On aurait cru que la basse saison rime avec tranquillité au Centre d’appels d’Urgences Mammifères Marins, mais les dernières semaines au 1-877-7baleine ont été particulièrement occupées. Depuis le début du mois de novembre, ce sont plus de 50 appels qui ont été traités, quand la moyenne des cinq dernières années est d’une vingtaine d’appels pour cette même période. La température clémente et l’absence de neige sur les berges expliquent sans doute en partie ce nombre élevé d’appels, en plus du fait que certaines carcasses ont été documentées au cours de la saison et ont été laissées sur la plage, portant une étiquette d’identification pour indiquer qu’elle a bel et bien été prise en charge par le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins. Plusieurs appels sont donc destinés à un même cas.
Trois carcasses de petit rorqual en deux jours
Une tempête s’est abattue sur les îles de la Madeleine la fin de semaine du 26 novembre. Le lendemain, l’équipe d’Urgences Mammifères Marins enregistrait trois signalements de carcasses de petit rorqual: une dans le secteur de Pointe-aux-Loups, un mâle adulte, une dans la région de Pointe-de-l’Est et une autre sur la plage d’Old Harry, une femelle de 7 mètres (peut-être la même carcasse de Pointe-de-l’Est qui aurait été déplacée par les vents et les vagues). Cette carcasse a d’ailleurs fait l’objet d’échantillonnage grâce à la collaboration d’une citoyenne qui a prélevé des fanons et un carré de tissus à la demande des chercheurs de Pêches et Océans Canada. Le ministère de l’Environnement évalue actuellement les options pour enlever ce mastodonte de la plage comme il représente une nuisance pour les Madelinots, à cause des odeurs de putréfaction qu’il dégage.
Deux bélugas morts s’ajoutent au bilan
Deux autres carcasses de bélugas se sont ajoutées au bilan de la saison. Un adulte de 3,7 mètres, possiblement une femelle, a été trouvé non loin du Manoir Richelieu à La Malbaie le 4 décembre dernier. Le GREMM s’est rendu sur le site après que la carcasse ait été sécurisée par un bénévole, pour prendre un morceau de la mâchoire afin d’évaluer son âge, et un carré de tissus (peau, gras et muscle) qui serviront à des analyses génétiques et au suivi de l’état de santé de la population de bélugas du Saint-Laurent. Le lendemain, un autre représentant de cette population gisait sur la plage dans la région de Kamouraska. Cette fois, un jeune mâle qui a été transporté à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal pour que l’équipe de Stéphane Lair puisse faire une nécropsie complète de l’animal. Les résultats préliminaires sur les causes possibles de mortalité seront disponibles prochainement.
Des cas de phoques, morts et vivants
Des cas de phoques ont aussi passablement occupé Urgences Mammifères Marins. Après avoir enregistré la présence inusitée de phoques à capuchon en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent cet automne, voilà qu’un autre adulte de cette espèce a été vu dans Charlevoix, à Sainte-Irénée. Des phoques du Groenland, reconnaissables à leur tache noire sur le dos en forme de fer à cheval, ont aussi été vus vivants et morts en Gaspésie. Puis, fait étonnant, un Saguenéen rapportait à la fin novembre la présence d’un phoque barbu, qui aurait séjourné une partie de l’été aux alentours du quai de Petit-Saguenay. Le phoque barbu est une espèce arctique qui est observée que très rarement dans le Saint-Laurent.