Le gouvernement du Canada vient d’annoncer quelles mesures seront prises cette année pour protéger les baleines noires de l’Atlantique Nord qui passent l’été dans les eaux canadiennes. Au programme: surveillance étendue, limitation de vitesse par zone, gestion toujours plus fine des fermetures de zones de pêche, et actions de concertation.
Baleines en direct fait le point sur l’ensemble des mesures annoncées pour 2021.
Continuité et améliorations
Avec une population de moins de 360 individus, la baleine noire de l’Atlantique Nord est en danger critique d’extinction. Depuis 2017, où un épisode de mortalité exceptionnelle a mis l’espèce sous les feux des projecteurs, les autorités canadiennes se mobilisent pour limiter les empêtrements dans des engins de pêche et les collisions avec des navires, les deux principales causes de mortalité pour cette espèce.
Que ce soit du côté de Transports Canada ou de Pêches et Océans Canada, une grande partie des mesures mises en places en 2020 ont été reconduites. «En 2020, aucune mort ni aucun nouvel empêtrement de baleine noire de l’Atlantique Nord n’ont été signalés dans les eaux canadiennes, et c’est la raison pour laquelle nous nous appuyons sur ces mesures pour assurer le maintien de cette tendance», a déclaré par voie de communiqué la ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, Bernadette Jordan.
Les modifications apportées par rapport à l’année dernière visent principalement à améliorer la cohabitation entre les baleines noires et les pêcheurs, en ajustant au mieux les périodes et zones de fermeture en fonction de la présence de baleines et en assouplissant la règlementation dans les zones de faible profondeur.
Ralentir les navires pour limiter les collisions
Cette année encore, des mesures de gestion de la circulation des navires de plus de 13 pieds seront en vigueur dans le golfe du 28 avril au 15 novembre. Le Saint-Laurent est encore une fois saucissonné en zones de limitation de vitesse statique, recommandée, dynamique ou encore saisonnière. Nouveauté, cette année : il n’y aura pas de limitation de vitesse dans les eaux de moins de 20 brasses (environ 36 m de profondeur), car les baleines noires y sont plus rarement présentes.
Autre modification 2021, l’emplacement et la taille de la zone de restriction de circulation de la Vallée de Shediac seront affinés en fonction des données d’observation. Dans cette zone, qui attire les baleines noires en grand nombre, seuls certains navires peuvent transiter, à une vitesse maximale de 8 nœuds.
Comme l’année dernière, les navires ne respectant pas ces limitations s’exposent à des amendes allant jusqu’à 250 000$. Transports Canada précise que, en 2020, quatre pénalités ont été infligées à des navires.
Aider pêcheurs et baleines à cohabiter
Cette année encore, les pêcheurs vont devoir composer avec des fermetures temporaires: à chaque détection d’une baleine noire (acoustique ou visuelle), une zone d’environ 2000 km² sera fermée à la pêche aux engins fixes non surveillés (pêche au homard ou au crabe par exemple) pendant 15 jours.
Si l’année dernière, un deuxième signalement de baleine noire entrainait systématiquement la fermeture de la zone pour toute la saison, cette année, il faudra que la deuxième détection ait lieu entre les jours 9 et 15 après la première observation pour déclencher cette fermeture totale dans le golfe du Saint-Laurent.
De plus, les zones peu profondes (moins de 20 brasses) ne seront soumises à fermetures temporaires que dans le cas où une baleine noire serait détectée dans ces eaux.
Avec ces quelques ajustements, Pêches et Océans Canada cherche à effectuer une gestion de plus en plus fine, qui aurait le moins d’impact possible pour les pêcheurs tout en conservant un important degré de protection pour les baleines.
Le ministère fait également preuve de souplesse vis-à-vis du changement de cordage. Alors que les pêcheurs étaient tenus de mettre en place des cordes faibles ou à point de rupture avant fin 2021, cette exigence a été repoussée à fin 2022. «En raison de la pandémie de COVID-19, de nombreux pêcheurs n’ont pas été en mesure d’effectuer des tests sur l’eau pour trouver des moyens sûrs et efficaces de mettre en oeuvre cette exigence», estiment les autorités canadiennes.
Dernière nouveauté: un groupe de travail technique composé de pêcheurs, de spécialistes en baleines noires, et de fonctionnaires du ministère se réunira régulièrement tout au long de l’année afin d’améliorer le dispositif actuel et trouver des solutions communes.
Miser sur la surveillance et la recherche
Côté surveillance, on ne change pas une équipe qui gagne: la surveillance aérienne, couplée à des drones et des systèmes de détection acoustiques permettent de surveiller de façon assez efficace la présence de baleines noires de l’Atlantique Nord dans le golfe du Saint-Laurent.
Cette année, il est prévu d’ajouter un nouveau planeur acoustique sous-marin au dispositif afin d’élargir la surveillance dans le détroit de Cabot. Les relevés aériens devraient aussi mettre l’accent sur des zones peu sillonnées jusqu’ici. En effet, les baleines noires ne sont pas toujours là où on les attend!
La recherche scientifique et technologique n’est pas en reste. Le gouvernement canadien a annoncé un soutien financier important à plusieurs projets de recherche qui portent sur la détection en temps réel des baleines ou sur la modélisation de la présence et du déplacement des baleines.