Comptant parmi les espèces de cétacés les plus menacées dans le monde, la baleine noire de l’Atlantique Nord fait, depuis 2017, l’objet d’une importante surveillance côté canadien et étasunien. Pour l’année 2021, les nouvelles sont plutôt bonnes : un nombre élevé de naissances a été enregistré et très peu d’incidents impliquant une collision ou un empêtrement ont été rapportés. De quoi réjouir les scientifiques qui travaillent d’arrache-pied à leur conservation! Malgré tout, avec sa population de moins de 350 individus, l’espèce n’est pas encore hors de danger.
Les carnets roses de l’année
Pendant la saison des naissances de 2020-2021, 20 naissances ont été comptabilisées chez les baleines noires de l’Atlantique Nord. Malheureusement, deux de ces veaux sont décédés suite à une collision. Il s’agit du petit de la femelle Infinity (#3230), dont la carcasse s’est échouée sur une plage de Floride en février 2021, et d’un veau inconnu retrouvé mort en Caroline du Nord en novembre 2020. Ce dernier était le premier veau de la saison.
Un autre petit, filmé au large des iles Canaries, en Espagne, a défrayé la chronique. Cet individu, dont les plis fœtaux et la petite taille suggéraient son très jeune âge, n’était pas accompagné de sa mère et n’a pas été revu depuis. Il est donc fort probable qu’il n’ait pas survécu. Sa présence dans la région a surpris les scientifiques et soulevé des questions quant à l’utilisation de cette zone pour la mise-bas.
Un total de 20 naissances pourrait sembler peu pour toute une espèce, mais cette saison de reproduction a été la plus fructueuse depuis 2016! Une nouvelle encourageante pour cette population qui compte désormais moins de 100 femelles matures. Et avec dix naissances déjà enregistrées pour la saison 2021-2022, cette lueur d’espoir brille encore un peu plus fort!
Année blanche au Canada
Cette année, seuls trois décès et quatre incidents préoccupants ont été dénombrés au total. Et pour la deuxième année consécutive, aucun décès n’a été recensé dans les eaux canadiennes!
Outre les veaux décédés, victimes de collisions, on recense une seule carcasse : celle du mâle Cottontail (#3920), mort en février suite à un empêtrement et dont la carcasse a été retrouvée à Myrtle Beach, en Caroline du Sud.
Deux individus ayant été victimes d’un empêtrement ont été rapportés au Canada cette année, soit le mâle #4615 et la femelle Snow Cone (#3560). L’empêtrement de cette dernière avait d’abord été signalé aux États-Unis et trois opérations distinctes ont été mises en branle au cours de l’année pour tenter de la dépêtrer. À terme, bon nombre de cordages ont pu être enlevés, sans toutefois parvenir à la libérer complètement de ses entraves. Ce qui ne l’a pas empêché de donner naissance au mois de décembre à un veau en apparente bonne santé.
Côté étasunien, plusieurs incidents ont émaillé la saison. Le mâle #1803 a lui aussi été aperçu empêtré dans des cordages au large de la Géorgie. La femelle Infinity (#3230) a quant à elle été victime d’une collision avec un navire en Floride, causant le décès de son veau et de profondes blessures. Aucun de ces deux individus n’a été revu depuis.
Des mesures assidues de protection
L’absence de mortalité côté canadien est particulièrement enthousiasmant pour les acteurs de la conservation, après plusieurs années noires. Peut-on en déduire qu’aucune mortalité n’a eu lieu? En réalité, il n’est pas impossible qu’une carcasse ou une baleine en difficulté soit passée inaperçue. Néanmoins, la surveillance intense mise en place limite cette possibilité. La mise en place de tels règlements répond à l’événement exceptionnel de mortalité qui a débuté en 2017, lequel a poussé le Canada à prendre des actions concrètes.
De nombreuses mesures dynamiques de protection sont présentement en vigueur pour assurer la sécurité des baleines noires de l’Atlantique Nord en eaux canadiennes. Par exemple, l’observation d’une baleine noire dans un secteur suspend localement la pêche commerciale pour une quinzaine de jours, afin de limiter les risques d’empêtrements. De plus, dans certaines zones du golfe, les navires de plus de 13 mètres de long se sont vu imposer une vitesse limite obligatoire de 10 nœuds afin de diminuer les risques de collision.
Malgré les nombreux décès de baleines noires dans les récentes années et les obstacles à surmonter pour en assurer la protection, le bilan encourageant de cette année 2021 semble témoigner des efforts nord-américains déployés pour sauver ces géants de la mer de l’extinction. Ces mesures sont-elles en train de porter fruit, ou s’agit-il d’une année d’accalmie plus chanceuse que d’autres? Seul le futur nous le dira.