De novembre à avril, les baleines noires de l’Atlantique Nord donnent naissance à leurs baleineaux dans les eaux chaudes de la Floride et de la Géorgie. En ce début de printemps, la saison de mise bas de cette espèce vulnérable touche bientôt à sa fin et, comme l’an dernier, elle a été bien remplie! Au total, 15 nouveaux petits ont été rapportés pour l’année 2022 en date du 28 mars. Combiné avec les 20 veaux comptabilisés en 2021, ce bilan est particulièrement encourageant et contraste avec le faible taux de natalité de l’espèce enregistré entre 2017 et 2020!

Pour célébrer l’occasion, Baleines en direct vous invite à aller à la rencontre des nouvelles paires mère-veau de l’année!

Les nouvelles mamans

La première baleine noire à avoir donné naissance lors de cette saison de mise bas n’est nulle autre que Slalom (#1245), une femelle âgée maintenant d’environ une quarantaine d’années. Elle est assez productive, puisqu’il s’agit de son sixième veau! La paire a été observée pour la première fois au large de Pawleys Island, en Caroline du Sud, le 24 novembre 2021.

À peine une semaine plus tard, soit le 2 décembre 2021, un autre baleineau a été repérée, cette fois à proximité de Cumberland Island, en Géorgie. La jeune mère, rapidement identifiée, est connue sous le nom de Snow Cone (#3560). Depuis maintenant un an, cette femelle de dix-sept ans nage dans l’océan, empêtrée dans des engins de pêche. Plusieurs opérations de sauvetage ont été lancées, aussi bien aux États-Unis qu’au Canada, pour les lui enlever, mais malgré les efforts déployés, quelques cordages demeurent. Malgré ce terrible handicap, Snow Cone et son veau semblent bien se porter. Les yeux restent toutefois rivés sur le duo, leur situation précaire étant sujette à une surveillance serrée.

Un autre carnet rose notable de l’année est celui du cinquième veau de la femelle Derecha (#2360), aperçu pour la première fois à l’entrée de la rivière St-Johns avec sa mère, en Floride le 18 décembre 2021. Cette naissance met du baume au cœur, considérant que Derecha a perdu son précédent veau, en janvier 2020, suite à une collision fatale avec un navire.

Naevus (#2040), la sœur de Slalom, figure elle aussi parmi les nouvelles mamans de cette saison! Comme son aînée, elle a aussi donné naissance à son sixième veau cette année, vu pour la première fois le 31 décembre 2021. Sept années se sont écoulées entre ce nouveau petit et le précédent, né en 2014.

Un autre veau d’intérêt particulier est celui de la mystérieuse #3220, repéré en Géorgie, près d’Ossabaw Island, le 6 janvier 2022. Il s’agirait du troisième veau de cette baleine furtive. Cette femelle n’est aperçue que de façon très sporadique : la dernière fois qu’elle a été observée, c’était en 2012! Où passe-t-elle ses étés et ses hivers? Les chercheurs, qui suivent de près la population, aimeraient bien le savoir. Espérons ne pas avoir à attendre une autre décennie avant de la revoir!

Fermons ce carnet rose en citant les autres mamans de la saison : Arpeggio (#2753), Silt (#1817), Braces (#3320), Tripelago (#2614), Half Note (#1301), #1515, #3157, #3430 et #4180.

Chaque veau compte

Un total de 15 naissances pourrait sembler peu pour une espèce entière. Cependant, il est estimé que les baleines noires de l’Atlantique Nord ne comptent aujourd’hui que moins de 350 individus au total. Ainsi, chacun de ces petits baleineaux est crucial pour la survie de l’espèce, qui traverse depuis 2017 un événement de mortalité exceptionnel.

Les risques principaux auxquelles les baleines noires font face sont les collisions avec les navires et les empêtrements dans les engins de pêche. Soulignons d’ailleurs que toutes les mamans de cette année ont déjà vécu des empêtrements au cours de leur vie. En parallèle, jusqu’à l’an dernier, le taux de natalité de ces géantes des mers était dangereusement faible depuis 2017. Mais ces deux années de naissances fructueuses sont une véritable note d’espoir pour les baleines noires de l’Atlantique Nord. Souhaitons longue vie à ces 15 bébés!

Actualité - 30/3/2022

Elisabeth Guillet Beaulieu

Elisabeth Guillet-Beaulieu a rejoint le GREMM en tant que rédactrice scientifique au début de l'automne 2021. Depuis toujours, elle est animée par un amour inépuisable de la biologie marine et des milieux aquatiques, amour qui se manifeste aujourd'hui dans la poursuite d'une carrière scientifique. Détentrice d'un baccalauréat en sciences biologiques, cette enthousiaste de l'environnement et de la conservation des milieux naturels a rejoint l'équipe de Baleines en direct dans l'espoir de partager sa passion contagieuse des mammifères marins tout en achevant sa maîtrise en environnement et développement durable.

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