Marjo
Béluga
Adopté par les médecins réunis lors du 10e Congrès médical sur la médecine d’urgence en région du CSSS de la Haute-Côte-Nord-Manicouagan
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Numéro d’identification
DL0512
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Sexe
Présumée femelle
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Naissance
Vers 1985
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Connu depuis
1994
Ses traits distinctifs
Il est plus facile d’identifier Marjo du flanc gauche grâce à sa cicatrice au pédoncule à l’allure d’une paire de lunettes. Pour confirmer son identité flanc droit, il faut examiner attentivement les détails de sa crête dorsale.
Son histoire
Notre première rencontre avec Marjo remonte à 1994 alors qu’elle était grise. Elle devient entièrement blanche en 2000. Le changement de couleur chez les bélugas, soit le passage du gris au blanc, survient entre l’âge de 12 à 16 ans. Marjo serait donc née au milieu des années 1980, en même temps que notre projet de recherche sur les bélugas s’amorçait.
Sa petite taille, ses habitudes et sa présence régulière dans des troupeaux d’adultes et de jeunes nous laissaient croire que Marjo était une femelle de la communauté du Saguenay. Dans l’aire de répartition estivale, les femelles forment de grandes communautés dans lesquelles elles s’occupent des nouveau-nés et des jeunes. Ces communautés sont attachées à des territoires traditionnels et il y a peu d’échanges entre elles. La présence d’un nouveau-né aux côtés de Marjo en 2014 nous confirma son sexe.
En 2001 et en 2002, elle avait aussi été vue avec un jeune gris; possiblement un petit qu’elle avait mis au monde l’année d’avant. À la naissance, les veaux ont la peau brune. Puis, jusqu’à environ 2 ans, ils sont gris bleu. Les juvéniles, à partir de 2 ans jusqu’à l’âge adulte, ont la peau grise, pour finalement devenir blancs une fois adulte.
La suite de l’histoire de Marjo nous aidera à mieux comprendre la vie sociale et la vie reproductive des bélugas du Saint-Laurent. C’est en comprenant comment vivent les bélugas que nous serons en mesure de mieux les protéger.
Historique des observations dans l’estuaire
Années pendant lesquelles l’animal n’a pas été observé Années pendant lesquelles l’animal a été observé
Dernières nouvelles
Journée spéciale à bord du Bleuvet : notre bateau de recherche accueille une chercheuse invitée, Valeria Vergara d’Ocean Wise, qui collabore avec le GREMM chaque été depuis 2015. L’équipage est aussi accompagné d’une équipe de tournage préparant un documentaire sur la recherche sur les bélugas. Pour commencer la journée, nous entrons dans la rivière Saguenay. Nous repérons au loin un troupeau de trente à quarante individus qui sortent de la baie Sainte-Marguerite. De l’autre côté de la rivière, vers l’anse Saint-Étienne, se trouve un autre troupeau de quarante à soixante bélugas. Nous photographions les groupes, puis sortons le drone. Le temps d’être prêt à le faire voler, les bélugas ont disparu. Nous repérons un nouveau groupe. Tandis que nous le photographions et le survolons avec un drone pour documenter les comportements, nous reconnaissons Marjo et Pure Laine. Pendant ce temps, Valeria enregistre les communications sous-marines avec un hydrophone. Arriverons-nous à reconnaitre sur les vidéos et dans les enregistrements votre béluga?
L’été 2016, notre 32e saison en mer avec les bélugas, a encore été riche en rencontres et en surprises. Bonne nouvelle, après une absence remarquée l’année dernière, nous avons revu Marjo à deux reprises cet été. Depuis notre première rencontre avec Marjo en 1994, elle a régulièrement « manqué à l’appel ». On cherche toujours à mieux comprendre ces brèves absences: reflètent-elles ses déplacements ou bien les aléas de notre échantillonnage?
Le 5 juillet 2016, nous sommes au large de l’anse à la Boule dans le Saguenay quand nous apercevons Marjo dans un troupeau d’une vingtaine d’individus. Le troupeau est composé d’adultes et de jeunes. Marjo nage en compagnie de Yogi et de DL9018, deux de ses compagnes de la communauté de femelles du Saguenay. Aux côtés de Marjo, on remarque la présence d’un jeune gris. Toutefois, cette observation ne nous permet pas de confirmer s’il s’agit bien de son jeune. Au moment de notre rencontre, le troupeau est peu actif, il remonte très lentement dans le fjord du Saguenay. Les animaux sont dispersés et seuls. Après une heure d’observation, ils se réunissent en quatre groupes. Finalement, le troupeau termine sa course, non pas à l’habituel terminus qu’est la baie Sainte-Marguerite, mais à l’anse Sainte-Étienne où ils « flâneront » les prochaines heures. Peut-être sont-ils tombés sur un banc de proies bien alléchant!
L’équipe de terrain du Bleuvet n’avait pas encore entamé sa 32e saison lorsqu’une assistante de recherche du GREMM, qui se trouvait à bord d’un bateau de croisière pour le programme de photo-identification des grands rorquals au large de la baie de Tadoussac, a pris des clichés de Marjo. Elle nageait en compagnie de huit bélugas, incluant des adultes et des jeunes. Le troupeau était très actif. L’assistante de recherche a observé plusieurs queues hors de l’eau et les animaux se sont dirigés rapidement vers le fjord du Saguenay.
Nous sommes à la marina de Tadoussac pour réparer un bris mineur survenu à notre bateau. Un capitaine nous raconte qu’il a remarqué plus tôt de l’agitation dans un groupe de bélugas près de la bouée K54 à l’embouchure du Saguenay. Nous décidons de nous rendre sur place. Nous y découvrons une dizaine de mâles bousculant Marjo. Chahut en surface, les corps se frôlent et roulent sur eux-mêmes. On voit même des pénis roses en érection. Coopération des mâles pour se reproduire avec Marjo? Jeux sexuels? Difficile à dire, ce comportement étant rarement documenté et peu connu. Semblant complètement épuisée, Marjo essaie par moment de se détacher du groupe. Elle se fait rejoindre aussitôt par les mâles et le manège recommence. Son veau, vu la veille avec elle, n’est pas là.
La scène observée cette journée-là soulève des questions sur les stratégies de reproductions des bélugas. On sait que chez les dauphins comme chez les chimpanzés, des bandes de mâles pratiquent l’infanticide pour que les femelles reviennent plus rapidement disponibles pour la reproduction. Cette stratégie existerait-elle également chez les bélugas?
À l’embouchure du Saguenay, nous rencontrons un troupeau de 10 bélugas. Nous reconnaissons immédiatement Yogi, une femelle que nous suivons depuis des décennies. À ses côtés se trouve un nouveau-né. Est-ce le sien? Au bout de quinze minutes, le nouveau-né va rejoindre le flanc d’un autre individu. Il retourne après un certain temps vers Yogi, et répète le manège quelques fois. Un groupe de quatre individus se rapproche. Nous reconnaissons parmi eux Marjo et la femelle DL1508. Un deuxième nouveau-né est observé dans le troupeau. Soudain, les animaux commencent à nager rapidement vers l’amont.