Les souffles caverneux explosent l’un après l’autre, laissant six colonnes blanches et cylindriques s’estomper lentement. Un troupeau de rorquals communs nage en formation serrée dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, le 6 septembre. «C’est vraiment impressionnant de voir comment ils arrivent à se coordonner sans se rentrer dedans», souligne un croisiériste.
Les rorquals à bosse aussi nagent à ce moment de façon rapprochée. Une technique de chasse pour regrouper les proies? C’est possible! La capacité des cétacés à développer des techniques de chasse coordonnant plusieurs individus montre bien leur habileté à communiquer entre eux.
Certains individus ont quitté les grands groupes, comme H915 et H916, deux rorquals à bosse connus depuis 2018. Ils se trouvent parmi douze petits rorquals le 9 septembre dans la «mangeoire» de Pointe-des-Monts, rapporte René Roy. «Les deux bosses semblent glisser lentement vers la sortie avec l’appel de la reproduction. Elles billotaient tout doucement côte-à-côte lorsque je les ai surprises», raconte-t-il. «Mais ce qui me désole un peu, ce que je n’ai vu aucune baleine bleue lors de mes trois dernières sorties et j’ai couvert presque tout l’estuaire.» Des rorquals bleus se trouvent quelques centaines de kilomètres plus en aval, du côté de Port-Cartier, où Jacques Gélineau en photographie six le 9 septembre.
Mais s’il y a des troupeaux hallucinants à observer, ce sont bien ceux des dauphins à flancs blancs. Encore présents cette semaine du côté de Port-Cartier et de la pointe gaspésienne, les dauphins à flancs blancs nagent en groupes dynamiques. Certains individus bondissent hors de l’eau , à plusieurs mètres de haut! Rapides nageurs, les dauphins à flancs blancs pourchassent de petits poissons pour s’alimenter. Cette espèce vous intrigue? Jacques Gélineau et Anik Boileau en parlent à l’émission radiophonique Boréale 138.
Siam le rorqual à bosse à Sept-Îles
La première photo permettant d’identifier Siam remonte à 1981, quand des résidents de Tadoussac l’ont photographié alors qu’ils étaient en chaloupe! Siam a donc au moins une quarantaine d’années, si ce n’est plus. La longévité des rorquals à bosse est estimée à 80 ans.
Siam est en quelque sorte le doyen des rorquals à bosse : jusqu’en 1994, il était le seul rorqual à bosse à remonter jusqu’à Tadoussac. Sa dernière observation dans l’estuaire date de 2017, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne vient plus dans le Saint-Laurent. La semaine dernière, Jacques Gélineau le photographiait au large de Sept-Îles. Cette semaine, il n’a pas été revu. A-t-il traversé vers la Gaspésie? Est-il descendu vers la Minganie? Ou remonte-t-il le courant vers le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent? À suivre!
C’est la saison des oiseaux!
Si les amoureux des baleines sont prêts à faire de longues heures de route pour espérer repérer un dos quelques secondes, les ornithologues, eux, bravent le froid, la pluie et le vent pour observer les milliers d’oiseaux qui traversent le Québec en ce moment dans leur migration. Jessé Roy-Drainville dénombre les passages à partir du belvédère des dunes de Tadoussac et les publie en direct sur Trektellen tous les jours. Le 8 septembre, il recense ainsi 758 oiseaux, dont 423 rapaces, en 10 heures! En tout, il aura dénombré la présence de 37 espèces en une seule journée, sans compter les souffles de rorquals communs et rorquals à bosse au large. Dire que parfois, on trouve difficile de reconnaitre les espèces de baleines…
Bélugas sur fond noir
«Je vois moins de bélugas à Saint-Irénée, alors je suis allée à Pointe-Noire», confie une observatrice. «J’ai adoré. Les bélugas étaient comme une constellation, des points blancs sur un fond noir.» Le Centre d’interprétation et d’observation de Pointe-Noire a été un des premiers points de recherche sur les bélugas du Saint-Laurent, alors que la journaliste Leone Pippard commence à photo-identifier les bélugas en 1973. Quarante-sept ans plus tard, des assistants de recherche du GREMM y poursuivent le patient travail.
Le 8 septembre, au large des Escoumins, une vingtaine de dos blancs de bélugas tranchent les eaux grises du Saint-Laurent, comme de petits croissants de lune. Les bélugas aussi nagent en troupeau, parfois de petite taille, parfois comptant des centaines d’individus. La journée tire à sa fin, les villages se sont délestés d’un bon nombre de touristes et la nature semble peu à peu trouver son calme dans la fraicheur de septembre.
Où sont les baleines cette semaine? Voilà ce que nos collaborateurs et collaboratrices ont vu!
Ces observations donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!
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