Par Christine Gilliet

Si ce matériau accompagne depuis cinq décennies tous nos modes de consommation, il pollue les mers sous la forme de macrodéchets ou de microparticules, causant des mortalités animales et contaminant la chaîne alimentaire. Des fabricants de la filière plastique prennent des initiatives pour en réduire les déchets et des gouvernements interdisent les sacs à usage unique.

Le regroupement international d’associations de fabricants de matières plastiques engagés dans la réduction de leurs débris dans le milieu marin (Plastics Associations for Solutions on Marine Litter) a rendu public son rapport d’activités lors d’une réunion tenue à Miami en décembre 2012

Ce rapport fait suite à la 5e Conférence internationale sur les débris marins de mars 2011, pendant laquelle la Déclaration internationale avait été adoptée à titre d’engagement public; en 2012, 58 associations d’industriels du plastique réparties dans 34 pays en sont signataires.

Des projets et six axes de travail

Ce rapport survole 140 projets — réalisés, en cours ou planifiés—, visant à réduire l’accumulation de déchets de plastique en mer et sur les rivages. Six projets détaillés y sont présentés, illustrant les six engagements pris par les signataires de la Déclaration: l’éducation, la recherche, les politiques publiques, les bonnes pratiques, le recyclage et la réduction des pertes de granules de résine (utilisées par les industriels pour fabriquer des produits en plastique).
De petite ou grosse taille, les déchets en plastique constituent une pollution marine de grande ampleur qui touche tous les recoins du globe. Ils tapissent le fond des océans, dérivent dans la colonne d’eau et s’agglutinent à la surface. Dans le Pacifique et en Atlantique, les macrodéchets forment au gré des vents et des courants de véritables « continents » flottants. Une cause de mortalité pour les mammifères marins, oiseaux, tortues qui s’y empêtrent, meurent d’étouffement et d’occlusion dans leur système digestif. Quant aux microparticules de plastique, facilement ingérées par la faune marine, elles contiennent des polluants persistants (BPC, DDT, EDBP) et agrègent des toxines qui contaminent la chaîne alimentaire et s’accumulent, des poissons aux humains, sans que leur impact soit connu.

Du côté des sacs, interdire ou bien recycler, taxer, biodégrader?

« Les sacs en plastique à usage unique doivent être interdits ou supprimés rapidement partout », affirmait, en 2009, Achim Steiner, le directeur du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Ces sacs fournis par les magasins, extrêmement légers, s’échappent facilement des circuits de collecte et de traitement des déchets. On les trouve dans tous les océans du monde, mais aussi à terre où ils se concentrent autour des déchetteries à ciel ouvert, s’accrochant aux arbres, aux clôtures. Leur dégradation dans la nature peut prendre plusieurs siècles.

Des pays les ont interdits, comme le Bangladesh en 2002, l’Italie et le Togo en 2011, Haïti en 2012, le Mali et la Mauritanie en début d’année 2013. A Toronto, l’interdiction prévue a cédé devant la crainte de poursuites de l’industrie du plastique et de commerçants. La ville de Concord au Massachusetts a interdit au 1er janvier 2013 la vente d’eau en bouteille de plastique d’un litre et moins.

Certains pensent que les mesures d’interdiction sont inefficaces, car elles ne sont pas vraiment appliquées, et n’y voient qu’une intention politique symbolique. Ils prônent l’amélioration de la collecte, du traitement et du recyclage des débris et films plastiques. D’autres ont opté pour leur taxation à l’instar du Danemark et de l’Irlande, ou vont bientôt le faire comme la France en 2014 et peut-être l’Union européenne qui hésite sur la voie à prendre. La fabrication de sacs biodégradables est explorée, mais leurs capacités à se décomposer sont loin des espoirs, et entretemps ils continueront à s’éparpiller aux quatre vents.[Marine Litter Solutions,Techniques de l’ingénieur, Le Monde]

Actualité - 17/1/2013

Christine Gilliet

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