DL1214
Béluga
Adopté par le John G. Shedd Aquarium
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Numéro d’identification
DL1214
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Sexe
Mâle
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Naissance
Avant 1989
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Connu depuis
1991
Ses traits distinctifs
On reconnait surtout DL1214 grâce à sa tache grise située sur le dessus du flanc juste derrière sa tête. Sa crête dorsale relativement peu marquée jusqu’en 2005 présente aujourd’hui beaucoup d’entailles.
Son histoire
Nos premières rencontres avec DL1214 remontent aux étés 1991 et 1993. À l’époque, c’était un jeune béluga gris foncé. Lors de la rencontre suivante en 1999, il était déjà de forte taille, mais encore légèrement gris. Depuis 2001, il est tout blanc. Le changement de couleur chez les bélugas, soit le passage du gris au blanc, survient entre l’âge de 12 à 16 ans. Au moment de notre première rencontre, DL1214 devait n’avoir que 3 ou 4 ans.
Sa forte taille et ses affiliations sociales laissent croire que DL1214 est un mâle. Son sexe a été confirmé par biopsie en 2013 : c’est effectivement un mâle. Comme les autres mâles adultes de la population, il passe le plus clair de son temps dans des troupeaux composés essentiellement de mâles. Il semble privilégier le secteur aval de leur distribution d’été, soit entre Tadoussac et Les Escoumins.
Avec les années, les mâles ont tendance à former des bandes de compagnons stables. On connait trois réseaux de mâles, deux sillonnent le fjord du Saguenay et la tête du chenal Laurentien, un autre, les «Downstream boys» utilise aussi la tête du chenal et la portion aval de l’estuaire. Ces associations s’établissent progressivement à l’âge adulte et jouent possiblement un rôle dans la vie reproductive des bélugas. On ne connait pas encore de compagnon fidèle à DL1214, mais il est régulièrement observé avec DL0486 et DL0988. Tous les trois n’ont jamais été observés dans la rivière Saguenay. Ceci nous porte à croire qu’ils pourraient appartenir aux «Downstream boys».
La suite de l’histoire de DL1214 nous apprendra beaucoup sur l’évolution de la vie sociale des bélugas. C’est en comprenant comment vivent les bélugas que nous serons en mesure de mieux les protéger.
Historique des observations dans l’estuaire
Années pendant lesquelles l’animal n’a pas été observé Années pendant lesquelles l’animal a été observé
Dernières nouvelles
La saison de recherche tire à sa fin. Nous profitons des dernières belles journées d’octobre pour poursuivre notre recensement photographique des bélugas. À bord de notre pneumatique de recherche, le BpJAM, nous partons à la recherche des baleines blanches. Nous trouvons un premier troupeau de vingt à trente bélugas, composé d’adultes blancs et de jeunes gris. Des individus sont actifs en surfaces, le troupeau s’éclate en plusieurs petits groupes. Nous suivons un groupe et photographions le mâle DL1214. Les bélugas s’éparpillent et notre attention aussi : un petit rorqual saute hors de l’eau à répétition près de nous. Nous profitons du spectacle de la nature. Quel privilège d’être avec les baleines
Nous observons DL1214 dans un troupeau d’une centaine d’individus, comprenant des adultes et des jeunes. On se trouve au milieu du fleuve, dans l’estuaire maritime. Au loin, on observe l’Île aux Basques qui se trouve au large de Notre-Dame-des-Neiges. Le troupeau est composé majoritairement d’adultes de couleur blanc et de plusieurs groupes de jeunes bélugas que l’on surnomme « les ados ».
Pendant la rencontre, on entend plusieurs séquences de vocalisations. Entendre des vocalises de bélugas n’est pas une chose rare, mais c’est toujours impressionnant. Le répertoire vocal des bélugas est très étendu, comprenant des sifflements, des claquements, des grincements et des grognements, ce qui lui a d’ailleurs valu le surnom de « canari des mers ».
À 15 h 25, nous sommes près de l’île aux Pommes au large de Trois-Pistoles en compagnie de DL1214 dans un troupeau d’une soixantaine de jeunes divisé en sept groupes. Les bélugas sont actifs : certains individus «marsouinent», c’est-à-dire qu’ils nagent en sortant leur corps hors de l’eau, et d’autres sortent la queue.
DL1214 se trouve dans un gros troupeau de 80 individus, tous des adultes, au large des Escoumins. La plupart des animaux se dirigent vers l’aval, c’est-à-dire en direction du golfe du Saint-Laurent, alors qu’une vingtaine font du «billotage», un mot pour dire qu’ils flottent comme des billots de bois à la surface de l’eau; ils sont en mode repos.
Le Bleuvet nous porte au large des Bergeronnes. Devant nous, 150 bélugas, tous des adultes à l’exception d’un ou deux gros bélugas gris (donc presque des adultes), nagent en un seul et même troupeau. DL1214 nage avec six adultes, dont Nics, DL1996, DL0218, Écho et DL493. Les bélugas se dirigent vers la rive sud. Au fil de nos photos, nous réalisons que les bélugas se distancient et qu’ils deviennent difficiles à suivre. Nous les laissons donc poursuivre leur route et continuons la nôtre.
Nous mettons le cap sur le secteur aval où l’on rencontre régulièrement des troupeaux de mâles. Nous croisons la route de DL1214 alors qu’il se trouve dans un grand troupeau de 120 bélugas, des adultes mâles. Le troupeau est divisé en une dizaine de groupes d’environ huit à dix bélugas. Nous y reconnaissons également DL1257, un mâle qui semble privilégier le secteur aval de l’estuaire.
Les animaux sont dispersés et très actifs. Certains bélugas sortent la tête en surface, comme pour nous espionner, d’autres sortent la queue ou leurs nageoires pectorales hors de l’eau. Certains individus nagent de façon dynamique et directionnelle et tout à coup s’arrêtent, plongent et remontent plusieurs fois au même endroit. Ce comportement est souvent associé à l’alimentation. L’embouchure du Saguenay, par ses conditions océanographiques particulières, est un lieu riche en proies. D’ailleurs, un phoque commun profite aussi de l’abondance de nourriture!
Le parrain
Le John G. Shedd Aquarium a adopté DL1214 (2014).