La prestigieuse chaine du National Geographic, Nat Geo Wild, diffusera le documentaire Call of the Baby Beluga les 26 et 27 mars prochains. Les téléspectateurs du monde entier pourront mieux connaitre la situation de crise que vivent les bélugas du Saint-Laurent et les plus récentes pistes de solutions découvertes par les chercheurs qui dédient leur vie à ces baleines.

Pour l’occasion de la diffusion, Baleines en direct s’est entretenu avec le réalisateur Michael Parfit et la productrice Suzanne Chisholm.

Quatre bélugas et un nouveau-né captés par le drone

Baleines en direct : Vous avez fait un film documentaire rigoureux, mais empreint de sensibilité et de beauté sur les bélugas du Saint-Laurent et sur les avancées de la recherche sur ces mammifères. D’où vient votre intérêt pour eux?

Michael Parfit : Après nos travaux sur les orques [voir Saving Luna, sorti en 2010], les bélugas sont devenus la suite logique. Mon premier contact avec eux a eu lieu en 1992, lorsque je suis venu faire un reportage sur l’eau du Saint-Laurent pour le National Geographic. En survolant en avion le fleuve à la hauteur de Tadoussac, j’ai vu sous moi ces magnifiques baleines blanches. Ensuite, pour ce même reportage, j’ai rencontré Pierre Béland, interviewé aussi dans Call of the Baby Beluga. Il a su me transmettre sa passion.

BED : Le National Geographic offre une immense tribune planétaire au documentaire. Qu’espérez-vous en tirer?

MP : Nous souhaitons vraiment sensibiliser la population à la fragilité de cette espèce. Les États-Unis ont un fort impact sur les bélugas, par leur exploitation des Grands Lacs, à la source du fleuve Saint-Laurent. Ils peuvent donc jouer un rôle majeur auprès de leurs décideurs pour protéger les écosystèmes.

Plusieurs personnes sur la planète ont découvert l’existence des bélugas grâce aux individus en captivité, mais nous croyons que de les voir filmés en pleine nature, à l’état sauvage, peut avoir un plus grand impact. Dans le documentaire, on peut vraiment constater que les bélugas sont des êtres sociaux. Et ça, c’est important!

Suzanne Chisholm : Oui! De comprendre à quel point les bélugas, et les cétacés en général, ont une vie sociale complexe et riche, aide à s’y attacher et à vouloir les protéger. Longtemps, les scientifiques ont été frileux quand il était question de sentiments ou d’amitié chez les animaux, mais aujourd’hui, on n’a plus peur de le dire. Les bélugas sont des êtres sociaux, émotifs, ils ont des amis, des relations.

Suzanne Chisholm attrape le drone en fin de tournage
Suzanne Chisholm attrape le drone en fin de tournage © Mountainside Films

BED : Les images du documentaire sont à couper le souffle. De longs segments ont été filmés à l’aide d’un drone. Qu’est-ce qui a motivé votre choix?

MP : Dès le début du projet, on s’est posé la question : comment montrer le comportement des bélugas? On ne voulait pas plonger avec eux (et on n’en avait pas le droit), et, même avec une caméra sous-marine, l’eau turbide du fiord ne permet pas d’avoir de bonnes images. Je me suis mis au drone, parce que ça me semblait la solution la plus économique, la plus écologique (un hélicoptère a pas mal plus d’impact) et la moins dérangeante pour les bélugas. Et quel résultat!

Ça aura pris des heures de pratiques pour apprendre à bien l’utiliser, car j’avais le défi supplémentaire de faire décoller et atterrir le drone à partir d’un bateau. Mais vraiment, les images sont incroyables et les bélugas n’avaient pas l’air ennuyés une seule seconde d’être ainsi survolés!

BED : Quel a été le plus gros défi pour Call of the Baby Beluga?

SC : Nous avons longtemps cherché l’angle de la narration. Les bélugas et le Saint-Laurent ont une triste histoire, mais nous voulions que les téléspectateurs gardent espoir. Pour nous, de voir les chercheurs se dévouer à la cause de la conservation des bélugas et de leur milieu de vie nous a tellement inspirés que nous avons voulu leur rendre hommage. C’est pourquoi nous avons choisi de suivre l’histoire du sauvetage du bébé béluga échoué vivant en 2006, une action audacieuse appuyée sur les résultats de recherche.

BED : Le mot de la fin?

MP : Allez voir les bélugas! Ce sont des animaux d’une beauté pure. Le fiord permet de regarder les bélugas de la terre ferme, sans leur nuire. Baie Sainte-Marguerite, cap de Bon-Désir, Pointe-Noire, ce sont des lieux uniques, extraordinaires. Allez-y!

Réalisé par Michael Parfit et Suzanne Chisholm, Call of the Baby Beluga a été diffusé pour la première fois en janvier 2016 à l’émission The Nature of Things, animée par David Suzuki à la CBC. Il est encore disponible pour l’écoute au Canada. Le documentaire sera maintenant diffusé partout grâce à National Geographic. Call of the Baby Beluga a reçu trois nominations et une mention honorable au BLUE Ocean Film Festival en 2016.


Pour le voir gratuitement en anglais, partout au Canada: The Nature of Things 

Pour le voir aux États-Unis, à l’émission Mission Critical du National Geographic

Pour le voir partout sur la planète, sauf au Canada et aux États-Unis, sur Nat Geo Wild.

Page Facebook de Call of the Baby Beluga

Actualité - 22/3/2017

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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