Du plus loin qu’elle se souvienne, Anik Boileau a toujours été fascinée par les mammifères marins. C’est dès l’âge de 7 ans, en voyage à Percé, qu’elle tombe nez à nez avec un rorqual commun échoué. L’émotion de cette rencontre se transforme très vite en premières réflexions scientifiques. Que lui est-il arrivé?

Quelques années plus tard, alors au cégep et suite à la lecture de «Cassiopée-L’été des baleines» de Michèle Marineau qu’une amie lui a vivement conseillée, elle découvre la Station de recherche des iles Mingan (MICS) et les stages étudiants que l’organisme propose. D’abord engagée pour 10 jours, elle y restera finalement 5 ans. Forte de son expérience, elle retourne sur les bancs de l’école où elle se spécialise en sciences du comportement. Elle rejoint l’American Psychological Association, dans laquelle elle s’intéresse particulièrement aux neurosciences comportementales et à la psychologie comparée. Elle poursuit par la suite un certificat en médecine vétérinaire, jonglant alors entre les sciences médicales et cognitives. Son parcours universitaire ne s’arrête pas là et c’est au cours de ses études de maitrise à l’Université d’Édimbourg en médecine vétérinaire et bien-être animal qu’elle lie pleinement ses deux passions. Aujourd’hui, elle entame un doctorat avec l’Université Laval et l’Université de Montréal en Sciences du bienêtre animal axé sur l’évaluation du bienêtre des rorquals à bosse et rorquals communs.

Aujourd’hui directrice du Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles (CERSI), qu’elle a créé en 2006, elle se donne pour mission d’évaluer le bienêtre des mammifères marins, notamment celui des rorquals à bosse, des rorquals communs et des marsouins communs.

«L’évaluation de l’état de santé et du bienêtre des cétacés est complexe et s’inscrit dans une approche écosystémique. Nous faisons la collecte d’indicateurs physiques, physiologiques et comportementaux des individus afin de tracer un portrait personnel de chaque baleine, contrairement à la biologie de la conservation qui s’attarde à des indicateurs au niveau populationnel», note la chercheure.

Ses étés, elle les passe en mer. Photo-identification des rorquals, analyse des comportements, de l’état de chair et des images aériennes captées avec drone. L’hiver, elle revêt le chapeau d’enseignante et conseillère pédagogique au Cégep de Sept-Îles où elle transmet sa passion et son expertise aux chercheurs de demain.