Ralentissement à dix nœuds dans certains secteurs, fermeture de zones de pêche, surveillance accrue : le gouvernement du Canada a annoncé ses mesures de réduction des risques d’empêtrement et de collisions pour les baleines noires de l’Atlantique Nord. Cette espèce en voie de disparition est une utilisatrice active du golfe du Saint-Laurent durant la saison estivale depuis quelques années. Elle vient s’y nourrir. Le golfe est également traversé de nombreuses voies de navigation et est utilisé pour la pêche. Toutes ces activités ne font pas toujours bon ménage. Seulement l’an dernier, dix carcasses de baleines noires de l’Atlantique Nord ont été trouvées en eaux canadiennes et au moins quatre individus ont été repérés empêtrés dans des cordages liés à la pêche.

Diminuer les risques d’empêtrement

Encore cette année, des zones dites «dynamiques» seront fermées pour 15 jours si une baleine noire de l’Atlantique Nord y est détectée, soit visuellement ou acoustiquement. Nouveauté : des zones pourront fermer jusqu’à la fin de la saison, soit le 15 novembre 2020, s’il y au moins deux baleines repérées plus d’une journée dans le délai de 15 jours.

Parmi les nouveautés importantes, tous les engins de pêche fixes devront être marqués, afin d’identifier le type de pêcherie, la région, et pour les engins de pêche au crabe ou au homard, la zone de pêche spécifique. Ainsi, il sera possible de mieux comprendre où s’empêtrent les baleines noires de l’Atlantique Nord et dans quel type de pêcherie. Cette mesure pourra également être bénéfique pour d’autres espèces de baleines qui s’empêtrent elles aussi dans les engins de pêche.

Des engins de pêche sans cordage seront testés dans des zones de pêche fermées, créant ainsi un incitatif aux pêcheurs de développer cette technologie nouvelle.

La pêche au crabe à partir de la péninsule acadienne, de la baie des Chaleurs et du détroit de Northumberland pourrait commencer plus tôt cette année, grâce à l’aide de brise-glaces qui libèreront les ports. En sortant pêcher plus tôt, les pêcheurs pourraient atteindre leur quota avant même l’arrivée des baleines noires de l’Atlantique Nord dans le secteur et ainsi réduire au maximum les risques d’interaction.

Qu’est-ce qu’un empêtrement?

Un empêtrement, aussi appelé enchevêtrement ou prise accidentelle survient lorsqu’une baleine s’emmêle dans un filet, un casier ou un cordage utilisé dans le cadre d’une activité de pêche. La baleine, en tentant de se dégager, peut se retrouver encore plus emmêlée. Un empêtrement peut nuire à la capacité de se déplacer, de se nourrir, de se reproduire et peut même causer la mort. Plus de 80% des baleines noires de l’Atlantique Nord s’empêtreront au moins une fois durant leur vie. Vous pouvez voir dans la vidéo une simulation d’un empêtrement, qui permet de saisir la complexité de ces incidents.

Diminuer les risques de collision

En continuité avec les mesures des années précédentes, des zones de limite obligatoire de vitesse à 10 nœuds pour les navires de plus de 13 mètres seront instaurées dès le début des observations de baleines noires de l’Atlantique Nord par Transports Canada. Des corridors de navigation seront aussi soumis à des limites de vitesse temporaires lorsque des baleines noires seront observées à l’intérieur de ceux-ci.

Nouveauté : une zone de limite de vitesse volontaire de dix nœuds sera suggérée dans le détroit de Cabot, une importante zone de navigation, mais également une zone fortement utilisée par les baleines lors de leur migration. Cette limite volontaire serait proposée à la fin du printemps et au début de l’automne. Le gouvernement cherche à évaluer la possibilité d’imposer par la suite cette mesure.

Autre nouveauté : une zone de restriction obligatoire dans la vallée de Shediac. Transports Canada demande d’éviter cette zone et, s’il faut absolument la traverser, de le faire à moins de huit nœuds. Le contour de la zone et le moment de son établissement varieront selon l’agrégation des baleines noires qui s’y fera.

Pour en savoir plus

Les mesures de gestion des pêches de 2020 (Pêches et Océans Canada)

Suivi des mesures de ralentissement en prévention des collisions (Transports Canada)

Carte interactive des observations de baleines noires en eaux canadiennes (WhaleMap)

Carte interactive des observations de baleines noires en eaux états-uniennes (NOAA)

Le dossier sur les baleines noires en 2019 (Baleines en direct)

Le dossier sur les baleines noires en 2018 (Baleines en direct)

Le dossier sur les baleines noires en 2017 (Baleines en direct)

La fiche signalétique de la baleine noire (Baleines en direct)

Grands dossiers - 28/2/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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