Durant l’hiver, la majorité des rorquals à bosse qui fréquente le Saint-Laurent se trouverait à des centaines de kilomètres de là, dans les Caraïbes. Et nos observateurs le disent, les baleines ne sont pas devant les rives enneigées ces jours-ci! Heureusement, des récits nous arrivent du Sud, un peu par hasard. Le 22 janvier, par la compagnie de croisière Whale Samana, basée en République dominicaine, nous avons eu des nouvelles d’Aramis!
Grâce à la communauté des personnes passionnées de baleines, une photo mise sur Facebook par l’équipage a permis d’identifier cette femelle rorqual à bosse née en 2007. Aramis fait partie des baleines fréquentant assidument le Saint-Laurent. De sa première observation en 2007 auprès de sa mère, la célèbre Tic Tac Toe, jusqu’en 2016, Aramis fréquente l’estuaire chaque été. Mais depuis, elle semble préférer le golfe du Saint-Laurent.
Durant l’hiver, les rorquals à bosse comme Aramis se retrouvent dans les eaux chaudes des Caraïbes. Le secteur de la baie de Samana, au large de la République dominicaine, est reconnu comme un des lieux les plus importants pour la reproduction et la mise bas des rorquals à bosse de l’Atlantique Nord. Un autre rorqual à bosse du golfe, la femelle H141 Dog Ear, avait été observé dans la baie de Samana, en février 2018.
Pourquoi cette baie? Lors de sa naissance, le baleineau n’aura pas une grosse couche de gras pour le protéger du froid. Les eaux chaudes des Caraïbes offrent donc un milieu plus propice pour les baleineaux que celles, froides, du Saint-Laurent. Selon une étude effectuée dans la baie de Samana, les mères et les baleineaux semblent aussi préférer les eaux peu profondes, n’excédant pas 20 mètres. Au cours de l’hiver, à l’abri dans ces eaux calmes et tièdes, la mère allaitera son petit et lui apprendra à nager efficacement, à sauter, à claquer des nageoires, à vocaliser. Puis, au printemps, la paire effectuera la longue nage vers leurs aires d’alimentation. C’est probablement au cours de sa migration printanière qu’Aramis avait été vue en mars dernier avec son premier veau, au large des iles Turques et Caïques, plus connues sous leur nom anglais de Turks et Caïcos.
Verrons-nous d’autres vedettes du Saint-Laurent dans les Caraïbes durant les prochains mois? À suivre!
D’autres préfèrent quand même le froid
Si les baleines ont délaissé les eaux glacées du Saint-Laurent, les phoques, eux, s’en accommodent. Au large des Îles-de-la-Madeleine, les phoques gris ont commencé à donner naissance. Dans le golfe du Saint-Laurent, la proportion de petits phoques gris nés sur la banquise a décliné, passant de 100 % nés sur les glaces en 2004 à 1 % en 2016, en raison de la réduction de la couverture de glace en hiver. Cette année n’a probablement pas fait exception, avec un très faible couvert de glace. Le 22 janvier dernier, un jeune phoque gris âgé de 17 à 25 jours a été observé aux Îles-de-la-Madeleine.
Toujours le 22 janvier, une observatrice se réjouit de faire sa première observation de mammifères marins de l’année. Les phoques semblent arriver un à un dans la baie de Saint-Yvon, à Cloridorme. Aux jumelles, elle note des corps beiges avec de grosses taches noires, semblables à des selles de chevaux. Cette coloration ressemble à celle des phoques du Groenland. Pour cette espèce, la mise bas commencera autour de la mi-février. L’observatrice reverra des phoques par centaines le 27 janvier, arrivant dans la baie au même rythme que la glace. À Grande-Vallée, les phoques du Groenland sont aussi observées en grand nombre, comme le montre cette vidéo.
Du côté de la baie de Gaspé, une riveraine dénombre pas moins de 150 phoques à partir du quai commercial de Gaspé, lorsqu’elle regarde en direction de Penouille. Même s’ils sont loin, le patron de coloration relativement uniforme, la couleur gris-brun claire, et les petites taches indiquent qu’il s’agit probablement d’une échouerie de phoques communs. Cette espèce de pinnipède est la dernière à mettre bas dans le Saint-Laurent, soit au printemps, en mai et juin.
Mais ce qui intrigue surtout notre observatrice sur la baie de Gaspé, c’est un phénomène météo exceptionnel: des rouleaux de neige. Pour créer ces étranges formes, il faut une neige fraiche, humide, qui formera une plaque et sera poussée par de bons vents. La plaque s’enroulera sur elle-même et son centre sera soufflé par les vents. Quand on observe la nature, les surprises sont partout!