Cette année, l’Alliance Éco-Baleine fête ses 10 ans d’existence! Fondée par des entreprises d’excursions en mer, le GREMM, la Sépaq et Parcs Canada, l’Alliance est une initiative volontaire qui vise à imaginer et promouvoir les croisières aux baleines responsables et respectueuses dans le parc marin du Saguenay—Saint-Laurent. Cette initiative nous tient particulièrement à cœur, mais elle n’est pas isolée : ailleurs dans le monde, la volonté de conjuguer l’observation et la conservation des baleines a fait naître de multitudes initiatives de tourisme écoresponsable! L’équipe de Baleines en direct vous invite à un tour d’horizon de quelques actions en faveur de l’observation responsable des baleines.
Qu’est-ce que l’Alliance Éco-Baleine?
L’Alliance Éco-Baleine est née d’une volonté locale de la part de compagnies d’excursion d’améliorer leurs pratiques et de travailler de concert avec les acteurs de la recherche et de la conservation pour protéger le territoire et les mammifères marins qui y vivent. Pour ce faire, l’Alliance a développé, entre autres outils, un plan de gestion des activités en mer, un guide des pratiques responsables dédié aux capitaines et aux naturalistes, un catalogue des grands rorquals présents dans le parc marin et un programme de formation pour les capitaines-naturalistes. Le Fonds Éco-baleine de l’organisme a amassé plus de 221 000 $ depuis 2011, permettant de soutenir différents projets de recherche, de formation et d’éducation, incluant par exemple le suivi des grands rorquals et la publication estivale du magazine Portrait de baleines.
Pacific Whale Watch Association (PWWA), le précurseur
Fondée au début des années 1990, PWWA est la première initiative de ce genre. L’association rassemble 29 compagnies d’excursion de l’État de Washington et de la Colombie-Britannique. Ses membres souhaitent offrir une observation responsable des baleines dans la mer des Salish, qui abrite une grande diversité de mammifères marins, dont deux populations d’épaulards. L’une de ces deux populations, appelée « résidents du Sud », est actuellement très fragile.
L’association encourage la conservation des cétacés et de l’environnement, généralement à l’aide de dons faits à divers organismes de recherche et de sensibilisation. De plus, les croisières organisées par les membres de la PWWA valorisent l’éducation du public, offrant des excursions instructives sur des embarcations surnommées les «écoles flottantes» et animées par des naturalistes expérimentés.
Be Whale Wise, l’écotourisme fait campagne
Be Whale Wise est un partenariat entre des agences gouvernementales et différents organismes de sensibilisation à la protection des baleines. Cette campagne offre entre autres services une formation gratuite adressée aux plaisanciers pour la navigation à proximité de cétacés, une plateforme de dénonciations anonymes d’infractions à la réglementation, ainsi que les «Whale Warning Flags». Ces drapeaux, hissés par des membres de la PWWA, servent à avertir les autres embarcations de la présence d’une baleine. Des programmes de patrouilles en mer baptisées « Soundwatch » (États-Unis) et « Straitwatch » (Canada) poursuivent aussi ce travail de sensibilisation sur le terrain.
World Cetacean Alliance (WCA), l’englobante
Il s’agit de l’unique instance de conversation internationale sur les cétacés. Créée en 2012 lors de la première conférence mondiale sur les baleines, la WCA rassemble des entreprises, des organismes et des individus du monde entier souhaitant contribuer à la protection des océans. L’association souhaite mettre fin à la mise en captivité des cétacés et assurer un habitat sain pour chaque baleine. Pour atteindre ces objectifs, l’organisme a établi 12 objectifs principaux, dont la promotion des croisières écoresponsables et la collaboration scientifique.
Pour la WCA, coordonner les efforts de conservation à l’échelle mondiale est primordial: les cétacés peuvent, après tout, parcourir plus de 10 000 km entre les pôles et les tropiques. Une protection efficace de ces animaux nécessite donc que les réglementations s’accordent internationalement. Concrètement, l’alliance supporte les agences de tourisme écoresponsable et offre une formation en ligne, «Becoming Whale Aware», sur les pratiques durables à adopter lors d’excursions sur l’eau. Elle a également mis sur pied le programme «Whale Heritage Sites», dédié à la création et à la certification des sites propices à l’observation responsable des baleines.
L’industrie a encore des progrès à faire
La multiplication des initiatives en faveur d’une observation écoresponsable est encourageante, mais encore insuffisante. À l’échelle globale, l’industrie des croisières aux baleines nécessite encore de s’améliorer. De nombreuses régions très touristiques offrent toujours des activités controversées. En exemple, aux États-Unis et au Mexique, certaines croisières donnent l’opportunité aux touristes de toucher aux baleines, et certains pays, comme la République dominicaine, ou certaines régions, telle la Polynésie, offrent des plongées à proximité de duos mère-veau rorqual à bosse. Ces activités constituent un dérangement important pour les baleines.
Espaço Talassa, l’optimiste
Ainsi, dans certaines zones du globe, les initiatives locales peuvent donner l’impression de se battre contre des moulins à vent. Bien que l’on puisse observer vingt-quatre espèces de cétacés dans la région des Açores, au Portugal, aucune réglementation régionale n’est mise en place pour encadrer les pratiques d’observation. Espaço Talassa, base d’observation des cétacés dans la région, milite depuis longtemps pour la création d’une «Société d’Étude et de Protection des Mammifères Marins des Açores».
Leur objectif est de créer un sanctuaire marin dans la mer açorienne qui, selon eux, constituerait la meilleure manière de protéger les baleines de cet écosystème incroyablement diversifié. L’entreprise a ainsi établi une charte éthique que les croisières menées depuis la base d’observation sont encouragées à respecter. Malgré les contraintes relativement faibles de la charte qui recommande par exemple de garder une distance minimale de 50m avec les cétacés, celle-ci se heurte au refus de la plupart des croisiéristes et du gouvernement.
Des baleines sans frontières
Ce tour d’horizon d’initiatives positives est loin d’être exhaustif. Nous avons dû limiter nos recherches aux langues que nous pouvions comprendre et privilégié les initiatives canadiennes et étasuniennes, car elles nous touchent plus directement. Nous avons conscience que, partout dans le monde, des efforts sont déployés pour protéger les baleines. Chaque geste compte et peut faire la différence. Vous aussi, en vous renseignant avant de partir en excursion, vous pouvez avoir un impact positif!