne devraient pas excéder une centaine de mètres vers le fond, leurs proies évoluant près de la surface jusqu’à cette profondeur. Les temps de plongée sont généralement courts (2 à 3 min) mais peuvent atteindre une vingtaine de minutes.

Social

La structure sociale des petits rorquals est complexe en raison d’une ségrégation selon le sexe, l’âge et les conditions de reproduction. Dans l’Atlantique Nord, pendant l’été, les mâles migrent plus au nord en haute mer, les femelles préfèrent les eaux côtières plus au sud et les juvéniles se tiennent dans des latitudes encore plus basses. Ainsi, dans l’estuaire du Saint-Laurent, la majorité des petits rorquals sont des femelles. Ces animaux sont plutôt solitaires. Même dans des secteurs d’abondance de proies où une trentaine d’individus, voire une soixantaine, peuvent se concentrer, on n’observe pas d’associations stables. Ils peuvent s’associer en paire pendant une très courte période (de 2 à 4 séquences respiratoires).

Vocal

Le petit rorqual produit des sons de basse fréquence (de 80 à 200 Hz), son répertoire se composant de vocalises dont la fréquence est décroissante. Selon une étude, il pourrait utiliser des séries de clics de plus haute fréquence (7 500 Hz). Dans l’estuaire, le petit rorqual vocaliserait moins que le rorqual commun.

Reproduction

La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge de six ans pour les femelles et sept ans pour les mâles. L’accouplement a lieu entre octobre et mars. La gestation dure environ 10 mois et la mise bas a lieu de novembre à mars. La période d’allaitement dure 4 mois. Les paires mère/baleineau se dissocient dès le sevrage, généralement avant d’arriver sur les aires d’alimentation estivales. Ce lien entre mère et baleineau est le plus court parmi les mysticètes.

À propos de la recherche scientifique

Dans le Saint-Laurent, l’équipe d’ORES étudiait le comportement des petits rorquals et gèrait un catalogue d’environ 300 individus grâce à la photo-identification de leurs nageoires dorsales (formes et marques) et autres caractéristiques distinctives. Aujourd’hui, le Mériscope travaille sur les petits rorquals, notamment en photo-identification, en acoustique et en toxicologie. Sous certains aspects, le petit rorqual est encore mal connu, les recherches menées dans le Saint-Laurent se focalisant plutôt sur les espèces en péril.