Un petit rorqual empêtré dans du cordage a été signalé au Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) par des passagers d’une croisière d’excursion aux baleines le 20 juin dernier. Encore aujourd’hui, du cordage se trouve sur son dos. L’animal a des comportements de respiration et de nage normaux. Il a été vu parmi d’autres petits rorquals qui s’alimentaient.

Depuis la première observation, le RQUMM collabore avec l’équipe du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent et les spécialistes du Campobello Whale Rescue Team, basée au Nouveau-Brunswick, pour établir un plan d’intervention. Cette équipe et celle du Whale Release and Strandings, basée à Terre-Neuve, sont les seules à avoir l’expertise nécessaire à l’obtention des permis octroyés par Pêches et Océans Canada pour effectuer les interventions dans l’est du Canada. Les interventions de dépêtrement demandent une expertise particulière et beaucoup de pratique pour les effectuer de façon sécuritaire, tant pour l’animal que pour l’équipe d’intervention.

Pour tenter une intervention auprès d’un animal qui nage librement et avec vigueur, il faut être en mesure d’y attacher des bouées et une balise satellite pour parvenir à le suivre et éventuellement le ralentir. Afin d’éviter de stresser l’animal davantage ou de le blesser, les spécialistes tentent de fixer ces bouées sur le cordage qui traine parfois derrière les animaux empêtrés. Pour l’instant, les observations recueillies n’ont pas permis de confirmer si l’animal trainait des cordages derrière lui ou non.

Si on peut confirmer que l’animal traine du cordage, une première équipe de Pêches et Océans Canada pourrait tenter d’attacher une balise au petit rorqual. Une fois la balise en place, une des équipes de spécialistes pourrait venir tenter de le dépêtrer.

S’il était impossible d’attacher une bouée au petit rorqual, les spécialistes demandent de suivre l’évolution de la situation. Si le petit rorqual venait à se fatiguer et nager plus lentement, une autre approche pourrait être tentée pour le libérer de ses cordages. Ces opérations délicates peuvent parfois prendre quelques semaines à quelques mois.

Ce que vous pouvez faire

Le petit rorqual a été observé plusieurs fois au cours de la journée du 27 juin à partir de la rive aux Grandes-Bergeronnes. Si vous le voyez au cours des prochains jours, notez immédiatement sa position et communiquez avec Urgences Mammifères Marins au 1-877-722-5346 (1-877-7baleine). Si l’occasion se présente, prenez des photos ou des vidéos et transmettez-les à Urgences Mammifères Marins rapidement. Ces informations seront précieuses pour évaluer les options d’intervention, pour suivre l’évolution de la santé de l’animal et pour prévenir les futurs empêtrements.

Si vous êtes sur l’eau, il est primordial que vous mainteniez une bonne distance pour ne pas augmenter le stress de l’animal et pour éviter tout danger supplémentaire. L’animal pourrait trainer du cordage dans son sillon qui pourrait se prendre à son tour dans votre moteur ou votre embarcation. Par ailleurs, le Règlement sur les mammifères marins stipule que 100 mètres doivent être conservés en tout temps entre une embarcation et une baleine, et dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, 200 mètres doivent être conservés.

«Surtout, il ne faut pas tenter de dépêtrer l’animal», rappelle Robert Michaud, coordonnateur du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins. «On voit souvent des vidéos circuler sur les réseaux sociaux de dépêtrements faits par des gens bien intentionnés. Par contre, une mauvaise intervention peut blesser encore plus l’animal et même le mener à la mort. Et les dangers qu’encourent les sauveteurs peuvent être grands avec un animal sauvage.»

Pour en savoir plus sur les opérations de dépêtrement, consultez l’article «Baleine empêtrée, une situation complexe».

Urgences Mammifères Marins - 27/6/2019

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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