Dans la matinée du 22 septembre, une carcasse de petit rorqual devient visible au large du parc nature de Pointe-aux-Outardes. Après quelques heures de dérive, elle finit par s’échouer sur la rive, non loin du poste d’accueil. Le personnel du parc nature aide alors le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins en faisant un suivi de la localisation de la carcasse en attendant l’arrivée d’un bénévole sur les lieux.

Récolter des informations sur le cas

Un bénévole du Réseau s’est rendu rapidement sur les lieux afin de documenter la situation. Il a d’abord pris les mesures de l’animal, de la pointe du rostre jusqu’à l’échancrure de la nageoire caudale (la queue) en évitant de suivre les courbes de la carcasse pour ne pas fausser la mesure. Prochaine étape, placez une étiquette sur la queue. Les étiquettes utilisées ont plusieurs utilités, elles permettront essentiellement de faire un suivi de la carcasse. Si la carcasse repart avec la marée et qu’elle s’échoue dans un village voisin ou de l’autre bord du fleuve, il serait possible de savoir qu’il s’agit du même cas et ainsi éviter d’avoir des doublons de cas qui pourrait venir biaiser les bases de données tenues par le Réseau. De plus, elle permet d’indiquer que le cas a déjà été traité et on peut ainsi faire de la sensibilisation avec les personnes qui seront témoins du cas.

Notre bénévole a ensuite fait des photos de l’ensemble de l’animal. À partir de ses photos, on pourra aussi déterminer l’état de la carcasse et l’intérêt à effectuer un échantillonnage ou une nécropsie de la carcasse. Dans le cas présent, l’état de la population des petits rorquals n’étant pas préoccupant, il n’y aura donc pas de nécropsie sur cette carcasse. Le bénévole a tout de même procédé à l’échantillonnage de la carcasse (peaux, gras, muscles ainsi que les fanons) pour des études scientifiques. En effet, il existe des projets de recherche qui se concentre sur la documentation du régime alimentaire des rorquals, mais aussi de leur niveau de contaminationet leur portrait génétique.

Et qu’adviendra-t-il de la carcasse : situation problématique et limitations

Plusieurs questions sont récurrentes de la part des témoins, dont celle sur le ramassage de la carcasse. Il faut savoir que ce ne sont pas toutes les carcasses qui seront acheminées dans un lieu d’enfouissement ou qui seront remises à l’eau.

Si une carcasse n’est pas récupérée entièrement pour la recherche et qu’elle constitue une nuisance pour les citoyens ou les sites touristiques, Urgence-Environnement, géré par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) sera contacté afin qu’il puisse évaluer, avec la municipalité du secteur de l’échouage, s’il est possible de se débarrasser de la carcasse. La faisabilité du projet sera analysée, considérant le type de terrain, l’état de décomposition de la carcasse, et la possibilité qu’elle soit emportée par la marée.

En faisant un suivi avec le parc nature de Pointe-aux-Outardes, il est clair que la carcasse amenée sur la rive par les hautes marées d’équinoxes ne repartira pas de si tôt. Pour cette carcasse, compte tenu de la localisation et du manque d’infrastructure adapté, le MDDELCC a décidé de laisser la carcasse sur place, au regret du parc nature. Jeter ou composter une carcasse de cette taille – 8,20m – et de ce poids constitue un défi considérable et demande un budget qui se chiffre à plusieurs milliers de dollars. Cet événement représente tout de même une occasion pour faire de la sensibilisation sur les projets de recherche scientifique menée sur les petits rorquals.

Pour en savoir plus

Qui doit prendre en charge une carcasse sur le rivage? (Baleines en direct, 2017)

Des retardateurs de flamme dans les baleines du Saint-Laurent (Baleines en direct, 2016)

Que se passe t-il quand la carcasse d’une baleine est trouvée et que pouvons-nous en tirer?(Baleines en direct, 2015)

Urgences Mammifères Marins - 2/10/2018

Anthony François

Anthony François est responsable du programme d’intervention d’urgences pour les mammifères marins. Il est arrivé au GREMM en 2017, comme répondant au Centre d'appels d'urgences pour les mammifères marins et comme assistant de recherche. Biochimiste et biologiste de formation, il réalise l’importance de la vulgarisation scientifique et de la sensibilisation du public au cours de sa maitrise.

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