Une première carcasse de baleine noire de l’Atlantique Nord a été trouvée cette année. Les baleines noires de l’Atlantique Nord sont une espèce considérée en voie de disparition et compteraient environ 411 individus. La carcasse a été repérée le 4 juin par un survol aérien effectué par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis. Elle se trouvait alors à environ 50 milles nautiques de la côte gaspésienne.

Des survols effectués par Pêches et Océans Canada et des patrouilles par la garde côtière canadienne ont eu lieu le 5 juin pour la repérer à nouveau. Pêches et Océans Canada, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins et la Marine Animal Response Society évaluent la possibilité que la carcasse soit remorquée vers l’ile de Miscou dans le but de l’analyser au cours des prochains jours. Une nécropsie complète pourrait permettre de déterminer la cause du décès de l’animal.

Les défis logistiques liés au transport d’une baleine noire de l’Atlantique Nord sont nombreux, vu la taille et le poids massif de l’individu. La distance de la côte (environ 13 heures de navigation) ajoute à la complexité de l’opération. L’organisation d’une nécropsie demande aussi une expertise et une nombreuse main d’œuvre pour dépecer le corps gigantesque. Néanmoins, les réponses pouvant être amenées par l’analyse pourraient mieux informer les mesures de conservation.

La baleine noire s’appelait Wolverine

L’équipe du New England Aquarium a identifié la baleine noire. Il s’agit de Wolverine, un mâle né en 2010 de la femelle 3123. Il devait son nom aux trois grandes cicatrices à la base de sa queue, héritée d’une collision avec une hélice de moteur alors qu’il avait 5 ans. Durant les cinq premières années de sa vie, Wolverine a été vu empêtré trois fois, deux empêtrements considérés comme mineurs et un modéré, selon les standards développés par le New England Aquarium. Cet individu a été vu en 2017 et en 2018 dans le golfe du Saint-Laurent. On ne sait pas pour le moment ce qui a causé sa mort.

Les cicatrices de Wolverine, liée à une collision avec une hélice de moteur © Sheila McKenney/Associated Scientists of Woods Hole/Marineland Right Whale Project

Un écosystème en changement

Une partie de la population des baleines noires de l’Atlantique Nord passait traditionnellement les étés dans la baie de Fundy. Depuis 2017, la baie de Fundy semble moins fréquentée et une augmentation majeure des observations de baleines noires a été notée dans le golfe du Saint-Laurent. En 2017, douze carcasses de baleines noires ont été trouvées dans le golfe. Des mesures d’atténuation des risques d’empêtrement et de collisions ont été instaurées d’urgence durant l’été. En 2018, des mesures ont aussi été appliquées. Aucune carcasse n’a alors été trouvée. Encore cette année, des zones de réduction de vitesse et de mesures d’atténuation des menaces d’empêtrements ont été mises en place.

Pour en savoir plus

Le portrait complet de Wolverine par le New England Aquarium

Le dossier sur les baleines noires en 2018

Le dossier sur les baleines noires en 2017

Actualité - 5/6/2019

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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