Cet été encore, la baie Sainte-Marguerite sera fermée à la navigation du 21 juin au 21 septembre 2020.

Depuis 2018, la navigation est complètement interdite dans la baie Sainte-Marguerite durant l’été pour toutes les embarcations, excepté pour les kayaks, les canots et les bateaux de pêcheurs récréatifs sous certaines conditions. Dans la zone du Saguenay qui fait face à la baie, il est fortement recommandé de circuler à une vitesse comprise entre cinq et dix nœuds et il est interdit de s’arrêter.

Cette mesure vise à réduire le bruit, le dérangement et les risques de collision pour les bélugas qui fréquentent le secteur à cette période de l’année pour s’alimenter, pour socialiser et pour se reposer. Les femelles y prodiguent aussi des soins à leur veau.

Les femelles et les veaux sont surreprésentés dans les bilans de mortalité depuis le début des années 2000. La pollution sonore produite par les bateaux et le dérangement lié à la présence des embarcations pourraient être en partie responsables de cette tendance.

En effet, l’ouïe occupe une place prépondérante dans la vie des bélugas et des odontocètes (les baleines à dents) en général. Les sons qu’ils émettent, reçoivent et interprètent leur sont essentiels tant lors de la chasse que pour s’orienter ou pour communiquer entre eux.

Les navires interfèrent avec chacun de ces comportements en raison des bruits qu’ils produisent. Selon plusieurs experts, ces interférences causeraient un stress qui aurait pour effet à long terme de détériorer la santé générale des bélugas. La présence des embarcations, même lorsqu’elle est relativement silencieuse, peut également détourner les bélugas de leurs activités essentielles.

Cependant, cette interférence serait particulièrement dangereuse pour les jeunes veaux.

Un danger accru pour les veaux?

Dans un environnement comme le Saguenay ou le Saint-Laurent où la vue est très limitée, le lien entre une mère et son veau est principalement maintenu grâce aux sons produits, puis entendus par l’un et par l’autre. Une mère béluga doit se fier aux faibles babillages de son petit pour le localiser ou doit maintenir un contact physique.

Or, le passage d’un navire couvre les faibles sons produits par les nouveau-nés comme il peut forcer les adultes à interrompre leurs communications. La durée d’interruption imposée par le passage bruyant d’un navire pourrait dans certains cas être suffisante pour qu’une mère perde la trace de son petit, parfois de façon définitive.

Selon un rapport publié en 2017 par Parcs Canada, plus de 90% des troupeaux nageant dans la baie Sainte-Marguerite étaient constitués d’adultes et de jeunes, et près de 50% étaient constitués d’adultes, de jeunes et de veaux, d’où l’intérêt de protéger cette zone.

Le stress causé par la pollution sonore pourrait être en partie responsable de l’augmentation des complications lors des mises bas chez les bélugas. Chaque effort pour diminuer le dérangement des bélugas peut donc aider.

Actualité - 10/8/2020

Florence Amégan

Florence Amégan est répondante au centre d’appels pour Urgences mammifères marins et rédactrice pour Baleines en direct depuis l’été 2020. Diplômée au programme Sciences, lettres et arts, elle est fascinée depuis qu’elle est haute comme trois pommes par les interactions qu’ont les baleines, tant entre elles qu’avec leur milieu.

Articles recommandés

La migration hivernale des rorquals communs

Chaque été, les rorquals communs viennent dans les eaux productives du Saint-Laurent pour s’alimenter, avant de repartir à la fin…

|Actualité 22/7/2024

5 actions pour aider les bélugas du Saint-Laurent

En voie de disparition, le béluga du Saint-Laurent a besoin de votre contribution pour se rétablir. Depuis plusieurs années, le…

|Actualité 18/7/2024

Les cétacés: les nouvelles vedettes de la recherche sur le rythme vocal

Les cétacés pourraient être les nouvelles vedettes des recherches sur le rythme vocal. Une étude récente indique quatre raisons pour…

|Actualité 3/7/2024