Plonger et capturer le krill demande un effort, mais le gain est 90 fois plus important que la dépense énergétique. Car, avec son immense bouche, le rorqual bleu engouffre en une bouchée un volume d’eau égal au poids de son corps, soit 90 tonnes. Ce sont les calculs de chercheurs, publiés récemment, qui le disent: des scientifiques aux États-Unis et au Canada ont publié leurs résultats dans le Journal of Experimental Biology au mois d’octobre 2010.

Sa bouche énorme et élastique permet au rorqual bleu d’avaler en une bouchée un volume d’eau équivalent au poids de son corps et contenant ses crustacés favoris, le krill. Et si une plongée demande un effort énergétique, le gain est en moyenne 90 fois supérieur à la dépense. En effet, lors d’une plongée, qui peut durer entre 3 et 15 minutes à une profondeur moyenne de 200 mètres, un rorqual peut effectuer six bouchées (ou engouffrements), dont chacune rapporte entre 34 776 kJ et 1 912 680 kJ, selon la densité du krill présent dans l’eau. Ainsi, une plongée de plusieurs bouchées peut apporter 2 millions kJ ou 480 000 kcal.

Portrait d’un engouffreur

La taille du rorqual bleu (Balaenoptera musculus), le plus gros animal sur Terre, varie entre 20 et 25 m, pour un poids de 80 à 120 tonnes. Pour se nourrir, il doit donc ingurgiter une quantité phénoménale de krill, le nom générique donné à une centaine d’espèces de petits crustacés ressemblant à une crevette. Quand il ouvre la bouche, elle se déploie comme un accordéon grâce à ses plis dans la peau de la gorge et du ventre. Les fanons de la mâchoire supérieure filtrent l’eau au moment de son expulsion et le rorqual peut récolter le krill avec sa langue et l’avaler. Le rorqual bleu ingurgite environ quatre tonnes de krill par jour, soit 4 % de son propre poids.

Capteurs, mesures et calculs pour des résultats étonnants

Pour élaborer leurs modèles mathématiques, les chercheurs ont utilisé des données collectées avec des capteurs installés sur les rorquals. Des enregistrements acoustiques, de profondeur et de variations de vitesse dans les déplacements des animaux ont permis de calculer la dépense énergétique d’une bouchée, soit 3 226 kJ. Avec la mesure des mâchoires de squelettes de rorquals bleus exposés dans les muséums, ils ont évalué le volume d’eau pouvant être engouffré dans la bouche, et pour connaître la densité du krill dans un volume d’eau, ils ont parcouru les données de la littérature scientifique. Avec ces dernières données, ils ont pu calculer le gain énergétique. Ils se disent eux-mêmes surpris par ces résultats et la grande efficacité des rorquals bleus dans la capture de leurs proies.[Science Blog, BBC, Maxisciences, Science et Avenir]

Pour en savoir plus:

Sur le site de Journal of Experimental Biology

Actualité - 6/1/2011

Christine Gilliet

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