Le gouvernement fédéral a failli à ses obligations légales en ne protégeant pas de manière efficace les quelque 300 épaulards des eaux côtières du Pacifique Nord-Est. Leur habitat désigné comme critique est menacé par des activités humaines et le stock de leurs proies est en diminution constante. L’action en justice a été menée par une coalition de neuf groupes environnementaux.

La coalition Ecojustice, qui a intenté cette poursuite, se dit très satisfaite de ce jugement de justice rendu le 7 décembre dernier, car il concerne les deux populations d’épaulards résidentes, mais aussi les 90 espèces marines inscrites comme elles à l’Annexe 1 de la Loi des espèces en péril (LEP). La cour a confirmé que le gouvernement et son ministère Pêches et Océans doivent prendre des mesures légales pour protéger leur habitat, désigné comme critique, sous tous ses aspects et d’éviter sa destruction. La coalition Ecojustice rassemble neuf groupes défenseurs de l’environnement: David Suzuki Foundation, Dogwood Initiative, Environmental Defence, Greenpeace, Georgia Strait Alliance, International Fund for Animal Welfare, Raincoast Conservation, Sierra Club of B.C. et Wilderness Committee.

Un plan de conservation sur papier ne suffit pas

Le jugement met en demeure le département fédéral de Pêches et Océans Canada d’utiliser les lois prévues à la LEP pour protéger l’habitat des épaulards plutôt que de compter sur les règlements et lignes directrices de la province. Quant aux membres de la coalition, ils estiment qu’il est temps pour Pêches et Océans Canada de se tourner vers la science et de mettre en place un comité de travail composé de scientifiques et d’experts de différents domaines. Pour l’instant, Pêches et Océans Canada déclare prendre en considération la décision de justice et les différentes options à prendre.

L’habitat des deux populations distinctes d’épaulards, toutes deux résidentes à l’année, se trouve dans les eaux côtières du Pacifique Nord-Est. La population des résidents du Nord vit au large de l’île de Vancouver, dans la partie continentale de la côte de la Colombie-Britannique et au sud-ouest de l’Alaska, et est estimée à 220 individus. Elle a été placée sous le statut d’espèce « menacée » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en 2003. La population des résidents du Sud vit au large de l’île de Vancouver, est estimée à 80 individus et listée comme « en voie de disparition » depuis 2003. Ces deux populations sont distinctes d’un point de vue génétique, de leurs liens sociaux et de leur répertoire acoustique. Un programme de rétablissement a été élaboré par le gouvernement fédéral en mars 2008.

Un cumul d’activités humaines menaçantes

Ces deux populations sont victimes d’un cumul de pressions qui mettent en péril leur habitat et ses ressources alimentation. En effet, les épaulards sont contaminés par des composés organochlorés et des produits chimiques toxiques et voient leur stock de proies, telles les différentes espèces de saumons, diminuer par la pêche sportive et récréative. Evoluant près de côtes très fortement urbanisées, ils sont victimes de collision avec des bateaux et des navires, de déversements d’hydrocarbures et de pollution sonore due au trafic maritime. L’industrie touristique d’observation intense est considérée comme perturbatrice de leur mode de vie et d’alimentation. Ces épaulards présentent des difficultés de reproduction et de renouvellement de leur population.[ GulfIslandsDriftwood, CBC]

Actualité - 16/12/2010

Christine Gilliet

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