L’équipe du 1-877-7baleine a déployé beaucoup d’énergie pour la 12e année afin de traiter pas moins de 410 appels de citoyens qui ont rapporté des mammifères marins morts ou en difficulté. Au total, 164 cas de phoques et de baleines ont été traités, dont une grande majorité des carcasses trouvées échouées sur le littoral du Saint-Laurent ou à la dérive dans les eaux de l’estuaire et du golfe. Plusieurs cas de phoques vivants dérangés par les riverains ont aussi été recensés.

Une diversité d’espèces, de menaces et de projets scientifiques

Le Saint-Laurent est un écosystème riche qui accueille plus d’une quinzaine d’espèces de mammifères marins, sans compter les espèces rares qui font parfois des incursions dans nos eaux. Urgences Mammifères Marins a traité des cas impliquant différentes espèces de phoques jeunes et adultes, des marsouins communs, des dauphins à flancs blancs, des bélugas, des petits rorquals (19 au total) et même des grands rorquals.

Situation rarissime, un jeune rorqual bleu a été aperçu mort au large de la Gaspésie cet automne et un autre rorqual bleu a été impliqué dans une collision avec une embarcation, une histoire exceptionnelle qui a fait couler beaucoup d’encre cet été.

Les mortalités de bélugas ont aussi interpelé les chercheurs qui mènent leur investigation sur la « série noire » qui se poursuit. Pas moins de 16 carcasses ont été étudiées cette année, dont 9 adultes et 4 nouveau-nés, pratiquement toutes des femelles. On se souviendra du cas de cette femelle naissante retrouvée échouée vivante le 30 juin à Rivière-du-Loup et remise à l’eau par l’équipe du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), une histoire dont la fin demeure toujours inconnue.

Les menaces qui pèsent sur les mammifères marins sont aussi diversifiées: prises accidentelles, dérangement, collision, contamination de l’habitat, toutes sont étudiées par la douzaine de partenaires impliqués dans le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins. Le vétérinaire Stéphane Lair de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal étudie l’état de santé des bélugas, un programme qui se poursuit depuis plus de 30 ans.

Les chercheurs de Pêches et Océans Canada, quant à eux, se penchent avec leurs collaborateurs sur les contaminants accumulés dans les tissus des rorquals et sur les causes de mortalités d’espèces en péril. Quant aux phoques, chaque carcasse est documentée dans le but d’identifier l’espèce, l’âge et si possible, la cause de mortalité la plus probable, une tâche.

D’autres espèces moins communes ont été signalées au Centre d’appels du 1-877-7baleine, notamment des poissons-lunes, une tortue luth, un phoque barbu et des baleines noires de l’Atlantique Nord observées dans des secteurs qu’elles n’ont pas l’habitude de fréquenter. La vigilance a été à son maximum sur la Basse-Côte-Nord cet été, où la Station de recherche des Îles Mingan (MICS) a enregistré leur présence quasi tout l’été et parfois près d’une dizaine d’individus dans un même secteur. Ces baleines lentes qui restent à fleur d’eau sont susceptibles d’être victimes de collision, particulièrement lorsqu’elles nagent au cœur de la voie maritime. Des avis aux navigateurs de la marine marchande ont d’ailleurs été diffusés.

Un réseau de bénévoles dévoués

Chaque appel placé au 1-877-7baleine est important et traité rigoureusement dans les meilleurs délais possible. Dans chaque cas, la première réponse sur le terrain sera assurée par un des 125 bénévoles inscrits volontairement au Réseau. Depuis 2012, Urgences Mammifères Marins recrute des riverains afin d’élargir la portée de ses interventions le long du Saint-Laurent. Certains bénévoles sont impliqués depuis les tous débuts du réseau, et bien souvent, ils ont choisi de s’impliquer après avoir été témoin eux-mêmes d’un incident impliquant un mammifère marin. Lors de l’échouage d’un globicéphale noir vivant cet été, une espèce de dauphin d’environ cinq mètres de long, c’est un des bénévoles qui a coordonné la tentative de remise et l’eau, intervention dans laquelle une dizaine de bénévoles étaient d’ailleurs impliqués.

Puis, en octobre, un rorqual à bosse s’est aventuré dans la baie de Gaspé près d’une ferme d’élevage de moules. Comme un petit rorqual s’y était empêtré quelques semaines plus tôt, Urgences Mammifères Marins a mis en place, avec la collaboration de bénévoles, une vigie afin de suivre les déplacements de la baleine et d’être prêts à intervenir rapidement si la baleine se trouvait dans une fâcheuse position.

L’implication des gens dans cette science citoyenne est souvent impressionnante. Des Anticostiens se sont rapidement mobilisés lorsque trois dauphins à flancs blancs se sont échoués vivant sur les côtes de l’île. Le lendemain, ils étaient toujours au poste, ramassant les carcasses des cétacés qui n’avaient pas pu retourner au large. Au total, ce sont 283 interventions qui ont été faites en 2016, la majorité par des bénévoles dévoués qui investissent des centaines d’heures par saison.

Contribuez au projet

Urgences Mammifères Marins est actuellement en période de recrutement. Le taux de renouvellement des anciens bénévoles est d’au-delà de 90%, mais le Réseau cherche à assurer une meilleure couverture de son large territoire chaque année. Les besoins sont élevés dans les secteurs où les mammifères marins abondent et où les plages sont vastes, soit sur la Côte-Nord (particulièrement loin des grands centres), dans la baie des Chaleurs en Gaspésie ainsi que le long du Bas-Saint-Laurent et aux îles de la Madeleine. Vous êtes disponibles et motivés? Joignez l’équipe de bénévoles d’Urgences Mammifères Marins et contribuez au projet dès le printemps!

Pour en savoir plus:

Jeune phoque dérangé à Cap-aux-Os: quoi retenir?

Des petits rorquals morts et empêtrés

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Urgences Mammifères Marins - 20/12/2016

Josiane Cabana

Josiane Cabana a été directrice du Centre d’appels du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins de 2011 à 2018. Entre les cas de mammifères marins morts ou en difficulté auxquels elle répond, elle aime prendre le temps de sensibiliser les riverains aux menaces qui pèsent sur ces animaux. Biologiste de formation, elle s’implique au sein du GREMM depuis plus de 15 ans, toujours avec la même passion!

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