Le président étatsunien Donald Trump a signé, à la fin mars, un accord budgétaire pour l’année financière 2018, lequel comprend une légère augmentation du budget de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) comparativement à 2017. L’administration Trump a pourtant proposé une baisse de 16 % du budget de la NOAA pour 2018 et une réduction de 20 % pour 2019. Les compressions budgétaires prévues pour 2019 affaibliraient gravement la capacité des États-Unis à protéger les mammifères marins qui vivent au large de ses côtes, affirment de nombreux experts et citoyens.

Les compressions budgétaires annoncées par le président en 2018 comprennent notamment l’abandon du Sea Grant Program, qui soutient financièrement plus de 3000 chercheurs et 33 programmes universitaires sur les milieux marins, ainsi que l’abolition de la Marine Mammal Commission, un organisme indépendant qui contribue à la protection des mammifères marins depuis plus de 40 ans.

En juin dernier, plus de 70 chercheurs et organismes environnementaux ont demandé au Congrès de continuer à financer la Marine Mammal Commission. Près de 70 000 citoyens ont également signé une pétition pour sauver la Commission au cours des dix derniers mois.

« Bien que l’administration envisage d’amputer ou de supprimer des programmes importants pour la sécurité et le bienêtre des 126 millions de personnes qui vivent [aux États-Unis] le long des océans et des Grands Lacs, nos dirigeants du Congrès, qui voient la valeur de ce travail sur le terrain, sont réticents à adopter un budget irresponsable qui dépouille les États de l’aide dont ils ont besoin pour relever de grands défis comme les changements climatiques », affirme Alison Chase, analyste politique au Natural Resources Defense Council (NRDC).

Le financement de plusieurs programmes de protection des océans est donc maintenu jusqu’en septembre prochain. Cependant, le budget proposé au Congrès le 12 février dernier par l’administration Trump pour l’année financière 2019 (qui commencera le 1er octobre 2018) suggère de nouveau l’abolition de la Marine Mammal Commission.

« C’est une autre magouille politique visant à affaiblir la protection des mammifères marins aux États-Unis », témoigne Regina Asmutis-Silvia, directrice générale de la Whale and Dolphin Conservation (WDC) en Amérique du Nord. Cette proposition de compression budgétaire fait suite à la publication de deux nouveaux projets de loi (le SECURE American Energy Act et le SEA Act), qui affaibliraient également la loi étatsunienne sur la protection des mammifères marins (Marine Mammal Protection Act), selon la WCD et le NRDC.

Conséquences internationales

Le budget accordé à la NOAA pour 2018 lui permettra entre autres de poursuivre ses efforts afin de mettre en place des normes en matière de suivi et de limitation des prises accidentelles pour les pêcheries étrangères désirant exporter aux États-Unis. Ce budget aura donc des conséquences importantes pour les mammifères marins au-delà des frontières américaines.

De l’autre côté de la frontière

Le gouvernement canadien a pour sa part annoncé un budget de 167,4 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 2018-2019, pour protéger les espèces de baleines en péril au Canada et contribuer à leur rétablissement. Cela comprend le financement de travaux de recherche pour mieux comprendre les facteurs qui influent sur la santé des baleines, ainsi que le financement de mesures pouvant être mises en place dès maintenant pour limiter les effets négatifs de l’activité humaine.

Comme plusieurs populations de baleines — dont la baleine noire de l’Atlantique Nord, désignée en voie de disparition — traversent régulièrement la frontière canado-américaine, leur protection demandera un engagement soutenu de chaque partie.

Actualité - 4/4/2018

Béatrice Riché

Après plusieurs années à l’étranger, à travailler sur la conservation des ressources naturelles, les espèces en péril et les changements climatiques, Béatrice Riché est de retour sur les rives du Saint-Laurent, qu’elle arpente tous les jours. Rédactrice pour le GREMM de 2016 à 2018, elle écrit des histoires de baleines, inspirée par tout ce qui se passe ici et ailleurs.

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