Quatre espèces de phoque ont été observées à plusieurs centaines de kilomètres de leur milieu de vie habituel, dans la région métropolitaine de Montréal en 2020. Bien que de tels déplacements soient hors du comportement habituel de ces animaux, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) reçoit chaque année plusieurs signalements concernant des phoques s’étant aventurés par-delà l’estuaire du fleuve Saint-Laurent. «Malgré l’attention médiatique importante accordée à ces cas, ils ne sortent pas de l’ordinaire si on les compare à ceux d’autres années», selon Robert Michaud, coordonnateur du RQUMM. Retour et contexte sur ces cas de pinnipèdes hors de leur secteur habituel.

Les phoques urbains de 2020

L’année 2020 a commencé avec le signalement d’un phoque commun près de Verdun, Montréal. Un autre signalement pour un phoque commun, cette fois à Saint-Jean-sur-Richelieu, est parvenu au Réseau en février. Dans ces deux cas, les phoques sont repartis par eux-mêmes.

Un phoque barbu en bon état de chair avait été observé en juin dans une marina à Laval. Puis, au bout de quelques jours, le phoque n’a plus été revu.

Le 24 juillet, un jeune phoque à capuchon surprend les responsables du port de plaisance La Ronde, à Montréal. Les premières photos et vidéos de l’animal montraient un jeune individu âgé de quelques mois, en santé. Toutefois, au bout de deux semaines, le comportement de l’animal s’est mis à changer. Il s’est mis à passer plus de temps hors de l’eau, à perdre rapidement du poids, puis à avoir des écoulements au niveau des yeux. Sa présence sur le ponton ou la rampe de mise à l’eau le rendait plus à risque d’un incident. De plus, les humains ayant à passer à proximité de lui plus souvent étaient plus à risque d’une attaque ou d’une morsure. Le 12 aout, une équipe de vétérinaire de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal examine le phoque à capuchon. Son état de santé amène les vétérinaires à abréger ses souffrances en l’euthanasiant.

Le 12 aout, un deuxième jeune phoque à capuchon est observé à Saint-Ours, dans la rivière Richelieu. Selon les vétérinaires consultés, l’animal semble en bonne santé et en bon état de chair. Il est encore observé à l’occasion dans le secteur de Sorel-Tracy au moment de publier ce texte.

Qu’est-ce qui amène les phoques en région métropolitaine?

Souvent, ce sont de jeunes individus qui sont retrouvés en eau douce, loin de leur habitat naturel. Plusieurs pistes peuvent expliquer leur présence, et il est possible que ce soit une combinaison de facteurs. S’agit-il d’un comportement exploratoire motivé par la curiosité? Est-ce le résultat d’une recherche de nouveaux territoires en raison d’une augmentation de la population ou d’une diminution des stocks de nourriture? Ou l’escapade est-elle plutôt due à une maladie ayant pour effet de désorienter le phoque? Dans tous les cas, les phoques cessent généralement d’être observés au bout de quelques jours, voire semaines sans qu’une carcasse soit retrouvée par la suite. On peut donc supposer que plusieurs de ces animaux repartent vers leur habitat naturel.

Pourquoi signaler un phoque hors de son secteur habituel?

Les signalements permettent aux répondants de faire de la sensibilisation ciblée pour assurer une cohabitation harmonieuse entre le phoque vagabond et les gens susceptibles de le croiser. En effet, le principal danger auquel font face ces phoques est la présence des humains et leurs activités.

Soit, ces animaux sont assez bien adaptés à l’eau douce. Mais comme ils se retrouvent dans un environnement complètement différent de celui auquel ils sont habitués, il est important de les signaler au RQUMM, pour qu’un suivi de leur état de santé soit effectué. Dans certains cas, le phoque peut être déplacé.

Finalement, Les signalements permettent également au RQUMM de faire un suivi à travers le temps des nombres de phoques observés hors de leur secteur habituel. On peut ainsi remarquer si un nombre anormalement élevé de pinnipèdes hors de leur secteur habituel est observé ou mesurer une différence dans la présence de certaines espèces.

Bien cohabiter avec ces visiteurs occasionnels dans les grandes villes du Québec

  • Il est normal qu’un phoque sorte hors de l’eau. Ne tentez pas de le repousser à l’eau ni de l’arroser. Il n’en a pas besoin.
  • Gardez vos distances (au moins 50 mètres) pour que le phoque puisse se reposer et se déplacer sans entraves.
  • Il est illégal de manipuler un phoque, de le forcer à retourner à l’eau ou d’interagir avec lui d’une quelconque façon.
  • N’essayez pas de le nourrir. Sa survie dépend de sa capacité à s’alimenter par lui-même de proies fraiches.
  • Si vous êtes sur l’eau en bateau, soyez encore plus vigilant qu’à l’habitude pour éviter d’entrer en collision avec le phoque ou de trop l’approcher.
  • Attention! Un phoque peut se déplacer rapidement et être imprévisible. C’est un animal sauvage puissant qui peut mordre et transmettre des maladies.
  • Tenez les chiens en laisse. Un chien se promenant librement risque de s’approcher du phoque, ce qui augmentera son stress et provoquera des réactions d’agressivité qui pourrait blesser le phoque ou votre animal de compagnie. Les phoques et les chiens peuvent aussi se transmettre des maladies.
Urgences Mammifères Marins - 21/8/2020

Florence Amégan

Florence Amégan est répondante au centre d’appels pour Urgences mammifères marins et rédactrice pour Baleines en direct depuis l’été 2020. Diplômée au programme Sciences, lettres et arts, elle est fascinée depuis qu’elle est haute comme trois pommes par les interactions qu’ont les baleines, tant entre elles qu’avec leur milieu.

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