Depuis la fenêtre de sa demeure de Sept-Îles, une riveraine tourne son regard vers l’extérieur pour admirer le ciel flamboyant du soleil couchant de ce lundi soir. C’est à ce moment que ses yeux se posent sur un amoncellement de taches noires au loin, sur le rivage : des phoques! Elle les compte et en dénombre une soixantaine, mais sans ses jumelles et dans la noirceur croissante, elle n’est pas en mesure d’identifier l’espèce. «C’est difficile de dire ce que c’est d’aussi loin», confie-t-elle.
Plus en amont, aux Escoumins, un capitaine rapporte lui aussi la présence de pinnipèdes non loin de la station des Pilotes. Cette semaine, ses collègues et lui-même voient, chaque jour, des phoques gris pointer le bout de leur museau en nageant. «On les voit sortir leur grosse tête sombre hors de l’eau», raconte-t-il. Non loin de là, une employée du GREMM croise le chemin d’un phoque commun à proximité du Centre d’interprétation des mammifères marins de Tadoussac. Du côté de la baie Gaspé, une observatrice rapporte elle aussi la présence d’un phoque commun se reposant, seul, sur la banquise. Mais cette rencontre a été accompagnée d’un visiteur insolite : «Jeudi dernier, c’est en scrutant le paysage à la recherche d’oiseaux et de mammifères marins que je l’observe en plein milieu de la baie». À une certaine distance, un renard fait son chemin sur la glace, petit point roux sur l’étendue d’ivoire.
Du krill sous la surface
À Gallix, le navigateur Jacques Gélineau profite d’une journée ensoleillée pour jeter un œil sous l’eau à l’aide d’une caméra étanche. En cette saison, l’eau possède une couleur turquoise et une transparence hivernale qu’on ne retrouve pas en été, en raison de de l’absence de grosses floraisons de phytoplancton. C’est dans cette eau azure qu’il capture les images d’un petit banc de krill nageant et virevoltant entre la surface miroitante et le banc sablonneux.
Le krill qu’on voit ici fait partie du zooplancton, c’est donc un organisme appartenant au règne animal, vivant en suspension dans la colonne d’eau. Plusieurs espèces zooplanctoniques dépendent de la glace saisonnière pour survivre et prospérer, puisqu’elles se nourrissent de microalgues qui se forment, l’hiver, sur la face submergée de la banquise. Cependant, depuis maintenant plusieurs années, les changements climatiques provoquent un réchauffement graduel du fleuve et, par conséquent, une réduction progressive du couvert annuel de glace. On assiste donc par le fait même à une baisse de l’abondance de certaines espèces planctoniques, telles que le copépode Calanus glacialis. Ces changements affectent en domino tous les niveaux de la chaîne alimentaire et touchent, entre autres, les rorquals communs. À l’inverse, la présence de glace abondante cette année sur les eaux du Saint-Laurent est une bonne nouvelle pour les amateurs de baleines.
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