Serena
Béluga
Adopté par Jo-Ann Floridia
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Numéro d’identification
DL1050
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Sexe
Femelle
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Naissance
Avant 1965
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Connu depuis
1977
Ses traits distinctifs
Sa crête dorsale proéminente et grisâtre, ainsi que sa petite, mais profonde cicatrice sur le dessus de son flanc, au niveau du pédoncule, permettent d’identifier Serena. Elle a aussi une ligne grise sur le flanc droit sous la crête.
Son histoire
La première rencontre avec Serena remonte à l’été 1977. C’est l’équipe de Leone Pippard, pionnière de la recherche sur les bélugas du Saint-Laurent, qui l’avait alors photographiée à l’embouchure du Saguenay. Le changement de couleur chez les bélugas, soit le passage du gris au blanc, survient entre l’âge de 12 à 16 ans. Déjà toute blanche à l’époque, sa naissance remonterait donc avant 1965! Les bélugas peuvent vivre jusqu’à 60 et même 80 ans.
Sa taille et ses fréquentations nous laissent croire que Serena est une femelle. Dans l’aire de répartition estivale des bélugas, les femelles forment de grandes communautés dans lesquelles elles s’occupent des nouveau-nés et des jeunes. Ces communautés, en partie formées de lignées matriarcales, sont attachées à des territoires traditionnels et il y a peu d’échanges entre elles.
Serena fait partie de la communauté du Saguenay à laquelle appartiennent également ses compagnes DL0030, DL0246 et Slash (morte en 2013). Les associations entre femelles d’une même communauté ne sont toutefois pas stables. Elles pourraient varier selon l’état reproductif des femelles, si elles sont gestantes ou non ou accompagnées d’un jeune.
Serena demeure un mystère pour notre équipe, car depuis 1977, nous l’avons perdue de vue à deux reprises: de 1992 à 1998 et de 2006 à 2012. Peut-être parce qu’elle n’est pas si facile à reconnaître avec sa petite cicatrice sur le dessus de son flanc.
La suite de son histoire nous aidera à mieux comprendre la vie sociale et reproductive des bélugas. C’est en comprenant comment vivent les bélugas que nous serons en mesure de mieux les protéger.
Historique des observations dans l’estuaire
Années pendant lesquelles l’animal n’a pas été observé Années pendant lesquelles l’animal a été observé
Dernières nouvelles
Serena se trouve parmi une vingtaine d’animaux, tout près de l’anse Saint-Étienne dans le fjord du Saguenay. Il y a une importante couverture nuageuse, mais la visibilité est excellente. Le troupeau est composé de bélugas adultes et de jeunes, dont quatre nouveau-nés. DL1050 nage en compagnie de deux femelles bien connues de l’équipe terrain, Céline et Athéna. Ils se dirigent tranquillement vers la baie Sainte-Marguerite, qui est souvent la destination finale des troupeaux qui remontent le fjord du Saguenay. Aujourd’hui encore, on ignore pourquoi les bélugas affectionnent particulièrement cette baie. Lorsqu’ils atteignent la baie, ils y restent parfois plusieurs heures, à tourner en rond.
Nous sommes à l’embouchure du Saguenay près de la pointe Rouge. Serena nage en file indienne parmi une cinquantaine d’individus, dont sa fidèle compagne Amalena. Serena et Amalena ont pourtant une différence d’âge de plus de 25 ans, mais nous les voyons régulièrement ensemble. Si nous avons un jour les biopsies des deux femelles, peut-être verrons-nous un lien génétique entre elles?
Le troupeau comprend des adultes et des jeunes. Il longe la côte et se dirige tranquillement vers l’amont du fjord du Saguenay. Aujourd’hui, nous effectuons plusieurs vidéos à l’aide d’un drone. En collaboration avec une chercheure d’Ocean Wise, nous réalisons un projet pilote pour évaluer l’effet du bruit sur la communication entre les mères et les nouveau-nés. Nous aurons donc possiblement des vidéos de quelques minutes d’Amalena, Serena, Blanche, Céline et de son petit. Il ne nous reste qu’à apprendre à reconnaitre les bélugas vus des airs!
Le Bleuvet, le bateau de recherche du GREMM, se trouve au large de l’ile Rouge. Nous observons un troupeau d’une trentaine de bélugas, composé d’adultes, de jeunes et d’un nouveau-né. Près d’eux nagent aussi quatre phoques. Serena nage en compagnie de trois autres bélugas et d’un jeune béluga gris. Nous reconnaissons ailleurs dans le troupeau la femelle Pacalou et le mâle GraCy. Surprise! Nous voyons apparaitre à la surface des fèces. Si pour la plupart des gens, les excréments sont répugnants, pour les chercheurs, il s’agit d’une matière pleine de données. Est-ce Serena qui les a produits? Nous ne pouvons le confirmer.
Nous sommes à l’embouchure du Saguenay. Serena nage en compagnie de Vita, un mâle qui sillonne régulièrement le Saguenay. Les deux se trouvent dans un troupeau, composé d’une trentaine d’adultes, de jeunes et d’un veau et ils pourchassent des proies coincées dans la barre de courant.
L’embouchure du Saguenay est une zone de rencontre! Les réseaux de mâles bélugas y croisent les réseaux de femelles avec les jeunes. De grands troupeaux s’y forment, de façon éphémère, en raison de l’abondance de nourriture. C’est aussi le lieu de rencontre entre les eaux salées de l’estuaire maritime et les eaux saumâtres du Saguenay. La topographie, les courants, les marées et les caractéristiques des masses d’eau qui se rencontrent créent des conditions océanographiques très particulières qui piègent les proies attirant les prédateurs comme les bélugas.
Le parrain
Jo-Ann Floridia a adopté Serena (2017).