Un jeune phoque de l’espèce phoque barbu est observé du 23 juin au 28 juin à Laval, à la marina BoBiNo. Cette espèce vit habituellement dans l’Arctique, mais l’équipe du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) reçoit chaque année des signalements d’individus de cette espèce dans le Saint-Laurent. Des phoques visitent la partie non salée du fleuve chaque année. Ce n’est donc pas le premier signalement d’un pinnipède dans la région métropolitaine en 2020.

Le phoque a été observé dans l’eau et hors de l’eau, se reposant sur le quai. Il est normal pour un phoque de sortir de l’eau pour se reposer. Il a aussi été vu en train de nager, un autre comportement normal pour un phoque.

Le phoque barbu n’a pas été revu depuis le 28 juin, bien qu’un suivi régulier auprès d’utilisateurs et d’employés de la marina ait été fait dans les semaines qui ont suivi la dernière observation. Il est raisonnable d’espérer qu’il soit reparti vers son habitat habituel. Il est cependant possible que le phoque se trouve toujours quelque part dans le fleuve Saint-Laurent.

Vous voyez ce phoque ou un autre dans un secteur inhabituel? Composez le 1 877 722-5346.

Détails sur ce cas.

Que fait le phoque ici?

Chez plusieurs espèces, des individus juvéniles explorent de nouveaux habitats. C’est un comportement naturel normal, mais qui place l’individu devant de nouveaux défis. Dans certains cas, le phoque peut aussi avoir une maladie ou une condition particulière qui affecte sa capacité de s’orienter.

Le phoque est-il en danger?

Un phoque, peu importe son espèce, n’est pas nécessairement en danger en étant en eau douce, hors de son habitat naturel. Il peut toutefois le devenir s’il se trouve harcelé par des humains ou si des embarcations s’approchent trop de lui.

Si vous voyez le phoque barbu ou n’importe quel autre phoque, la meilleure chose à faire pour l’aider est de garder vos distances. Il ne doit pas être repoussé à l’eau. Ainsi, le phoque pourra se reposer et reprendre les forces nécessaires pour entreprendre le voyage qui le ramènera vers son habitat naturel.

En plus d’être illégal, le fait d’essayer de nourrir un phoque peut grandement lui nuire. Même si l’intention est louable, vous risquez de le rendre malade, le tuer ou l’habituer à la présence des humains et le mettre encore plus à risque d’un incident. Le phoque peut se nourrir par lui-même et doit continuer à le faire.

Que fait-on pour aider le phoque?

Un jeune phoque de l’espèce phoque barbu est observé tous les jours entre le 23 et le 28 juin à Laval, à la marina BoBiNo.

Le signalement du phoque au 1 877 722-5346 permet à l’équipe du RQUMM d’avoir les données les plus à jour possible sur l’animal : sa localisation, son activité, etc.

Le 28 juin, l’équipe d’intervention du RQUMM et le vétérinaire spécialisé en mammifères marins de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, Stéphane Lair, se sont rendus à la marina BoBiNo pour évaluer l’état physique de ce phoque. Conclusion: l’animal, probablement une jeune femelle de deux ans, est en bonne santé. Mis à part son emplacement, rien d’inhabituel n’a été observé par rapport à son apparence ou à son comportement.

Les phoques barbus sont généralement solitaires et les chiots (les petits des phoques) sont séparés de leur mère une vingtaine de jours après leur naissance. Il est donc normal que cette jeune femelle soit seule.

L’équipe d’intervention a profité de son passage sur place pour effectuer de la sensibilisation auprès des plaisanciers sur les mesures de sécurité à prendre en présence d’un phoque.

Des photos et vidéos avaient été envoyées aux spécialistes des phoques de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal quelques jours auparavant. Des affiches de sensibilisation ont été installées à la marina BoBiNo et dans les environs. D’autres actions de sensibilisation des plaisanciers et des riverains sont effectuées

Si le séjour du phoque perdure, qu’il est fréquemment harcelé ou qu’il se met à s’approcher trop des embarcations en mouvement, il pourrait être envisagé de le déplacer. Toutefois, transporter un phoque de 2,1 à 2,7 mètres qui pèse entre 200 et 430 kilos n’est pas une intervention sans risque, ni pour les humains, ni pour le phoque. De plus, il arrive qu’un animal déplacé revienne à l’endroit d’où il a été amené par les humains en quelques jours, comme ce fut le cas avec un phoque barbu en 2008. Il a été capturé à Sillery et ramené dans l’estuaire, et a été revu quelques jours plus tard près de Québec.

Le mieux est donc d’offrir au phoque barbu tout l’espace et le calme nécessaire pour qu’il puisse repartir par lui-même au moment opportun pour lui.

Combien de temps pourrait durer son séjour?

C’est difficile à prédire. En 2013, un phoque barbu a été observé dans la rivière Saint-Maurice, près de Trois-Rivières, puis ailleurs dans le Saint-Laurent. Son état corporel démontrait qu’il se nourrissait bien. Le phoque barbu est finalement reparti par lui-même. Depuis, presque chaque année, un phoque barbu a été observé dans le secteur de Trois-Rivières. Dans ce cas-ci, il semblerait que le séjour du phoque à Laval a été de moins d’une semaine.

Vous observez un phoque? Voici quelques éléments à garder en tête.

  • Il est normal qu’un phoque sorte hors de l’eau. Ne tentez pas de le repousser à l’eau ni de l’arroser. Il n’en a pas besoin.
  • Gardez vos distances (au moins 50 mètres) pour que le phoque puisse se reposer et se déplacer sans entraves.
  • Il est illégal de manipuler un phoque, de le forcer à retourner à l’eau ou d’interagir avec lui d’une quelconque façon.
  • N’essayez pas de le nourrir. Sa survie dépend de sa capacité à s’alimenter par lui-même de proies fraiches.
  • Si vous êtes sur l’eau en bateau, soyez encore plus vigilant qu’à l’habitude pour éviter d’entrer en collision avec le phoque ou de trop l’approcher.
  • Attention! Un phoque peut se déplacer rapidement et être imprévisible. C’est un animal sauvage puissant qui peut mordre et transmettre des maladies.
  • Tenez les chiens en laisse. Un chien se promenant librement risque de s’approcher du phoque, ce qui augmentera son stress et provoquera des réactions d’agressivité qui pourrait blesser le phoque ou votre animal de compagnie. Les phoques et les chiens peuvent aussi se transmettre des maladies.

Le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins vous remercie pour votre collaboration!

Phoque barbu à laval, sur une plateforme flottante. Ses nageoires postérieures sont déployées
Le phoque barbu à Laval © Gremm
Tête de profil du phoque barbu à laval. En raison de l'angle, il semble sourire.
Le phoque barbu à Laval © Gremm
Phoque barbu sur une plateforme flottante à Laval. Il est de face, et son bon état de chair est particulièrement apparent.
Le phoque barbu à Laval © Gremm
Phoque barbu à laval sur une plateforme flottante. Il fait dos à la caméra et tourne sa tête pour regarder dans sa direction.
Le phoque barbu à Laval © Gremm
Tête de biais du phoque barbu qui est dans l'eau
Le phoque barbu à Laval © Gremm
Tête du phoque barbu à laval qui sort de l'eau, de face, alors qu'il se hisse sur une plateforme flottante
Le phoque barbu à Laval © Gremm
Phoque barbu à Laval sur une plateforme flottante. Sa poitrine et ses nageoires antérieures font face à la caméra, et sa tête est tournée vers sa gauche
Le phoque barbu à Laval © Gremm
Urgences Mammifères Marins - 25/6/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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