À partir du cap de Bon-Désir, aux Bergeronnes, Renaud Pintiaux compte aux jumelles deux rorquals à bosse et huit rorquals communs le 22 octobre. «On voit les souffles à l’œil nu, mais vaut mieux avoir des jumelles pour bien voir les baleines», commente-t-il. Un bateau se trouve près des rorquals communs, celui de Pêches et Océans Canada. L’équipe à bord tente de poser un émetteur satellite sur un individu pour suivre les mouvements automnaux et hivernaux de la population. Grâce à un fusil à air comprimé, un émetteur est attaché à la nageoire dorsale d’un rorqual commun. Deux dards en titane entrent dans le cartilage et tiennent la balise en place jusqu’à ce que le corps de l’animal les rejette. Déjà, quatre rorquals communs ont été équipés d’un tel émetteur au cours des derniers jours, alors qu’ils se trouvaient au large de Bon-Désir. Parmi eux, Bp903 et Bp955 «Ti-Croche».
Ce projet mené en collaboration avec Richard Sears de la Station de recherche des iles Mingan en est à sa sixième année. Depuis 2014, 15 émetteurs satellites (peut-être 16 si la journée a été favorable!) fournissent ou ont fourni les positions des animaux. «Les plus longs déploiements jusqu’à maintenant pour les rorquals communs ont été de trois mois. Pour des rorquals bleus, nous avons déjà eu jusqu’à six mois. Les balises ont permis de suivre certains des rorquals communs hors du golfe, mais aucun ne s’est aventuré à date au-delà du plateau néo-écossais», explique Véronique Lesage, chercheuse scientifique experte des baleines pour Pêches et Océans Canada.
Et cet automne, où sont allés les rorquals communs jusqu’à maintenant? «Parmi les animaux “tagués”, certains avaient quitté le “trou à commun” [le secteur de la falaise sous-marine sud, devant le cap de Bon-Désir] la semaine dernière pour le secteur des Méchins, Forestville et de l’est de Pointe-des-Monts, mais ils ont tous rebroussé chemin depuis. Au 19 octobre, ils étaient à nouveau dans le “trou”», relate Véronique Lesage.
Alors, quand partiront ces rorquals communs vers leur aire d’hivernage? Où se trouve cette aire? Partiront-ils tous en même temps? Choisiront-ils la même destination? À suivre!
Le béluga qui se prenait pour un rorqual à bosse
Lors d’une sortie sur l’eau le 16 octobre, Renaud Pintiaux assiste à un étonnant comportement : un béluga nageant avec deux rorquals à bosse, H918 et un autre rorqual à bosse de petite taille. «Il plongeait en même temps que les deux bosses, remontait à la surface en même temps», s’étonne-t-il. Un peu partout sur la planète, des observations de baleines de différentes espèces interagissant entre elles sont rapportées. Jeu, coopération, opportunisme en alimentation : voilà différentes pistes pour expliquer ce comportement fort intéressant. Mais la réponse pourrait être tout autre!
Les mammifères marins sur leur départ
Après avoir profité d’abondantes observations de petits rorquals et de rorquals à bosse devant Franquelin, un observateur constate que les baleines se font de plus en plus rares dans son secteur.
À Sept-Îles, les rorquals bleus dominent les observations. «Mais ce n’est pas facile d’observer les baleines l’automne. La météo est tellement changeante! Ça fait donc de longs intervalles entre deux sorties», constate Jacques Gélineau, qui répertorie les baleines dans son secteur. Alors que le 17 octobre, il comptait 10 rorquals bleus, le 21, il n’en voyait plus que trois. Sont-ils partis? Reviendront-ils?
En Gaspésie, les souffles ponctuent le paysage encore chaque matin pour une observatrice de Cloridorme. Le 21 octobre, elle repère même une queue de baleine à partir de sa maison! Les petits rorquals, eux, nagent plus près des berges.
Durant la fin de semaine, René Roy s’est rendu en Gaspésie. Malheureusement, la météo difficile ne lui a pas permis de photographier pour des fins d’identification la douzaine de rorquals communs et le seul rorqual à bosse qu’il a vus au large de L’Anse-à-Valleau. Le lendemain, du cap Gaspé, il repère cette fois deux rorquals à bosse et deux rorquals communs, mais la mer est trop agitée pour qu’il puisse y naviguer. «Ce sera pour 2021», conclut-il.
Au large de l’ile aux Fraises, non loin de Kamouraska, des phoques gris se reposent et vocalisent entre deux séances d’alimentation. Les phoques gris délaisseront l’estuaire pour rejoindre le golfe durant l’hiver. Montez le son pour entendre leurs hurlements qui pourraient bien figurer dans votre trame sonore d’Halloween! Merci à Laurence Lévesque de Parcs Canada pour la vidéo.