En 2017, le décès de 18 baleines noires a créé une onde de choc au Canada et aux États-Unis. Que nous réserve 2018? Des mesures de réduction de risques d’empêtrement et de collision, les deux causes principales de décès des baleines noires, ont été mises en place. Suivez l’actualité des baleines noires ici. 

Pour consulter le dossier sur les mortalités de baleines noires de l’Atlantique Nord de 2017, c’est par ici.

Outils de référence

Carte interactive des observations de baleines noires en eaux canadiennes : WhaleMap et Attentif aux baleines

Carte interactive des observations de baleines noires en eaux états-uniennes: NOAA

Suivi des mesures de ralentissement en prévention des collisions : Transports Canada

Suivi des fermetures de zones de pêche : Pêches et Océans Canada

Archives des actualités 2018

Le sud-est du golfe du Saint-Laurent a accueilli près de la moitié de la population de baleines noires de l’Atlantique Nord cet été, soit environ 190 individus. Cette estimation provient des relevés aériens et des campagnes de photo-identification. Il s’agirait probablement de la plus grande agrégation de baleines noires pour la saison estivale, selon Jean Landry, directeur du département des sciences des mammifères marins de Pêches et Océans Canada.

Les experts de la National Oceanic and Atmospheric Agency (NOAA) ont identifié 135 individus en 2018, comparativement à 114 en 2017. Les efforts de recensement ont toutefois été plus intenses en 2018. Certains individus ont été observés une seule fois, d’autres pendant toute la durée de la campagne de photo-identification, soit deux mois. Les déplacements des animaux varient aussi : certains ont été photographiés à 50 km de distance au cours d’une même journée tandis que d’autres ont toujours été photographiés dans le même secteur.

Les relevés acoustiques ont permis de détecter une première baleine noire à la fin du mois d’avril, tout comme en 2017, et en détectaient encore au cours des derniers jours.

Par le passé, les observations de baleines noires dans le golfe du Saint-Laurent étaient anecdotiques. On les trouvait en saison estivale davantage dans la baie de Fundy et le bassin de Roseway. Pour tenter d’expliquer la présence accrue de cette espèce dans le golfe, une attention particulière a été portée à leur proie de prédilection : les copépodes, de minuscules crustacés. Les données montrent une baisse de la présence de copépodes dans l’habitat essentiel de la baleine noire. Cette baisse est aussi observée dans le golfe, mais de façon moins marquée. Le golfe possède encore suffisamment de biomasses de copépode pour répondre aux besoins énergétiques des baleines noires. D’autres régions ayant des quantités similaires de copépodes ont été trouvées, alors il est possible que de la surveillance de baleines noires soit effectuée à ces endroits dans le futur.

Ces constats ont été rapportés par des chercheurs de Pêches et Océans Canada lors d’un point de presse technique. Ils reprenaient les résultats des discussions d’une quarantaine d’experts provenant de Pêches et Océans Canada, de la NOAA, d’universités et de groupes de recherche indépendants. Ils se sont réunis la semaine dernière à Montréal pour faire une mise à jour des connaissances sur les baleines noires de l’Atlantique Nord. Ensemble, ils ont étudié 17 articles scientifiques et tenté de répondre à 20 questions. Un avis scientifique rédigé par consensus sera publié sous peu et sera accessible au public.

La population des baleines noires de l’Atlantique Nord est en déclin, et elle connait aussi un déclin dans son taux de reproduction depuis 2010. Aujourd’hui, la population est estimée à 411 individus. Après une saison dramatique en 2017, où 18 individus avaient péri et plusieurs s’étaient empêtrés dans des engins de pêche, des mesures de protection strictes ont été instaurées dans les eaux canadiennes. En 2018, aucun décès n’a été rapporté au Canada et trois empêtrements ont été signalés. Les mesures comprenant entre autres des limites de vitesse et des fermetures de zone de pêche semblent donc avoir été bénéfiques pour l’espèce.

Une rencontre aura lieu en janvier pour prévoir les mesures de protection de l’année 2019.

Une troisième baleine noire de l’Atlantique Nord a été signalée morte cette année.

Le 14 octobre 2018, le navire Henry B. Bigelow de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a aperçu une carcasse de baleine flottant dans l’Atlantique Nord. La carcasse a été signalée à environ 160 km à l’est de Nantucket, Massachusetts. Après avoir analysé les photographies de la carcasse, les experts ont confirmé qu’il s’agissait d’une baleine noire de l’Atlantique Nord. L’individu mesurait au moins 35 pieds (10,5 mètres) de long, ce qui en faisait un jeune adulte.

L’équipage de Bigelow a également pris des photographies et des échantillons supplémentaires pour aider à identifier individuellement la baleine noire et en apprendre davantage sur elle.

Peu après la première observation, des scientifiques de la NOAA et des membres de la Garde côtière américaine de la base aérienne de Cape Cod ont commencé leurs recherches et ont pu localiser la carcasse. Elle présentait plusieurs plaies provenant de sources anthropiques, avec des marques correspondant à un empêtrement. Toutefois, des recherches plus approfondies sont nécessaires pour trouver la cause exacte du décès.

Avec seulement 100 femelles en âge de se reproduire dans la population et aucun nouveau-né de répertorié en 2018, il est crucial de déterminer la cause de chaque décès d’individu de cette espèce en voie de disparition, et ce, afin de les prévenir.

En 2018, deux autres carcasses ont été trouvées dans les eaux étatsuniennes, mais aucune dans les eaux canadiennes

Une carcasse de baleine noire de l’Atlantique Nord en décomposition avancée a été retrouvée à environ 100 milles nautiques à l’est de Nantucket, Massachusetts, le 14 octobre 2018. © Garde-Côtière des États-Unis, AMT3 Garret Vaughan/NMFS Permit #18786-03

Aucune baleine noire morte n’été trouvée en 2018 dans les eaux canadiennes, et une seule a été trouvée du côté des États-Unis. En tout, 135 individus baleines noires ont été identifiés au cours de l’été dans le sud du golfe du Saint-Laurent. Cela laisse croire qu’un plus grand nombre de baleines noires ont visité le golfe au cours des derniers mois. En 2017, 114 avaient été identifiés, mais les efforts de surveillance étaient moindres, ce qui pourrait avoir une incidence sur les données.

À ce point-ci, la majeure partie des pêcheries qui ont des incidences avec les mammifères marins, dont la pêche aux crabes, sont terminées. Selon Pêches et Océans Canada, les risques sont donc faibles que des empêtrements dans des engins de pêche surviennent.

Du côté de la navigation, les zones de limites de vitesse restent en vigueur. Pas moins de 677 heures de vol ont été réalisées par Transports Canada pour surveiller la présence de baleines noires sur le territoire. La surveillance se poursuivra cet automne, tant que la météo le permet.

Au cours des prochains mois, Pêches et Océans Canada rencontrera les associations de pêcheurs pour évaluer les impacts des mesures sur les communautés riveraines, afin de réfléchir aux mesures qui seront prises en 2019. Un bilan sera également effectué par des chercheurs du ministère et d’ailleurs sur les lieux où ont été observées les baleines au cours des dernières années.

Une carcasse de baleine noire de l’Atlantique Nord à la dérive est repérée lundi 27 aout au large des côtes du Massachusetts, aux États-Unis. C’est le premier cas de mortalité de baleine noire cet été. À pareille date l’année dernière, le décompte s’élevait à 14 carcasses sur la côte est, dans les eaux canadiennes et états-uniennes.

La carcasse de 9 mètres de longueur est tout d’abord aperçue par une famille de plaisanciers en train de pêcher près de l’ile de Martha’s Vineyard, au sud de Cape Cod. Le lendemain, un navire de la garde côtière, avec à son bord une petite équipe du laboratoire Woods Hole du département des pêches du National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA), navigue jusqu’à la carcasse dans l’idée de remorquer la baleine et de réaliser une nécropsie.

Considérant l’état de décomposition avancé de la baleine à la dérive, des tissus sont prélevés en mer. Le NOAA décide plutôt d’apposer une balise, fonctionnant à l’énergie solaire, sur la carcasse. « De cette façon, nous continuons à suivre les déplacements de la baleine. Nous prendrons davantage d’échantillons si elle s’échoue sur une plage dans les prochains jours », explique la porte-parole du NOAA, Jennie Lyons, en entrevue à CBC.

Cette carcasse est la seconde à être repérée sur la côte est états-unienne depuis le début de l’année 2018. La première était au large de la Virginie en janvier. Aucune baleine noire à la dérive n’a été signalée cette année dans les eaux canadiennes. Cependant, une baleine noire empêtrée dans des engins de pêche dans la baie de Fundy à la fin du mois de juillet est rescapée quelques jours plus tard.

La cause du décès de cette baleine noire est encore inconnue. Rappelons que la situation de la baleine noire de l’Atlantique Nord, une espèce en voie de disparition, est préoccupante. Il ne reste que 450 individus et, en 2018, aucun baleineau n’est né.

Depuis le sauvetage d’une baleine noire empêtrée dans la baie de Fundy au début du mois d’aout, aucun nouveau cas d’empêtrement n’a été signalé. Des baleines noires de l’Atlantique Nord sont aperçues régulièrement dans le golfe du Saint-Laurent au large des côtes de la Gaspésie et du Nouveau-Brunswick. Entre le 5 et le 12 aout, 96 individus ont été dénombrés lors de vol de surveillance aérienne. Des suivis acoustiques sont également réalisés pour affiner le recensement des baleines noires dans le golfe.

Pêches et Océans Canada annonçait, le 5 aout, la fermeture de nouvelles zones de pêches en raison de la présence confirmée de baleine noire. Cette mesure vise à limiter les risques d’empêtrement des baleines noires dans des engins de pêche. La fermeture prend effet le 7 aout et tous engins de pêche présents devraient être retirés. La pêche au crabe, au homard, au flétan du Groenland et à la plie rouge sont interdites. La pêche au flétan de l’Atlantique, au maquereau et au hareng sont permises si les engins de pêche restent sous surveillance. La fermeture des zones de pêche est en vigueur jusqu’à avis contraire.

Des amendes pour limiter la vitesse

Depuis le 28 avril, et ce, jusqu’au 15 novembre, une limitation de vitesse de 10 nœuds est imposée aux navires de plus 20 mètres dans certaines zones de l’ouest du golfe Saint-Laurent. Certains corridors sont fermés lorsque des baleines noires y sont présentes ou lorsque la surveillance de ces corridors ne peut être effectuée. Depuis l’imposition de cette réduction de vitesse, Pêches et Océans Canada a comptabilisé 212 navires ayant une vitesse supérieure à 10 nœuds dans le golfe du Saint-Laurent, ce qui représente moins de 10% de tous les passages enregistrés. Les amendes pour non-respect de la limitation peuvent aller de 6000$ à 25000$. De tous les cas de dépassement de vitesse, seuls 3 ont reçu une amende et 12 sont en cours d’examen.

L’équipe de sauvetage à la recherche d’une baleine noire de l’Atlantique Nord empêtrée depuis le 30 juillet a réussi à la localiser et à retirer des engins de pêche qui la gênaient.

Après cinq jours de recherche, le Centre de recherche sur la vie marine de Grand Manan a localisé l’animal qui trainait un cordage de pêche relié à une bouée orange. L’équipe de sauvetage cherchait activement ce mâle de 10 ans après avoir perdu sa trace en raison de conditions météorologiques médiocres, dont un brouillard épais qui réduisait significativement la visibilité.

L’équipe de Campobello Whale Rescue et des agents des pêches l’ont libéré des engins de pêches peu après l’avoir retrouvé. Pêches et Océans Canada n’a pas encore confirmé si tous les engins ont été retirés, mais a annoncé que la baleine affichait un changement positif dans son comportement à la suite du désempêtrement. Il faudra attendre de passer en revue les photos et les séquences de vidéo du sauvetage pour certifier que l’animal est hors de danger.

Les baleines de l’Atlantique Nord sont une espèce en voie de disparition dont il ne resterait que 450 individus dans le monde.

Une baleine noire de l’Atlantique Nord en difficulté se montre insaisissable pour l’équipe de sauvetage à sa recherche. Un mâle d’environ 10 ans, empêtré dans un cordage de pêche relié à une bouée orange, a été signalé le lundi 30 juillet à 22 milles marins au large de l’ile de Grand Manan, au Nouveau-Brunswick. La gravité de l’empêtrement n’est pas encore déterminée.

Le 31 juillet au matin, Pêches et Océans Canada a survolé la zone où la baleine empêtrée a été observée pour la dernière fois afin de localiser et d’évaluer l’état de la baleine. De leur côté, trois embarcations, celles de l’équipe de sauvetage de Campobello, de l’Aquarium de Nouvelle-Angleterre et de la Grand Manan Whale and Seabird Research Station, poursuivent les recherches sur l’eau.

Les conditions météorologiques se sont toutefois détériorées au cours de la matinée: la visibilité réduite causée par un brouillard épais a compliqué la tâche de l’équipe qui a dû interrompre les recherches. Les efforts pour repérer la baleine noire empêtrée ont été reportés. Les prévisions météorologiques annoncent des conditions médiocres pour encore deux jours. Dès que le temps le permettra, les recherches devraient reprendre.

Le 13 juillet 2018, 14h45, au large de l’ile Miscou au Nouveau-Brunswick, un survol aérien de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) fait l’observation d’une baleine noire trainant du cordage équivalent à 4 fois sa longueur. Rapidement, les équipes du Marine Animal Response Society (MARS) sont avisées de la situation. La NOAA a pu fournir plusieurs détails sur la façon dont la baleine est empêtrée. Ces détails précieux permettent aux équipes de dépêtrement de mettre en place un plan d’intervention adéquat, mais aussi d’avoir les informations permettant d’identifier l’animal s’il est revu.

La difficulté principale dans ce genre de cas est que nous avons affaire à un animal sauvage mobile et en détresse qui peut avoir des comportements imprévisibles. Retrouver une baleine empêtrée suite à une observation initiale peut être un très gros défi. Malgré les efforts conjoints de Pêches et Océans Canada et de la NOAA, la baleine noire n’a pas pu être revue depuis le 13 juillet.

Toutefois, des baleines noires sont toujours observées dans plusieurs secteurs de pêches. Pêches et Océans Canada annonce à ce sujet de nouvelles fermetures de zones de pêches. La mesure sera appliquée à compter du 20 juillet et sera effective jusqu’à nouvel ordre.

Retour sur le cas de Kleenex

Le 12 avril dernier, des membres du Center for Coastal Studies ont observé, au large de l’ile Miscou également, Kleenex, une baleine noire empêtrée depuis maintenant 3 ans. Ce cas illustre bien la difficulté de retrouver la trace des baleines empêtrées qui garde la capacité de nager librement. Une tentative de dépêtrement avait permis de couper une partie du cordage avant que la baleine ne disparaisse. Elle aurait été revue à deux reprises au courant du mois de juin, puis le 12 juillet par le North East Fisheries Science Center Aerial Team. Suite à ces observations, ils décrivent un animal dont les conditions de santé sont déclinantes et un empêtrement n’ayant pas évolué depuis la dernière tentative du mois d’avril.

Les réseaux d’observation sont priés de garder un œil concernant ce cas et documenter tout changement dans la configuration de l’empêtrement ainsi que dans l’état de santé de Kleenex.

Des empêtrements aux tristes conséquences

Les baleines noires, du fait de leur mode d’alimentation et de leur physiologie, sont particulièrement sensibles aux empêtrements. Des études montrent que plus de 80% de la population présente des marques d’empêtrement. Le fait de trainer des parties d’engin de pêche peut causer la diminution des capacités locomotrices et d’alimentation de la baleine, l’amenant à augmenter significativement sa dépense énergétique, parfois même jusqu’à mourir de faim. De plus, dépendamment de la sévérité de l’empêtrement, le stress apporté à la baleine au niveau physiologique, mais aussi comportemental, peut conduire à une diminution du système immunitaire et de ce fait la rendre plus sensible au développement d’infections chroniques.

Comme dans le cas de Kleenex, les empêtrements peuvent causer une augmentation de la présence de poux de baleine, aussi appelés cyamides, sur la peau de l’animal. Ces crustacés vont généralement se loger sur la peau dans des zones où le flux d’eau est réduit, et notamment dans les zones de blessures. Ce phénomène est observé de façon plus prononcée lorsque les baleines ne sont pas capables de maintenir une vitesse de nage optimale suite aux empêtrements et les taux de cyamides peuvent être utilisés pour avoir des indications sur l’état de santé des baleines.

Kleenex (#1142) is an adult female right whale that has been entangled for the last three years. Her condition is deteriorating, as all disentanglement efforts so far have proven unsuccessful due to lack of trailing gear. © Center for Coastal Studies, NOAA permit #18786

 

La baleine noire surnommée Kleenex a été photographiée le 12 avril dernier, avec un cordage enroulé autour de sa tête. La photo a été prise quelques secondes avant qu’une fléchette coupante ne touche la corde pour tenter de dépêtrer la baleine. © Center for Coastal Studies, NOAA permit #18786

Au cours des prochains jours, la saison de pêche au homard et au crabe des neiges se terminera dans la plupart des secteurs du golfe du Saint-Laurent, si ce n’est déjà fait. Les mesures de prévention d’incident pour les baleines noires ont causé des soucis logistiques à bien des pêcheurs, mais également aux travailleurs et travailleuses des usines de transformation de produits de la mer. Néanmoins, lors d’un point de presse, la sous-ministre des Pêches et des Océans du Canada, Sylvie Lapointe, a confirmé qu’aucun cas de baleines noires empêtrées ou décédées n’a été rapporté. Les mesures pourraient donc avoir participé à une année moins sombre pour les baleines noires.

De nombreux efforts de surveillance ont pu confirmer l’identification de 111 individus baleines noires, ce qui signifie qu’il y avait probablement plus d’individus que ce nombre. L’été dernier, à pareille date, 120 individus avaient été identifiés et sept carcasses avaient été trouvées. Pour identifier les baleines noires, les chercheurs et chercheuses comparent le patron des callosités sur la tête des individus.

Cette année encore, les baleines noires ont surtout été observées dans le golfe, et non pas dans les zones identifiées comme leur habitat essentiel, dans le bassin Roseway et dans le bassin Grand Manan. L’habitat essentiel d’une espèce est désigné après de nombreuses années d’observation compilées. Or, les bouleversements des écosystèmes amenés par les changements climatiques pourraient expliquer ce déplacement des baleines noires vers le golfe.

Une collaboration soulignée

Globalement, les limites de vitesse imposées par Transports Canada dans certaines zones du golfe ont fortement été respectées. En effet, sur 1629 passages de navires, une seule amende a été donnée et 5 dossiers sont encore en cours d’examen. Du côté de Pêches et Océans Canada, on signale le retrait d’une trentaine de casiers de homard dans des zones fermées en présence de baleines noires. Avec les données recueillies durant cette saison, le gouvernement fédéral, avec la collaboration des industries, des groupes de recherche et des gestionnaires, pourra de nouvelles mesures pour 2019.

Au cours de la dernière semaine, entre dix et vingt baleines noires ont été observées lors des vols de surveillance aérienne et deux baleines ont été détectées par les planeurs sous-marins dans le golfe du Saint-Laurent.

Depuis le début de 2018, une seule carcasse de baleine noire a été trouvée. La carcasse s’est échouée en janvier aux États-Unis et son état de décomposition avancé a permis de conclure que la baleine était morte en 2017. En mai, une carcasse trouvée aux États-Unis a semé l’inquiétude, mais les analyses génétiques ont démontré qu’il s’agissait plutôt d’un rorqual à bosse. Ainsi, pour le moment, aucun cas de baleines noires nouvellement empêtrées ou décédées n’ont été signalés cette année.

Une industrie maritime collaborative

Pas moins de 1267 passages de navire ont eu lieu entre le 28 avril et le 19 juin dans les zones de restriction de vitesse imposées par Transports Canada. Seulement une amende a été imposée et 18 dossiers sont en cours d’examen. Pour le moment, aucune baleine n’a été observée dans les zones de ralentissement de vitesse dynamiques. Elles ont toutefois été activées à quelques reprises lorsque les conditions météorologiques ne permettaient pas d’effectuer la surveillance du secteur.

De nombreuses zones de pêche demeurent fermées tandis que les baleines noires sont toujours présentes dans le golfe.

La zone en rouge et la zone en jaune sont fermées à la pêche. © Pêches et Océans Canada

 

 

La National Oceanic and Atmospheric Agency (NOAA) a identifié 75 individus baleines noires de l’Atlantique Nord dans le golfe du Saint-Laurent depuis le 4 juin, a affirmé Jean Landry, directeur des sciences des mammifères marins de Pêches et Océans Canada, lors d’un point de presse le 14 juin. Et si autant de baleines ont pu être identifiées individuellement, cela laisse présager une présence plus importante. Ces identifications résultent des efforts conjoints de la NOAA, des vols de surveillance de Pêches et Océans Canada et de Transports Canada, qui visent à mieux comprendre la distribution des baleines noires en eaux canadiennes et à surveiller leur présence afin d’éviter tous risques de collision ou d’empêtrement dans des engins de pêche.

«Nous ne voulons pas seulement diminuer les risques d’empêtrements cette année, nous voulons qu’il n’y en ait aucun», a répété Jean Landry. L’été dernier, douze baleines noires ont été trouvées mortes dans les eaux canadiennes, et au sept cas d’empêtrement sur cette espèce ont été constatés. Il a au passage souligné l’importante collaboration des pêcheurs jusqu’à présent, malgré les pertes financières possibles que cela peut leur engendrer cette année ainsi qu’aux communautés côtières. Mais les mesures de cette année visent à atténuer les impacts économiques à long terme, qui pourraient être majeurs, a souligné le directeur général de la gestion des ressources halieutiques, Adam Burns, présent lui aussi au point de presse. En effet, la certification durable de la pêche au crabe des neiges et au homard pourrait être perdue si des cas d’empêtrement de baleine noire survenaient cet été, ce qui pourrait nuire aux exportations. Qui plus est, selon la Fishermen’s Protective Act  et le Marine Mammal Protection Act des États-Unis, une pêche qui nuit à la protection d’une espèce menacée peut être interdite d’importation.

Des zones de pêche sont donc fermées pour des périodes de quinze jours au minimum pour prévenir les empêtrements lorsqu’une ou plusieurs baleines noires sont observées dans un périmètre. Plusieurs types de pêche sont ainsi touchés: crabe des neiges, crabe hyas, crabe commun, homard, buccin, flétan du Groenland (engin fixe), plie rouge (engin fixe), flétan de l’Atlantique (engin fixe si laissé sans surveillance) et au maquereau (filet maillant si laissé sans surveillance). À partir de samedi, 28 zones seront fermées complètement et 5 seront fermées partiellement.

 

Plusieurs zones de pêche sont fermées pour prévenir les risques d’empêtrement pour les baleines noires. © Pêches et Océans Canada

Des associations de pêcheurs ont proposé au ministère des Pêches et des Océans de ne pas appliquer les fermetures aux secteurs ayant des profondeurs moindres de 10 brasses, soit environ 18 mètres de profondeur. Jean Landry a réitéré à ce sujet qu’on ne veut pas prendre de risques, puisque des études ont démontré que des baleines noires de l’Atlantique Nord peuvent se trouver en des eaux très peu profondes lorsqu’elles s’alimentent.

Deux planeurs sous-marins détectent les baleines

Deux planeurs sous-marins (gliders) ont commencé à patrouiller les 9 et 10 juin dernier dans le golfe du Saint-Laurent. Les planeurs détectent automatiquement le son émis par un mammifère marin, identifient l’espèce selon les caractéristiques du son et signalent aux chercheurs, par satellite et en temps quasi réel, quelle espèce a été entendue. Les planeurs sont programmés pour détecter et reconnaitre les baleines noires, les rorquals boréaux, les rorquals communs, les rorquals à bosse et les rorquals bleus. Les détections de baleines noires apparaitront sur la carte des observations conjointe de Pêches et Océans Canada et de l’Université Dalhousie et pour les autres espèces, les détections peuvent être consultées sur Robots4Whales.

 

 

31 baleines noires individuelles ont pu être comptées dans les eaux canadiennes la journée du 4 juin dernier. La présence accrue dans le golfe du Saint-Laurent de baleines noires de l’Atlantique Nord, une espèce en voie de disparition, entraine des mesures de prévention pour réduire les risques de collisions fatales avec des navires ou encore les risques d’empêtrement avec des engins de pêche. Les collisions avec les navires et les empêtrements sont connus comme étant les principales causes de mortalité chez cette espèce.

La plupart des observations ont été faites au large de l’ile Miscou, au Nouveau-Brunswick, ce qui a entrainé la fermeture de nouvelles zones de pêches. Plus de 10 000 kilomètres carrés sont maintenant exempts de pêches.

Du côté du bassin Roseway, au sud de la Nouvelle-Écosse, une baleine noire a aussi été repérée, entrainant la fermeture de cinq zones de pêche dans l’habitat essentiel de l’espèce.

Aux États-Unis, les observations se sont raréfiées en ce début de juin, alors que des centaines de baleines noires avaient été observées le long de la côte du Massachusetts en mai.

Malgré toutes les observations, encore aucun nouveau-né n’a été observé cette saison.

Limite de vitesse : une forte collaboration

Des zones de limite de vitesse à 10 nœuds ont été créées dans le golfe du Saint-Laurent. Entre le 28 avril et le 4 juin 2018, 898 navires ont circulé dans les zones surveillées. Depuis, un seul navire a reçu une amende pour infraction à la limite de vitesse et 18 dossiers sont en cours d’examen, ce qui démontre une grande collaboration de la part de l’industrie maritime.

Pour le moment, les zones dynamiques de réduction de vitesse ne sont pas en fonction, compte tenu de l’absence de baleines noires dans ces zones au nord et au sud de l’ile d’Anticosti.

Une pensée en cette date anniversaire

Le 6 juin 2017, le Centre d’appels d’Urgences Mammifères Marins recevait un premier appel pour une carcasse de baleine noire à la dérive au large des Îles-de-la-Madeleine. Cinq autres carcasses avaient été trouvées durant le mois de juin. Pour relire notre dossier sur l’évènement de mortalité inhabituel de baleines noires de l’été 2017, c’est par ici.

Les cinq aéronefs effectuant la surveillance aérienne ont rencontré jusqu’à 27 baleines noires cette saison, entrainant plusieurs fermetures de zones de pêche pour prévenir les empêtrements dans les engins de pêche. Malgré ces fermetures totalisant près de 10 000 kilomètres carrés, la saison de pêche de crabe des neiges serait comparable à celle de 2016, a soutenu dans un avis aux médias le ministère des Pêches et des Océans du Canada. Jusqu’à maintenant, 13 475 tonnes de crabes des neiges ont été débarquées, comparativement à 13 684 tonnes en 2016, une année où il n’y avait pas eu de fermeture. La valeur des débarquements serait de 148 millions de dollars, par rapport à 112 millions en 2016 au même stade de la saison.  Environ 60% du quota de pêche de 2018 a été récolté, tandis que 68% du quota l’était en 2016 à ce point-ci.

L’année 2017 ne peut être utilisée pour des fins de comparaison, puisque les quotas de pêche au crabe des neiges avaient été exceptionnellement rehaussés en raison d’une biomasse plus importante cette année-là.

Près d’une quinzaine de baleines noires ont été observées dans le golfe du Saint-Laurent au cours des derniers jours. Par prévention, le ministère des Pêches et des Océans du Canada a annoncé la fermeture de nouvelles zones de pêches. Six zones additionnelles seront fermées complètement ainsi que cinq autres partiellement. Trois vagues de fermeture ont donc été annoncées depuis le début de la saison.

Côté réduction de vitesse, pour le moment, les secteurs de navigation dynamique n’ont pas subi de mesures de ralentissement, en l’absence d’observations de baleines noires dans ce secteur.

En savoir plus

Carte interactive des observations de baleines noires en eaux canadiennes : WhaleMap

Suivi des mesures de ralentissement en prévention des collisions : Transports Canada

 

 

 

Six zones de pêche seront fermées à partir de 16 h, heure avancée de l’Atlantique, le 22 mai, et ce, jusqu’à nouvel ordre, puisque deux baleines noires de l’Atlantique Nord ont été observées au large de la Gaspésie et du Nouveau-Brunswick au cours des derniers jours. Pour prévenir les collisions et les empêtrements, les zones adjacentes aux baleines noires seront fermées pour un minimum de 15 jours, ou jusqu’à ce que les baleines noires aient quitté le secteur.

© Pêches et Océans Canada

Mise à jour du 23 mai: La fermeture a été repoussée de 24 heures, compte tenu des conditions météo difficiles, pour permettre aux pêcheurs et pêcheuses d’aller retirer leur matériel dans des conditions plus sécuritaires. La date limite est donc le 23 mai, à 16 h.

Ces six zones de fermeture temporaire dite dynamique sont adjacentes à la fermeture statique d’un secteur de 14 000 kilomètres carrés fermés depuis le 28 avril, et ce, pour toute la saison. C’est dans cette aire que la majorité des observations de baleines noires avaient été effectuées en 2017. Le ministère des Pêches et des Océans a confirmé à Radio-Canada Nouveau-Brunswick avoir effectué des saisies de casiers de crabe des neiges dans la zone de fermeture statique. Une enquête est en cours.

La pêche du crabe des neiges, du crabe hyas (aussi appelé crabe araignée), du crabe commun, du homard et du buccin sont suspendues dans les zones touchées par les fermetures dynamiques. Les fermetures s’appliqueront également à la plie rouge (pour les engins fixes) et au flétan de l’Atlantique (pour les engins fixes), sauf lorsque les engins de pêche ne sont pas laissés sans surveillance.

Au large du cap Breton, Nouvelle-Écosse, une première baleine noire a été observée lors d’une surveillance aérienne effectuée par Pêches et Océans Canada. Pour le moment, elle ne se trouve pas dans les zones touchées par les fermetures dynamiques de zone de pêche.

À titre comparatif, la première baleine noire vivante repérée l’année dernière dans les eaux canadiennes était aperçue en mars. Dans le golfe du Saint-Laurent, plus précisément dans le quadrilatère de fermeture statique de la pêche au crabe des neiges, la première baleine noire était observée le 17 mai 2017. Les données d’observation montrent qu’entre 2014 et 2017, les baleines noires sont arrivées entre le 15 et le 31 mai.

Du côté des États-Unis, le 11 mai, dans les environs du Grand canal du Sud, au sud du golfe du Maine, 31 baleines noires étaient observées par un vol de reconnaissance de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). L’Anderson Cabot Center for Ocean Life signale que les baleines noires se trouvent dans la région de la baie de Cape Cod plus tard dans l’année qu’à l’habitude. La pêche au homard dans cette région a été repoussée de deux semaines, pour permettre aux baleines de quitter le secteur.

En savoir plus

La page de Pêches et Océans Canada sur la protection des baleines en voie de disparition au Canada

La carte interactive des observations de baleines noires de la NOAA

Même si les modifications à la saison de pêche inquiètent plusieurs travailleurs, que ce soit des pêcheurs ou des employés des usines de transformation, les mesures répondent à un impératif de protection de cette espèce en voie de disparition pour minimiser les risques d’empêtrement. Qui plus est, la protection des baleines noires fait partie des éléments essentiels à la certification durable des produits de la mer, une certification nécessaire à l’exportation aux États-Unis et recherchée également par les consommateurs canadiens. Pour le moment, la pêche au crabe des neiges n’est pas commencée partout en raison du couvert de glace encore présent et des conditions météorologiques difficiles.

Parmi les mesures annoncées, une zone incluant neuf quadrilatères de pêche au crabe des neiges ou de homard, soit 2 400 km2, sera fermée pour une durée de 15 jours au minimum, si une baleine noire est vue dans un secteur de pêche. Les pêcheurs auront 48 heures suivant l’émission de la consigne pour retirer leur matériel.

À partir du 28 avril, une zone de pêche de 14 000 kmsera également fermée pour les crabiers. C’est dans cette zone que 90 % des observations de baleines noires avaient été faites l’an dernier. Néanmoins, cela ne veut pas dire que les baleines se trouveront au même endroit cet été. Pour les pêcheurs de homard, une zone d’environ 1900 km2 sera fermée au large du Nouveau-Brunswick.

À partir du 28 avril, la zone en jaune sera fermée à la pêche au crabe des neiges. © Pêches et Océans Canada

 

«Il n’y a pas de mesure parfaite», souligne Sean Brillant, biologiste principal en conservation à la Fédération canadienne de la faune. «La fermeture d’une aussi grande zone est audacieuse, et je crois qu’il peut s’agir d’un compromis gagnant pour tous.»

La mesure de ralentissement obligatoire sera aussi de retour du 28 avril jusqu’au 15 novembre. Les navires de 20 m et plus ne devront pas dépasser la vitesse de 10 nœuds (18,5 km/h) dans la portion ouest du golfe du Saint-Laurent. Cette mesure a maintes fois été reconnue pour son efficacité à différents endroits sur la planète pour prévenir les collisions entre navire et baleines et, en cas de collision, pour réduire les risques de décès.

Du côté de l’Île-du-Prince-Édouard, les pêcheurs de homard de la zone 24 ont décidé d’augmenter leur effort de protection des baleines noires en réduisant le nombre de lignées de cordages mis à l’eau, en regroupant plusieurs cages sur une seule lignée. Selon eux, cela permettra d’éliminer environ 16 000 bouées, qui chacune comptaient 39 à 42 mètres de cordage.

Les chercheurs l’appellent Kleenex. Cette baleine noire connue depuis 1977 nage depuis maintenant trois ans avec un cordage enroulé autour de la tête. Le 12 avril, lorsqu’elle a été vue par une équipe du Center for Coastal Studies dans le Stellwagen Bank National Marine Sanctuary, au large du Massachusetts, États-Unis, le cordage était toujours présent et la baleine est apparue faible et amaigrie aux yeux des chercheurs. Une tentative de dépêtrement a été effectuée, et une partie du cordage a été coupée avant que la baleine ne disparaisse. Depuis, les conditions météo n’ont pas permis de retourner en mer pour voir l’état de Kleenex.

Kleenex représente le cas typique d’empêtrement chronique que subissent près de 85% des baleines noires au moins une fois au cours de leur vie. Et tandis que la saison de la pêche au crabe des neiges et au homard est commencée depuis quelques semaines sur la côte est canadienne et états-unienne, des mesures de protection ont été mises en place dans les deux pays pour tenter de réduire les risques de décès de ces baleines en voie de disparition.

La baleine noire appelée Kleenex a été photographiée en 2002 au large de Percé, en Gaspésie.

Les empêtrements chroniques nuisent à la capacité de reproduction des baleines noires de l’Atlantique Nord. La saison des naissances pour cette espèce s’est terminée avec la fin du mois de mars et toujours aucun nouveau-né n’a été observé. Cette situation est particulièrement inquiétante, puisqu’il ne reste que 450 baleines noires de l’Atlantique Nord et que 18 carcasses d’individus de cette espèce ont été retrouvées au cours des 12 derniers mois. Kleenex, elle, a été une femelle très productive. Elle serait même à la tête d’une lignée comptant près de 5 % des baleines noires de l’Atlantique Nord. Elle est donc la mère, grand-mère et arrière-grand-mère d’une vingtaine de baleines, rendant son sauvetage d’autant plus important et symbolique.

Au Canada, le ministre des Pêches et des Océans du Canada, Dominic LeBlanc, a annoncé la levée de l’interdiction des opérations de dépêtrement. Un moratoire sur l’activité avait été annoncé en juillet dernier à la suite du décès du sauveteur Joe Howlett.

Une façon d’éviter complètement les empêtrements (et les opérations de sauvetage qui en découle) serait la mise en marché d’engin de pêche sans cordage. «Il y a deux ans, les chercheurs qui proposaient cette idée passaient pour des hurluberlus. Cette année, des prototypes sont à l’essai par certains pêcheurs. Parfois, les solutions demandent de l’audace», commente Robert Michaud, directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins et coordonnateur du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins.

Par François Vachon – L’année 2017 s’est avérée particulièrement sombre pour les baleines noires. Au total, 17 carcasses d’individus ont été trouvées dans l’Atlantique Nord. De ce nombre, 12 ont été repérées dans le golfe du Saint-Laurent — certains animaux ayant succombé à des collisions avec des navires ; d’autres à des empêtrements dans des engins de pêche. À l’heure actuelle, la population en voie d’extinction compte quelque 450 individus, dont seulement une centaine de femelles en mesure de se reproduire.

Le ministre de Pêches et Océans Canada, Dominic LeBlanc, avait déjà annoncé l’adoption de mesures destinées à encadrer la pêche au crabe des neiges. Le 27 mars dernier, M. LeBlanc et son collègue des Transports, Marc Garneau, ont tenu une conférence de presse à Ottawa pour annoncer des mesures de protection additionnelles visant à protéger la baleine noire.

Les nouvelles mesures annoncées

Premièrement, la saison de pêche sera devancée dans la zone 12 (dans le sud du golfe) pour permettre aux pêcheurs d’atteindre leurs quotas de pêche avant l’arrivée des baleines noires dans le golfe. Un brise-glace de la Garde côtière veillera à ce que les pêcheurs du nord du Nouveau-Brunswick soient en mesure de prendre la mer le plus tôt possible.

En outre, les pêcheurs devront retirer leurs équipements de l’eau avant le 30 juin, soit deux semaines plus tôt que les dernières saisons. De même, le nombre de casiers qu’il leur sera permis de mettre à l’eau sera réduit par rapport à 2017. Ils devront assurer un suivi plus rigoureux des bouées et des cordages et rapporter tout contact avec des baleines. Après le 28 avril, les pêcheurs devront pêcher dans les zones où aucune baleine n’a été aperçue depuis le début de la saison l’année dernière.

Quant à lui, le ministre Garneau a annoncé que la limitation de vitesse serait aussi imposée plus tôt cette année. Du 28 avril au 15 novembre, les navires de 20 m et plus seront donc tenus de réduire leur vitesse à 10 nœuds (18,5 km/h) lorsqu’ils naviguent dans l’ouest du golfe du Saint-Laurent. Ils pourront toutefois garder leur vitesse de croisière normale dans certaines voies de navigation au nord et au sud de l’ile d’Anticosti lorsqu’il n’y a pas de baleines. La surveillance sera accrue dans les airs comme sur l’eau pour repérer les baleines noires. Une pénalité maximale de 25 000 $ est prévue pour les contrevenants.

L’une des annonces majeures de la conférence est sans aucun doute la levée du moratoire sur les opérations de sauvetage de baleines empêtrées dans des cordages. Cette mesure avait été adoptée l’été dernier, après le décès du sauveteur de baleines Joe Howlett. Selon le ministre LeBlanc, Pêches et Océans Canada travaille actuellement à la mise au point d’un protocole qui assurera la sécurité des équipes de sauvetage lors de désempêtrements.

Les zones de pêche où des baleines auront été aperçues cette année seront fermées pour une période de 15 jours. Pour que cette restriction soit levée, deux patrouilles aériennes devront confirmer que les baleines ont bien quitté les zones.

Enfin, de nouveaux prototypes de casiers comportant une bouée immergée qui retient les cordages sous l’eau seront mis à l’essai en cours de saison.

Le ministre LeBlanc a précisé que les mesures proposées étaient adaptables et que d’autres pourraient s’ajouter, s’il y a lieu. Il a également déclaré que le Canada se devait d’adopter des mesures vigoureuses pour éviter que la réputation de l’industrie des pêches en matière de protection des espèces en voie de disparition ne soit minée davantage.

Quatre nouvelles mesures de gestion de la pêche au crabe des neiges ont été annoncées par le ministre des Pêches et des Océans du Canada, Dominic LeBlanc, afin de réduire les risques d’empêtrements pour les baleines noires de l’Atlantique Nord.

1) La quantité de cordages flottant à la surface devra être réduite à une longueur maximale de 3,7 mètres entre une bouée principale et une bouée secondaire. Il n’y avait pas de longueur maximale auparavant.

2) Chaque zone de pêche aura une couleur de cordage spécifique, ce qui permettra de retracer d’où vient le cordage.

3) Chaque bouée devra être identifiée à l’aide d’un numéro séquentiel, en plus de l’actuel marquage du numéro d’immatriculation du navire.

4) Le matériel de pêche perdu devra obligatoirement être déclaré aux autorités. Ainsi, le matériel aura plus de chance d’être retrouvé et récupéré.

À ces quatre mesures s’ajoute la possibilité que la saison de pêche soit devancée, pour une zone ou pour l’ensemble du territoire, si la couverture de glaces et les conditions météorologiques le permettent, afin que la pêche se termine avant l’arrivée des baleines.

Plus de 80% des baleines noires seront empêtrées au moins une fois dans leur vie dans des engins de pêche. En 2015, 85% des décès des baleines noires de l’Atlantique Nord tout au long de la côte est américaine ont été attribués aux prises accidentelles. Et même lorsqu’un empêtrement n’entraine pas la mort directement, il peut avoir un effet à long terme sur la santé de l’animal et même sur ses capacités à se reproduire. Les mesures annoncées aujourd’hui répondent donc à un réel enjeu.

«C’est un travail continu qui ne s’arrête pas avec les mesures qui sont annoncées aujourd’hui.»

– Dominic LeBlanc, ministre des Pêches et des Océans du Canada

«C’est un travail continu qui ne s’arrête pas avec les mesures qui sont annoncées aujourd’hui», confirme le ministre en conférence de presse à Moncton. Au cours des prochaines semaines, le gouvernement fédéral devrait annoncer des investissements se chiffrant à plusieurs millions de dollars pour la détection des baleines dans certains secteurs sensibles et la prévention des collisions.

Concernant la réduction de vitesse, le ministre a qualifié de «très probable» le retour de cette mesure lors de la saison estivale. Les recherches scientifiques, a-t-il déclaré, démontrent bien l’efficacité de la prévention des collisions.

Questionné sur le moratoire sur les opérations de dépêtrement sur les baleines noires, le ministre LeBlanc a assuré que le gouvernement étudiait la situation et attendait le rapport sur l’incident ayant couté la vie au pêcheur et sauveteur de baleine Joe Howlett, décédé en juillet dernier. Depuis lundi, les membres du Canadian Whale Disentanglement Specialist Group, un organisme lié à l’Alliance canadienne des réseaux d’urgences pour les mammifères marins, sont réunis à Halifax et se penchent justement sur la délicate question des opérations de dépêtrement.

Robert Michaud, directeur scientifique du GREMM et coordonnateur du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins y assiste et a écouté avec ses collègues l’annonce du ministre. «Nous sommes heureux que le gouvernement fédéral aille de l’avant. Les mesures annoncées sont toutes importantes, mais elles n’offrent pas des gains importants en termes de protection pour les baleines noires. On attend donc les prochaines annonces avec impatience», a-t-il déclaré. Quant à la question de l’ouverture hâtive de la saison de pêche, «c’est une mesure intéressante, mais complexe. Est-ce qu’en devançant la saison, on se retrouvera à avoir un plus grand impact sur d’autres espèces, comme les rorquals bleus?»

Actualité - 12/12/2018

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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