Par Christine Gilliet

Ce laboratoire flottant aux allures futuristes accueillera des scientifiques et leurs programmes pour de longues périodes. D’une hauteur de 58 m, avec une partie immergée à une profondeur de 13 m, il sera aussi une base d’exploration vers les abysses. Et une plateforme de communication internationale, car un vaste projet éducatif est aussi au cœur du rêve de ses concepteurs.

SeaOrbiter est prévu pour être mis en chantier à Saint-Nazaire en France, au cours du premier semestre 2013 et ses premières missions et campagnes de tests s’effectueront en Méditerranée en juin 2014. La mission « Gulf Stream », une dérive de deux ans au cœur du courant atlantique, débutera en 2015.

Ce projet est porté par la Fondation Jacques Rougerie, du nom de l’architecte français visionnaire, inspiré par la mer, qui a réalisé à travers le monde des cités et musées marins, des bateaux semi-submersibles d’observation et des laboratoires sous-marins. Son équipe internationale est constituée de spécialistes en techniques d’opérations, de scientifiques et d’astronautes. Le budget de la construction de ce vaisseau est estimé à 35 millions d’euros, et son président fondateur affirme en avoir récolté 80 %.

Observer en parfaite symbiose avec le milieu marin

En forme de donjon, ce vaisseau sentinelle accueillera de 18 à 22 personnes pour des missions de longue durée, supérieures à six mois, qui vivront et travailleront sur douze niveaux dont la moitié se trouve sous la surface. En mode silencieux, il dérivera au gré des courants à travers les mers et les océans. Bâti en aluminium, il sera équipé de deux hélices lui permettant de modifier sa trajectoire et d’une quille relevable pour entrer dans les ports. Un panneau solaire de 350 mètres carrés et une éolienne lui garantiront son autonomie énergétique.

À son bord, les scientifiques pourront observer en continu le monde sous-marin. Des engins robotisés et des plongeurs pourront partir d’une plateforme sous-marine pour l’exploration des abysses jusqu’à 6 000 mètres de profondeur. SeaOrbiter servira aussi de base d’entraînement pour les astronautes en milieu extrême.

Recherche et applications

L’objectif de ce projet océanographique multidisciplinaire est de mieux connaître les océans, dont 85 % de la biodiversité est encore inconnue et 95 % des abysses inexplorés, comme l’indique la Fondation Jacques Rougerie sur le site Internet présentant SeaOrbiter. Il s’agit de comprendre l’influence des océans sur le climat, l’impact des changements climatiques sur le milieu marin et ses organismes, en suivant les migrations et les changements dans le comportements des organismes, du plancton aux mammifères marins. SeaOrbiter prévoit de mesurer les paramètres d’acidification et d’hypoxie des eaux et de les cartographier, ainsi que d’effectuer un suivi de la pollution marine et des ressources halieutiques.

Dans une optique de recherche appliquée et d’innovation, des programmes scientifiques pourront s’y développer dans des domaines aussi variés que la pharmacologie, l’alimentation, les biotechnologies, les énergies marines renouvelables.

L’aventure maritime et humaine du 21e siècle

Outre le volet scientifique, SeaOrbiter deviendra le support pour une grande aventure humaine moderne pour, selon la Fondation, encourager le rêve et de nouvelles vocations chez les générations futures afin d’intégrer les océans dans leurs vies et leurs habitudes. Equipé de studios de production à son bord, il constituera une plateforme de communication internationale qui travaillera en partenariat avec des expositions, des aquariums, des instituts océanographiques.

Selon le rêve de son fondateur Jacques Rougerie, SeaOrbiter a pour visée de créer et mobiliser une communauté mondiale, les « Mériens », consciente du caractère essentiel des océans.

Jacques Rougerie poursuit le projet d’implanter à travers les océans et les mers du monde entier, un réseau d’une dizaine de vaisseaux semblables à SeaOrbiter.[Fondation Jacques Rougerie, Natura Sciences, 20 minutes, Libération]

En savoir plus

Sur le site de SeaOrbiter Une nouvelle aventure à la découverte des océans

Actualité - 4/10/2012

Christine Gilliet

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