La décision du gouvernement québécois a été prise en suite logique à l’interdiction émise en septembre pour l’estuaire. Mais des doutes persistent chez les écologistes: les forages seront-ils possibles sur les îles et les rives? Et les forages horizontaux à partir de la terre ferme vers le lit du fleuve?

L’évaluation environnementale stratégique (EES) effectuée dans l’estuaire du Saint-Laurent a conduit le gouvernement québécois à interdire en septembre dernier toute exploration en vue d’exploiter du pétrole et du gaz par des forages dans le sous-sol sous-marin, de l’île d’Orléans à l’ouest de l’île d’Anticosti. Selon les déclarations de Nathalie Normandeau, ministre des Ressources Naturelles et de la Faune, reprises dans les médias les 10 et 11 novembre, l’interdiction définitive pour l’estuaire du Saint-Laurent s’applique aussi au fleuve, c’est-à-dire la partie en amont de Québec. « Il y a des arguments qui sont similaires à ceux qui nous ont guidés pour l’estuaire. […] Pour moi, ça allait de soi. » « L’activité sur la voie maritime, la géographie du fleuve » comptent parmi les éléments pris en compte par la ministre. Ainsi, tous les permis octroyés aux entreprises pour l’exploration dans cette partie fluviale viennent d’être confisqués.

Les problématiques des gaz de schiste et des hydrocarbures se rejoignent

Cependant, les groupes écologistes expriment leurs doutes sur la possibilité pour les compagnies de réaliser des forages sur les îles et les rives du Saint-Laurent, notamment à la recherche de gaz de schiste (ou shale gas en anglais). Et à partir des îles et des rives, des forages horizontaux pourraient-ils pomper les ressources énergétiques dans les fonds sous-marins du fleuve? Ainsi, les enjeux et risques des forages marins rejoignent ceux des forages terrestres des gaz de schiste qui préoccupent vivement les écologistes et la population.

En effet, dans un communiqué de presse du 23 novembre, Stratégies-Saint-Laurent, l’organisme à but non lucratif regroupant les comités de zones d’intervention prioritaire (comités ZIP) du Québec, exprime son soulagement et sa satisfaction vis-à-vis de la décision prise par la ministre, en même temps que de la vigilance. Selon Pierre Latraverse, son vice-président, « la ministre n’a pas pris d’engagements fermes quant au retrait de droits d’exploitation sur les îles et sur les rives du fleuve, ce qui demeure, selon nous, une situation préoccupante ». Il ajoute que « nos recommandations au BAPE [Bureau d’audiences publiques sur l’environnement] visent l’interdiction de l’exploitation des hydrocarbures dans la portion fluviale du Saint-Laurent, incluant les rives et les îles, mais également l’instauration d’une évaluation environnementale pour l’ensemble du processus lié à l’exploitation des gaz de shale. Ces demandes demeurent légitimes et d’actualité ».

Dans l’attente d’une législation pour les îles

De son côté, la ministre Normandeau a indiqué que des permis et des droits avaient été émis légalement sur certaines îles et qu’elle a demandé aux services juridiques de son ministère de se pencher sur cette question. Elle a rappelé qu’un gel des travaux miniers en sol insulaire est en vigueur jusqu’à ce que la prochaine législation soit présentée au printemps 2011 à l’Assemblée nationale.[Le Soleil, Stratégies-Saint-Laurent]

Actualité - 2/12/2010

Christine Gilliet

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