Plusieurs chercheurs identifient les baleines par la photo-identification, donc par leur apparence physique. Mais peuvent-ils reconnaitre les individus à partir de leur comportement? Peut-on déceler une individualité, une personnalité dirait-on pour les humains, chez certains cétacés?
«Certainement, confirme le directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marinsRobert Michaud. On peut observer des habitudes sociales, un rôle au sein de la communauté d’appartenance, la fréquentation régulière d’autres individus, des lieux de prédilection et parfois même un comportement reconnaissable ou remarquable.»

Des tempéraments bien connus dans le Saint-Laurent

Le chercheur Pierre Béland parle du béluga Pascolio comme d’«un petit bossu qui aime jouer et se montre facilement curieux, un ami fidèle qui semble reconnaitre notre bateau de loin et qui ne manque jamais de venir nous dire : “Salut, me voilà, je sais qui vous êtes”» dans le livre Les bélugas ou l’adieu aux baleines. Robert Michaud confirme : «Grâce à sa déformation dans la colonne vertébrale, Pascolio est physiquement reconnaissable. Quand on a commencé la recherche, elle venait nous voir fréquemment, elle était très curieuse — et l’est encore aujourd’hui. Mais parce qu’elle avait ce trait physique si caractéristique, nous étions certains qu’il s’agissait chaque fois du même béluga», explique Robert Michaud.

Aujourd’hui une vieille femelle, Yogi a toujours été connue comme une solitaire. Celle qui appartient à la communauté du Saguenay par ses habitudes géographiques se promène toujours seule et, même lorsqu’elle se trouve près d’un troupeau, elle reste en marge. Ces comportements sont facilement reconnaissables pour l’humain, car ils isolent l’individu en question du groupe et se voient à la surface. Il serait fort possible qu’on retrouve des traits comme farceur, grognon ou bagarreur au sein d’une communauté de baleines, mais que les chercheurs ne puissent pas les déceler.

Il n’y a pas que les bélugas chez qui on peut remarquer un tempérament particulier. Les visiteurs du Centre d’interprétation des mammifères marins (CIMM) se rappelleront le rorqual à bosse Nocturne, présenté dans le film Rencontres avec les baleines du Saint-Laurent, qui se laissait flatter par les observateurs.

Ainsi donc, seule une personne observatrice aguerrie pourra différencier les baleines entre elles par leur tempérament. Et comme chez les humains, certains individus déplacent plus d’air que d’autres, et c’est ceux-là qu’on reconnait plus facilement!

Les baleines en questions - 31/3/2017

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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