Lorsqu’on parle du Saint-Laurent, on entend souvent les termes « estuaire » et « golfe ». Que veulent-ils dire? Où se termine donc l’estuaire et où commence le golfe?

Le fleuve Saint-Laurent prend sa source dans les Grands Lacs à la frontière du Canada et des États-Unis. Ses 2 000 km (excluant les Grands Lacs) se divisent en trois secteurs : le fluvial, l’estuaire et le golfe. À lui seul, le fleuve recueille 1 % de l’eau de pluie qui tombe sur la planète. Les marées commencent à se faire sentir dès le lac Saint-Pierre, peu avant Trois-Rivières.

L’estuaire moyen commence à la hauteur de l’Ile d’Orléans, là où l’eau salée de l’océan se mélange avec l’eau douce du fleuve. La densité de l’eau salée n’étant pas la même que celle de l’eau douce, il se crée deux couches d’eau. L’eau trouve sa pleine salinité à la tête du chenal Laurentien, à la hauteur de Tadoussac.

La brusque élévation du fond marin du chenal produit d’importantes remontées d’eaux profondes fraiches et salées qui se mélangent aux eaux de surface plus tempérées et moins salées. Entrainées à contrecourant depuis l’Atlantique vers le golfe du Saint-Laurent, les eaux profondes salées sont poussées en surface par le courant de Gaspé, avec l’influence des marées. Ce phénomène s’appelle « upwelling ». Il en résulte une vie marine très active. L’estuaire du Saint-Laurent est parmi les plus grands et plus profonds de la planète.

Le golfe commence à Pointe-des-Monts, là où le fleuve s’élargit en une mer intérieure qui s’ouvre sur l’Atlantique par les détroits de Cabot, au sud de l’ile de Terre-Neuve, et de Belle-Isle, au nord de Terre-Neuve.

Est-ce que certaines baleines sont plus à même de vivre dans l’estuaire ou dans le golfe?

Plusieurs facteurs participent à la réponse, mais un prédomine : l’alimentation. À part les bélugas, qui sont résidents du Saint-Laurent, les baleines visitent le golfe et l’estuaire. Elles y viennent pour suivre leurs proies de prédilection et surtout, pour trouver des concentrations importantes de nourriture. Lieu foisonnant de baleines, l’estuaire, par ses marées, la rencontre des courants et la bathymétrie (le relief sous-marin) le long de la côte Nord, regorge de krill et de capelan, des proies adorées par les rorquals.

Les cachalots profitent des grandes profondeurs du chenal Laurentien pour trouver des calmars de taille moyenne, une de leurs proies favorites.

Pour leur part, les bélugas restent surtout dans l’estuaire, à longueur d’année. L’hiver, la couverture de glace y est plus importante que dans le golfe et les protège d’une mer trop agitée par les conditions hivernales. Toutefois, dans certains secteurs de l’aval de l’estuaire, comme à Tadoussac, se crée une polynie (une absence de glace) causée par la remontée d’eaux plus chaudes.

D’autres espèces préfèrent le golfe, comme le dauphin à flancs blancs de l’Atlantique. Habitué des eaux du large, le dauphin à flancs blancs se groupe parfois en troupeaux regroupant des milliers d’individus. Néanmoins, il visite de temps à autre l’estuaire.

Les baleines en questions - 6/4/2017

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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