Lors de la tournée d’appels pour récolter les observations, la plupart des observateurs et observatrices transmettent leur joie de retrouver les oiseaux migrateurs, mais se désolent de l’absence de baleines. Les glaces ont bien libéré le Saint-Laurent, pourtant. Ça ne saurait tarder, les baleines deviennent habituellement plus nombreuses à être observées au fil du printemps.

Du côté de Port-Cartier, après des journées bien tranquilles, de grands souffles naissent à l’horizon le 8 avril en matinée. Deux grands rorquals nagent au sud-sud-est de l’ile Grosse Boule. Les baleines nagent à environ deux milles nautiques de la côte. À cette distance, difficile d’identifier l’espèce. Est-ce des animaux arrivés tout juste de leur migration ou des rorquals qui sont restés dans le Saint-Laurent durant l’hiver? Impossible de le savoir.

À Tadoussac, les dos blancs des bélugas ponctuent le paysage régulièrement. Le 7 avril, un petit groupe de six ou sept bélugas nagent devant Pointe-Noire. Certains bélugas ont encore la peau grise, signe qu’ils sont plutôt jeunes. En effet, les bélugas deviennent entièrement blancs entre 12 et 16 ans. Le lendemain, ils sont plutôt une douzaine, encore une fois des blancs et des gris.

Le 6 avril, devant chez elle à l’Anse-au-Sac, près de Saint-Irénée, une observatrice marque d’une croix un papier chaque fois qu’elle voit apparaitre un béluga. Pendant trente minutes, elle accumule une vingtaine de croix. «J’en voyais parfois trois à la fois, mais je ne saurais dire combien ils étaient. Ils étaient faciles à observer, le fleuve était paisible et bleu marine, c’était une heure magnifique avec un beau soleil doré qui faisait ressortir la blancheur éclatante des bélugas. Mais ils sont si difficiles à compter!»

Même pour les scientifiques, les bélugas ne se laissent pas compter facilement. Leur nage souvent serrée mène à facilement les confondre vus du flanc. Et même lors d’un relevé aérien, ce n’est pas évident. Il faut prendre en compte que des bélugas seront en train de plonger lors du survol et que certaines zones ne seront pas visibles par les observateurs ou les photographes. Voilà en résumé pourquoi la taille d’une population de baleine est habituellement une estimation et non pas un nombre précis.

Le festin d’un phoque gris

Des phoques communs, des phoques gris et des phoques du Groenland sont observés ces jours-ci. Dans la baie de Gaspé, près de Penouille, ils sont des centaines le 6 avril à profiter des dernières glaces. À Tadoussac, Renaud Pintiaux réussit le 3 avril à croquer le festin d’un phoque gris en train de dévorer une lompe. Ce poisson benthique vit habituellement dans les eaux profondes, de 50 à 300 mètres de profondeur. Si sa chair est peu appréciée des humains, elle semblait être un repas de choix pour le phoque gris et pour quelques oiseaux qui souhaitaient bien attraper les restants! La lompe est élevée en pisciculture pour ses œufs. Une entreprise gaspésienne travaille d’ailleurs à développer ce caviar peu couteux. On comprend pourquoi on la surnomme «poule de mer»!

Observations de la semaine - 9/4/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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