Par François Vachon

L’équipe scientifique EDMAKTUB a filmé des images inédites de rorquals communs en alimentation de surface le 6 avril dernier, au large de la côte de Garraf, en Espagne. La vidéo conçue à partir des images captées par un drone permettra aux biologistes marins du monde entier d’en apprendre davantage sur leur comportement alimentaire : leurs habitudes et leurs déplacements ; leurs stratégies ; la quantité d’énergie à absorber pour compenser celle dépensée pour s’alimenter, les effets de l’activité humaine et des changements climatiques sur l’alimentation des géants, etc. De fait, c’est en comprenant mieux l’animal dans son ensemble que nous pourrons lui offrir la meilleure protection.

Des bouchées spectaculaires

Voir ces géants manger est captivant ! Mais que voit-on, exactement ? D’abord, ils se tournent sur le côté. Ensuite, ils accélèrent et ouvrent la gueule pour engloutir des milliers de litres d’eau et de petites proies. À ce moment, leur mâchoire inférieure se trouve dans un axe pratiquement perpendiculaire au corps, comme si elle se disloquait, et la poche de la gorge vient toucher leur abdomen.

Dans la vidéo, on peut constater que la coloration de la mâchoire inférieure des rorquals communs est asymétrique — le côté gauche est foncé et le côté droit, pâle. Selon certains experts, l’animal se tourne sur le côté pour présenter le côté pâle de sa mâchoire, ce qui lui permettrait de se camoufler afin de prendre ses proies par surprise.

Lorsqu’un rorqual commun prend une bouchée, sa poche ventrale se remplit. Après seulement six secondes, il referme sa bouche, qui contient alors jusqu’à 80 000 litres d’eau de mer ! Puis, en moins d’une minute, il filtre l’eau par ses fanons pour ne retenir que les proies et les avale tout rond. Le ventre reprend alors sa forme habituelle.

C’est d’abord le cerveau qui reçoit l’information des vibrisses situées sur le rostre du rorqual et qui détectent les proies dans l’eau. L’opération est ensuite orchestrée par un organe sensoriel de la taille d’un pamplemousse situé dans les tissus mous reliant les mandibules de l’animal, qui envoie à son tour un message au cerveau afin qu’il amorce et coordonne le processus de capture des proies.

Chaque filtrage permet aux rorquals communs d’engouffrer 10 kg de nourriture, et chaque individu peut absorber jusqu’à 1 800 kg par jour. Le phénomène est spectaculaire et exceptionnel à voir, surtout quand on connait les processus mécaniques qui se cachent sous ces tonnes de chair, de muscles et de gras !

Actualité - 25/4/2018

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