© Marie-Frédérique Robitaille
© Marie-Frédérique Robitaille

Le retour du printemps est synonyme du retour des mammifères marins qui viennent profiter de la richesse du Saint-Laurent. Avec les berges qui se libèrent de leur glace, des carcasses de phoques ou de baleines échouées pendant l’hiver sont fréquemment retrouvées par les riverains. Il s’agit aussi de la saison de la pêche commerciale dans les eaux de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent et des baleines peuvent s’empêtrer dans les engins de pêche. Ces observations sont précieuses pour la science et la conservation: le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins compte sur la collaboration des riverains et des pêcheurs pour signaler rapidement tout mammifère marin mort ou en difficulté au 1-877-7baleine (1-877-722-5346).

Des carcasses qui en disent long

Chaque carcasse signalée par des citoyens représente une source d’information sans égale. Des bénévoles ou des partenaires du Réseau se rendent sur les sites d’échouage pour recueillir des données comme l’espèce, le sexe et la taille de l’animal. Ces données permettent de suivre les populations de mammifères marins du Saint-Laurent.

© GREMM
© GREMM

Le béluga fait l’objet d’un programme spécial d’échantillonnage mis en place par Pêches et Océans Canada en 1982. Si les carcasses sont fraîches, elles sont envoyées à la Faculté de médecine vétérinaire (FMV) de l’Université de Montréal pour un examen complet. Cette nécropsie permet de déterminer entre autres la cause de la mort, les pathologies et la contamination par divers produits toxiques.

« C’est un peu comme si on nous montrait une photo et qu’on pouvait alors raconter le film de la mort de cet animal », résume le vétérinaire Stéphane Lair qui dirige le programme de suivi de la santé des bélugas du Saint- Laurent. «Il s’agit d’un des plus long suivi d’une population de mammifères marins» ajoute-t-il. Si l’état de la carcasse ne justifie pas ce déplacement, l’Institut national d’écotoxicologie du Saint-Laurent (INESL) effectue un échantillonnage sur place permettant de déterminer à tout le moins l’âge du béluga, son sexe et les concentrations de divers contaminants dans le gras de l’animal. En 2015, sur 14 carcasses de bélugas, 7 ont été transportées à la FMV et 7 ont été échantillonnées sur place.

La saison de la pêche commerciale

© Optik360
Un petit rorqual trouvé mort à Sept-Iles en 2012, avec un cordage dans la bouche. © Optik360

Depuis 2004, le Réseau recense chaque année entre 3 et 20 cas de baleines prises dans des engins de pêche au Québec; certaines sont déjà mortes et d’autres sont encore vivantes au moment du signalement. Lorsqu’une baleine en difficulté est signalée rapidement, des interventions peuvent être tentées par des équipes spécialisées dans le but de secourir l’animal et limiter les pertes d’engins de pêche.

Un réseau de partenaires et de bénévoles

Le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins existe grâce à l’implication d’une douzaine d’organisations privées et gouvernementales et d’une centaine de bénévoles. «Chaque année, le Centre d’appels traite en moyenne 400 signalements portant sur 200 cas de mammifères marins morts ou en difficulté. Grâce à la collaboration des citoyens et la mise en place d’équipes de terrain efficaces, nous avons un portrait plus fidèle après 12 ans des différentes menaces qui pèsent sur le Saint-Laurent et ses habitants» explique Robert Michaud, coordonnateur du Réseau. Le Réseau a pour mandat d’organiser, de coordonner et de mettre en œuvre des mesures visant à réduire les mortalités accidentelles de mammifères marins, à secourir des mammifères marins en difficulté et à favoriser l’acquisition de connaissances auprès des animaux morts dans les eaux du Saint-Laurent limitrophes du Québec.

Urgences Mammifères Marins - 4/4/2016

Josiane Cabana

Josiane Cabana a été directrice du Centre d’appels du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins de 2011 à 2018. Entre les cas de mammifères marins morts ou en difficulté auxquels elle répond, elle aime prendre le temps de sensibiliser les riverains aux menaces qui pèsent sur ces animaux. Biologiste de formation, elle s’implique au sein du GREMM depuis plus de 15 ans, toujours avec la même passion!

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