Aquabelle
Béluga
Adopté par l'Aquarium du Québec
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Numéro d’identification
DL1396
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Sexe
Présumée femelle
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Naissance
Vers 1990
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Connu depuis
1998
Ses traits distinctifs
Aquabelle se reconnait tout d’abord grâce à l’entaille qui forme un angle droit à la fin de sa crête dorsale peu proéminente. En regardant attentivement, on note une petite ligne grise sur le flanc droit en bas de la crête.
Son histoire
Notre première rencontre avec Aquabelle remonte à 1998. À l’époque, elle était légèrement grise. Elle est devenue blanche autour de 2006. Toutefois, sa crête dorsale est restée noire. Le changement de couleur chez les bélugas, soit le passage du gris au blanc, survient entre l’âge de 12 à 16 ans. Aquabelle est donc née vers 1990.
Sa petite taille, ses habitudes et sa présence exclusivement dans les troupeaux d’adultes et de jeunes nous laissent croire qu’Aquabelle est une femelle de la communauté du Saguenay. Elle a été régulièrement vue en compagnie de Slash et Griffon, également des femelles de la communauté du Saguenay.
Dans l’aire de répartition estivale, les femelles forment de grandes communautés dans lesquelles elles s’occupent des nouveau-nés et des jeunes. Ces communautés sont attachées à des territoires traditionnels. Les associations entre femelles d’une même communauté ne sont généralement pas stables et pourraient varier selon l’état reproductif des femelles, par exemple si elles sont gestantes ou accompagnées d’un jeune.
Aquabelle a été régulièrement observée avec de très jeunes bélugas et au moins une fois, en 2001, accompagnée d’un veau. Nos observations ne nous ont toutefois pas encore permis d’établir avec certitude s’il s’agissait de ses propres jeunes. C’est l’analyse plus poussée des données qui nous permettra de faire la lumière sur sa reproductivité.
La suite de l’histoire d’Aquabelle nous aidera à mieux comprendre la vie sociale et la vie reproductive des bélugas. C’est en comprenant comment vivent les bélugas que nous serons en mesure de mieux les protéger.
Historique des observations dans l’estuaire
Années pendant lesquelles l’animal n’a pas été observé Années pendant lesquelles l’animal a été observé
Dernières nouvelles
Si nous croisons habituellement Aquabelle du côté du Saguenay et de son embouchure, nous la photographions cette fois-ci près de la rive sud du Saint-Laurent, non loin de l’ile aux Basques. Elle se trouve dans un troupeau de trente à quarante bélugas, composé majoritairement de bélugas encore gris, donc assez jeune. Les bélugas nagent paisiblement. Sont-ils en visite? Ont-ils suivi des proies plus loin qu’à l’habitude? Les bélugas ont encore bien des mystères à éclaircir pour nous!
Suivre les bélugas à partir d’une tour demande d’avoir des yeux tout le tour de la tête! Nous sommes fixes, tandis qu’eux bougent. Grâce à son drone, une assistante peut suivre le mouvement d’un petit groupe, mais certains individus se faufilent au même moment hors de notre vue. C’est ce qui s’est passé alors que nous célébrions le fait d’avoir un troupeau de 30 à 50 bélugas à proximité. Parmi eux, de nombreux jeunes et des nouveau-nés. Le troupeau est séparé en petits groupes. Nous notons la présence de Yogi, de Blanchon et d’Aquabelle, trois femelles souvent observées ensemble. Dans notre hydrophone, un son s’amplifie : un cargo approche. C’est avec surprise que nous voyons finalement deux cargos arriver, un vers l’amont, l’autre vers l’aval du Saguenay. Dans les minutes qui ont suivi, les bélugas ont disparu de la baie Sainte-Marguerite. Nous n’avons pas pu photographier tous les individus avant qu’ils ne s’éloignent. Patiemment, nous apprenons à mieux connaitre la vie et les fréquentations d’Aquabelle.
À peine avons-nous quitté le quai de Tadoussac à bord du Bleuvet qu’un fort vent du nord-ouest se lève. Rendus à l’embouchure du Saguenay, nous observons un troupeau d’environ 60 animaux, composé d’adultes, de jeunes et de quatre nouveau-nés. Aquabelle nage avec quatre autres adultes. Près d’eux se trouve un autre groupe de huit individus de bonne carrure, probablement des mâles. Une partie du troupeau se dirige avec vigueur vers la côte de Charlevoix. L’équipe à bord se positionne pour tenter de prélever une biopsie sur un animal. La fléchette est envoyée, mais rate sa cible. Ce sera pour une autre fois!
Cet été, nous avons croisé la route d’Aquabelle au moins à deux reprises. Lors de ces rencontres, elle se tenait à proximité de nouveau-nés, mais nos observations ne nous ont pas encore permis de confirmer que l’un de ces jeunes était bel et bien le sien. Voici le récit de l’une de ces rencontres.
Le 9 septembre 2015, Aquabelle est dans un troupeau de six individus, trois adultes et trois jeunes, tout près de la pointe Rouge, à l’embouchure du fjord du Saguenay. Elle et ses comparses nagent côte à côte de manière très synchronisée. Nous tentons une biopsie sur l’un des individus du troupeau. Ce petit morceau de peau et de gras nous permettra d’en apprendre plus sur cet animal dont ses «secrets» génétiques et peut-être même ses liens familiaux avec Aquabelle! La collecte d’une biopsie sur une cible mouvante n’est pas une mince tâche. Avec la pratique, nous avons atteint un taux de succès de plus de 80%. C’est pourquoi lorsque nous réussissons à toucher la cible, la satisfaction à bord du bateau est palpable!
Le 26 aout 2013, nous ciblons le Saguenay comme lieu de travail étant donné que la brume et le vent sont bien présents dans l’estuaire. Une quarantaine de bélugas, dont Aquabelle, sont dans la baie Sainte-Marguerite. Parmi eux, une quinzaine d’animaux, des jeunes et des adultes, sont immobiles à la surface de l’eau, en pleine séance de «billotage». Une heure plus tard, le groupe, auquel se sont ajoutés des jeunes et six veaux, devient très actif. Des nageoires pectorales sortent hors de l’eau. Les animaux se déplacent rapidement. Juste avant de quitter le secteur, nous réussissons à prélever une biopsie sur l’un des bélugas.