Durant la saison estivale, treize espèces de baleines se nourrissent dans les eaux riches du Saint-Laurent. Certaines espèces sont plus fréquemment observées que d’autres. Petits rorquals, rorquals à bosse, rorquals communs et rorquals bleus sont les baleines à fanon les plus nombreuses. Du côté des baleines à dents, les bélugas et les marsouins communs ravissent les observateurs. Eh bien, ces six espèces ont été vues cette semaine, signe que la saison d’observation est bien commencée! Ah oui, il y a aussi deux baleines noires de l’Atlantique Nord qui ont été observées bien au large dans le golfe.

Petit rorqual

La plus petite des espèces de baleines à fanon a été observée devant Baie-Comeau, Cap-Chat, Cap-aux-Os, Les Bergeronnes, Les Escoumins et Sainte-Anne-des-Monts. Le petit rorqual mesure de 6 à 9 m. Lorsqu’il fait surface, on peut généralement voir son évent et sa nageoire dorsale en même temps. Le dos forme alors une demi-lune.

Rorqual commun

Rajoutons 10 mètres au petit rorqual et on a un rorqual commun (18 à 24 m)! Non, il y a bien plus que la différence importante de taille qui distingue visuellement ces deux espèces. Sur le petit rorqual, on trouvera des taches blanches sur les nageoires pectorales. Alors que sur les rorquals communs observés du côté de l’Anse-au-Griffondes Bergeronnes ou de Port-Cartier, on note plutôt une mâchoire en deux teintes, noire du côté gauche et blanche du côté droit. C’est aussi du côté droit qu’on voit bien les chevrons gris, blancs, bruns et noirs à l’arrière de la tête. Lorsque le rorqual commun fait surface, on peut souvent compter quelques secondes entre le moment où on voit l’évent et la nageoire dorsale.

Rorqual bleu

Long de 21 à 28 m, le rorqual bleu gagne la palme de la démesure. Mais si les plus grands rorquals communs peuvent atteindre une taille similaire aux plus petits des rorquals bleus, comment les départager? Par leur couleur! Le dos des rorquals communs est plutôt foncé tandis que celui des rorquals bleus revêt une teinte gris-bleu. Mais les reflets du soleil ou la luminosité peuvent rendre la distinction des couleurs difficile, comme on peut le voir sur cette photo prise le 29 avril dernier au large de Sept-Îles. La nageoire dorsale des rorquals bleus semble minuscule sur le long dos et sa forme est généralement plus triangulaire que celle des rorquals communs.

Rorqual à bosse

Ils nagent en paire et même en trio au cours des derniers jours dans la baie de Gaspé, vis-à-vis Cap-aux-Os. Les rorquals à bosse ont un dos bien noir, surmonté d’une petite bosse sur laquelle trône la nageoire dorsale. Les nageoires pectorales, elles, sont dentelées. C’est la seule espèce à avoir de telles nageoires.

Marsouin commun

Les marsouins communs sont très présents dans le Saint-Laurent, mais souvent difficiles à voir. Avec leur petite taille (1,3 à 2 m), leur dos n’apparait à la surface qu’une demi-seconde au large de l’Anse-au-Griffon. Comment les distinguer des dauphins? Ils ont une nageoire dorsale triangulaire semblable à une voile, tandis que celle des dauphins ressemble plus à une faucille. Les dauphins sont aussi généralement plus grands et fuselés.

Béluga

Bon, celui-là, il est difficile à manquer. Le béluga adulte est tout blanc. Mais attention, parmi les bélugas nagent parfois des bêtes grises ou même brunâtres. Qui sont-elles? Des bélugas juvéniles! Le béluga change de couleur au cours de sa vie. Il est brun pâle à la naissance, puis gris-bleu foncé avant de s’éclaircir progressivement jusqu’à devenir tout blanc à l’âge de 12 à 16 ans. Cette semaine, des bélugas sont observés dans Charlevoix (L’Isle-aux-Coudres, Cap-aux-Oies et Saint-Irénée), dans le Bas-Saint-Laurent à Rivière-du-Loup et sur la Haute-Côte-Nord, de Tadoussac aux Escoumins.

Le capelan roule déjà à L’Isle-aux-Coudres, ce qui pourrait expliquer l’abondance de bélugas près de l’ile la fin de semaine dernière. Vous voyez du capelan? N’hésitez pas à le signaler à eCapelan. Les observations servent à documenter l’état de ce poisson très important dans l’alimentation de nombreuses espèces.

Observations de la semaine - 7/5/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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