Depuis le 23 avril, un béluga qu’on pourrait qualifier de «retardataire» a été observé autour de la péninsule gaspésienne. Le béluga est toujours dans son aire de répartition annuelle. Malgré tout, sa présence à cette période de l’année dans la baie de Gaspé et ensuite dans l’estuaire maritime du Saint-Laurent dénote qu’il n’aurait pas suivi ses congénères lors du début de la migration vers l’estuaire moyen.

Le béluga a été observé pour la première fois à l’Anse-à-Brillant le 23 avril puis le 2 mai au quai de Sandy Beach, où il est resté quelques jours. Il a continué son périple vers l’estuaire en faisant une halte au quai de Cloridorme. Il a par la suite été vu à Saint-Maxime-du-Mont-Louis ainsi qu’à Marsoui. En date du 23 mai, un béluga se trouvait au quai des Méchins. Des photos laissent croire que ce serait le même individu.

S’il s’agit bien du même individu, il aurait déjà parcouru près de la moitié de sa route en direction de son aire de répartition estivale, où devraient se trouver la plupart des bélugas.

Des bénévoles du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) procèdent à une vigie afin de documenter la progression du béluga et de s’assurer de sensibiliser le public à la présence du béluga.

Une présence potentiellement problématique

Les bélugas sont sociaux et, lorsqu’ils sont séparés de leur groupe, ils sont parfois enclins à chercher la compagnie de bateaux ou même d’humains. Ils auront tendance à fréquenter des ports ou des quais de pêche, comme c’est le cas actuellement. Ces interactions pourraient être une façon de compenser les liens sociaux qu’il aurait parmi d’autres bélugas. Cependant s’il perd la notion du danger autour des navires, il pourrait être victime d’une blessure causée par une collision ou par une hélice de moteur. De plus, en développant des routines, ils risquent de s’attacher à la zone et de ne pas poursuivre son chemin.

Pour cette raison, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins rappelle les bonnes pratiques à adopter devant un béluga hors de son secteur habituel.

+ N’essayez pas d’attirer l’attention du béluga en jetant un « jouet » (rame, corde, bouée, seau, etc.) à proximité de l’animal.

+ Si le béluga est très près de vous, ne tentez pas de le toucher ou de l’attraper.

+ N’essayez pas de nourrir le béluga. Sa survie dépend de sa capacité à capturer de la nourriture fraiche et vivante.

+ Lorsque vous naviguez dans un secteur fréquenté par le béluga, ralentissez et évitez de faire des changements brusques de vitesse ou de direction. Si le béluga approche votre bateau, continuez votre route à basse vitesse jusqu’à ce que vous ayez atteint plus de 100 m.

Depuis juillet 2018, une nouvelle règlementation a été mise en place afin d’établir une distance minimale de 100 m à respecter avec les mammifères marins dans le golfe du Saint-Laurent. Cette distance est étendue à 400m au niveau de l’estuaire du Saint-Laurent, pour les espèces répertoriées dans la loi des espèces en péril.

Un air de déjà vu!

Chaque année le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) reçoit des signalements pour des bélugas observés, seul ou en petits groupes, dans des zones peu habituelles. L’exemple de ce béluga observé maintenant aux Méchins n’est pas sans rappeler le cas de deux jeunes bélugas qui avaient suivi un parcours similaire en 2011. Observés dans la baie de Gaspé en juillet, ils avaient été revus deux mois plus tard près de Tadoussac, dans les limites de leur aire habituelle. Notre expérience avec ces bélugas nous porte à croire que leurs chances de retrouver les leurs sont meilleures s’ils ne développent pas d’intérêt ou de routines avec les humains et les bateaux. C’est pourquoi il est important de ne pas approcher ces retardataires et d’éviter de rechercher ou encourager toutes interactions.

Urgences Mammifères Marins - 23/5/2019

Anthony François

Anthony François est responsable du programme d’intervention d’urgences pour les mammifères marins. Il est arrivé au GREMM en 2017, comme répondant au Centre d'appels d'urgences pour les mammifères marins et comme assistant de recherche. Biochimiste et biologiste de formation, il réalise l’importance de la vulgarisation scientifique et de la sensibilisation du public au cours de sa maitrise.

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