Siam

Rorqual à bosse

ligne décoration
  • Numéro d’identification

    H007

  • Sexe

    Mâle

  • Naissance

    Inconnue

  • Connu depuis

    1981

Ses traits distinctifs

Siam, un diminutif de « siamois », doit son nom au patron de coloration particulier situé sous sa queue. En effet, les yeux de félin qui ressortent dans la partie noire de cette dernière lui donnent l’allure d’une tête de chat siamois. Le reste de sa queue est d’un blanc quasi immaculé.

© Renaud Pintiaux
Siam © GREMM
Siam, 12 juillet 2017.

Son histoire

Véritable doyen, ce rorqual à bosse a longtemps été le seul de son espèce à remonter le Saint-Laurent jusqu’à Tadoussac. Il est venu faire de brefs séjours dans l’estuaire chaque année de 1981 à 1994. Grand voyageur, il s’est ensuite absenté pendant de longues années, fréquentant assidument la Minganie et la Gaspésie. Il est revenu dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent en 2001. Depuis ce temps, il vient régulièrement y effectuer de plus longs séjours.

Siam a été photographié pour la première fois en 1981 par des résidents de Tadoussac en chaloupe au large de la pointe à la Carriole. Depuis ce temps, l’équipe du Station de recherche des Iles Mingan (MICS) l’a aperçu chaque année dans la région de Mingan.

En 2014, le GREMM et Pêches et Océans Canada ont mené ensemble un projet visant le suivi télémétrique des grands rorquals. Le 15 juillet, ils ont réussi à fixer une balise sur le dos de Siam en matinée. Grâce à cette dernière, ils ont été en mesure de suivre les déplacements de l’animal sur le terrain. Malgré des sauts hors de l’eau et un périple qui a conduit l’équipe à 12 milles au large de la rivière des Petits Escoumins, la balise a tenu pendant 11 heures !

En 2017, des chercheurs ont également profité du séjour de Siam dans la péninsule pour installer une balise à ventouse sur son dos. Ce petit dispositif, conjugué à l’utilisation d’un drone captant des images aériennes, permettra aux scientifiques du MICS et de la Sea Mammal Research Unit (SMRU) d’en apprendre davantage sur l’état de santé général de l’animal.

Historique des observations dans l’estuaire

1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023

Années pendant lesquelles l’animal n’a pas été observé Années pendant lesquelles l’animal a été observé

Dernières nouvelles issues des publications Portrait de baleines

Avec le matricule H007, il aurait pu s’appeler James Bond. Mais ce sont les yeux de chat siamois dessinés sur sa caudale qui ont décidé de son patronyme. Si l’arrivée de ce gros rorqual à bosse âgé d’au moins une quarantaine d’années crée l’émoi, c’est qu’il partage une longue histoire d’amour avec l’estuaire. Photographié une première fois en 1981 par des pêcheurs tadoussaciens au large de la pointe à la Carriole, Siam fut longtemps le seul rorqual à bosse à s’aventurer aussi haut dans le Saint-Laurent. À l’époque, cette zone est le repaire privilégié des rorquals communs et des rorquals bleus. Au fil des ans, Siam est progressivement rejoint par d’autres rorquals à bosse, comme Le Souffleur, Nasique… et même la toute jeune Tic Tac Toe, qui s’aventure en direction de Tadoussac en 1999.

D’abord fidèle à l’estuaire, Siam s’absente ensuite pendant des périodes de parfois plusieurs années, préférant alors la Minganie ou la Gaspésie comme zone d’alimentation. Avant son apparition la semaine dernière, il n’avait ainsi pas été observé dans le parc marin depuis 2017. On sait aussi que Siam a été identifié en hiver dans les Caraïbes, au large de Porto Rico. Logique, puisqu’il s’agit de l’un des sites de reproduction des baleines à bosse de l’Atlantique Nord. Des descendants de l’imposant Siam sont-ils présents dans le Saint-Laurent ? Probable, mais difficile à prouver car les mâles rorquals à bosse ne s’occupent pas de leurs veaux… Descendance ou pas, l’héritage de Siam reste inégalé.

Absent du secteur de l’estuaire depuis 2012, Siam (H007) est aujourd’hui de retour chez nous ! Il nous arrive tout droit de la Gaspésie, où sa présence fut rapportée le 29 juin dernier. Des chercheurs ont profité de son séjour dans la péninsule pour lui poser une balise à ventouses. Ce petit dispositif, conjugué à l’utilisation d’un drone captant des images aériennes, permettra aux scientifiques de la Station de recherche des Iles Mingan et de la Sea Mammal Research Unit (SMRU) d’en savoir plus sur l’état de santé général de Siam.

Ce rorqual à bosse est connu depuis belle lurette : la première rencontre remonte à 1981, année où des pêcheurs tadoussaciens le photographient au large de la pointe à la Carriole. Depuis, ses visites dans notre zone ont connu des sauts chronologiques, Siam préférant certaines années la Gaspésie et la Minganie à l’estuaire. Un patron de coloration particulier sous la queue où deux yeux de chat semblent se détacher lui aura valu le nom de Siam, en référence à la race féline bien connue – les Siamois.

H007 appartient à la population de rorquals à bosse de l’Atlantique-Nord. Les mâles de cette population se regroupent chaque année dans les Caraïbes et produisent des chants harmonieux en guise de stratégie reproductrice. Leur répertoire vocal est fascinant : des segments longs et courts s’entrecroisent, ponctués de silences et de répétitions, le tout structuré selon une hiérarchie calculée. Des chercheurs se sont ainsi affairés à décortiquer des sérénades de rorquals à bosse en « thèmes » qui se manifestent dans un ordre précis, et chacun serait composé de quelques « phrases » souvent répétées – la durée de celles-ci oscillerait entre 20 et 40 secondes. 10 minutes de chants variés pourraient s’écouler avant que le rorqual à bosse ne revienne à son « thème » central.

Tiré de PAYNE, R. S. and S. MCVAY. 1971. Songs of humpback whales. Science 173: 585-597

D’autre part, un transfert de l’héritage culturel a été constaté chez certains cétacés, dont les rorquals à bosse. Dans chaque population, les mâles se conforment à un chant précis constitué de « thèmes » enchainés de façon spécifique. Une étude conduite entre 1998 et 2008 auprès de nombreuses populations de baleines à bosse de l’océan Pacifique a révélé l’existence d’une transmission culturelle dite horizontale – soit intergénérationnelle ou entre individus d’une même classe d’âge sans liens familiaux – de ces séquences mélodieuses, qui suivrait une trajectoire est-ouest.

Le patriarche. Ce rorqual à bosse a longtemps été le seul de son espèce à remonter le Saint-Laurent jusqu’à Tadoussac. Tous les ans, entre 1981 et 1994, il venait y faire de brèves incursions. Puis, il s’absente pendant de longues années, fréquentant avec assiduité la Minganie et la Gaspésie. On le revoit dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent en 2001, et depuis, il vient régulièrement, pour des séjours souvent plus longs que ce qui était dans ses habitudes. Cette année, il est arrivé dans le secteur à la fin juin. Depuis, on l’observe parfois seul, parfois avec un autre rorqual à bosse, que ce soit Blizzard, Irisept ou Aramis.

Ce mâle adulte figure au catalogue des rorquals à bosse de l’Atlantique Nord, qui compte un peu plus de 7000 individus. Géré par le College of the Atlantic/Allied Whale, ce catalogue regroupe des photos prises par différents chercheurs, autant dans les aires d’alimentation en été que sur les sites de reproduction l’hiver. Selon ces informations, Siam aurait été identifié l’hiver dans les Caraïbes, au large de Porto Rico. Un mâle comme lui fait probablement le voyage chaque année : 5 000 km à l’automne pour passer l’hiver à chanter et combattre d’autres mâles dans les eaux limpides du Sud, afin d’avoir la chance de s’accoupler avec une femelle! Au printemps, il lui faut reparcourir ces 5000 km vers les eaux froides et productives du Saint-Laurent, afin de refaire ses réserves de graisse en vue de la prochaine saison de reproduction.

En 1981, c’est par hasard que des résidants de Tadoussac rencontrent Siam pour la première fois, en chaloupe au large de la pointe à la Carriole. Nous sommes au tout début des excursions en mer à la rencontre des baleines de la région. Cette photo « amateure » deviendra une donnée scientifique précieuse!