Depuis plus d’une semaine, Pêches et Océans Canada (MPO) s’efforce de localiser une baleine noire de l’Atlantique Nord qui a été repérée empêtrée dans des engins de pêche, le 19 mai 2022, à l’est de Gaspé. Malheureusement, à l’heure où nous publions, il n’y a eu aucune nouvelle observation de cet animal en difficulté.

Sixième empêtrement pour « Sundog »

Grâce aux photographies aériennes prises au moment de son observation, la baleine a pu être identifiée. Il s’agit d’une femelle de 14 ans, #3823 au catalogue de son espèce, aussi baptisée « Sundog ». Les chercheurs du New England Aquarium, qui la suivent depuis sa naissance en 2008, précisent que cette jeune baleine a déjà connu pas moins de cinq empêtrements au cours de ses déplacements.

Avant d’être aperçue trainant des cordages dans les eaux canadiennes, Sundog avait été vue pour la dernière fois le 11 mars 2022, près de Cape Cod, dans le Massachusetts, aux États-Unis. Elle nageait alors librement. Où s’est-elle empêtrée? Impossible à dire pour le moment. «Nous ignorons encore dans quel type d’engin de pêche la baleine est empêtrée, et d’où provient l’engin», a précisé le MPO dans un communiqué.

Depuis jeudi dernier, des survols aériens ont lieu dans le golfe du Saint-Laurent pour retrouver la baleine et les équipes d’intervention destinées à porter secours à l’animal sont actuellement mobilisées. Si la baleine en difficulté est localisée et que les conditions météorologiques le permettent, il est prévu de tenter un désempêtrement.

Une précieuse femelle

À 14 ans, Sundog n’a encore jamais été aperçue avec un veau, néanmoins son statut de future reproductrice potentielle la rend particulièrement précieuse pour l’espèce. La baleine noire de l’Atlantique Nord compte parmi les espèces les plus vulnérables de la planète : on estime leur population à moins de 360 individus.

Depuis 2017, cette espèce fait l’objet d’un évènement de mortalité exceptionnel, avec 34 décès rapportés en 6 ans. L’origine de cette surmortalité est notamment due à un changement migratoire : depuis une décennie, les baleines noires de l’Atlantique Nord s’aventurent hors de leurs aires d’alimentation estivales traditionnelles situées dans le golfe du Maine et la baie de Fundy. Elles fréquentent ainsi de plus en plus le golfe du Saint-Laurent où elles sont confrontées à de nouveaux dangers.

Depuis 2017, cette espèce fait l’objet d’un évènement de mortalité exceptionnel, avec 34 décès rapportés en 6 ans. L’origine de cette surmortalité est notamment due à un changement migratoire : depuis une décennie, les baleines noires de l’Atlantique Nord s’aventurent hors de leurs aires d’alimentation estivales traditionnelles situées dans le golfe du Maine et la baie de Fundy. Elles fréquentent ainsi de plus en plus le golfe du Saint-Laurent où elles sont confrontées à de nouveaux dangers.

Les causes de décès principales pour ces baleines, qui vivent le long des côtes étasuniennes et canadiennes, sont les empêtrements dans des engins de pêche et les collisions avec des navires. On estime que 80% des baleines noires vivent au moins un empêtrement au cours de leur vie. Les empêtrements, par leur impact énergétique, sont aussi responsables d’une faible natalité au sein de l’espèce : seuls 15 veaux ont été recensés lors de la dernière saison de reproduction.

Sous surveillance !

Face à ce constat, d’importants efforts sont déployés chaque été pour protéger les baleines noires de l’Atlantique Nord présentes dans le golfe du Saint-Laurent. Cette année encore, plusieurs règlements, tels que l’imposition de limites de vitesse pour les navires ou bien la fermeture de certaines zones de pêche saisonnières, ont été reconduits. Afin de détecter la présence des baleines noires, un important ensemble de dispositifs est en place, comprenant des bouées équipées d’hydrophones, des planeurs sous-marins et des survols aériens.

Actualité - 26/5/2022

Laure Marandet

Laure Marandet est rédactrice pour le GREMM depuis l'hiver 2020. Persuadée que la conservation des espèces passe par une meilleure connaissance du grand public, elle pratique avec passion la vulgarisation scientifique depuis plus de 15 ans. Ses armes: une double formation de biologiste et de journaliste, une insatiable curiosité, un amour d'enfant pour le monde animal, et la patience nécessaire pour ciseler des textes à la fois clairs et précis.

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