Lorsqu’ils passent près des côtes, les petits rorquals peuvent nager paresseusement comme fuser et fendre l’eau. Ces jours-ci, les observateurs ont l’impression qu’ils avancent en accéléré. Pressés de prendre leurs dernières bouchées? C’est fort possible! Le compte à rebours avant la formation de glace côtière commence dans bien des régions et l’appel de la migration doit se faire sentir encore plus fort.
Du haut des dunes de Tadoussac, le recenseur d’oiseaux Jessé Roy-Drainville a combattu le froid et les bordées de neige pour terminer son décompte des migrateurs ailés. Ils étaient peu nombreux cette semaine, tout comme les migrateurs à fanons. «Je n’ai réussi à voir qu’un rorqual commun. Il ne reste que cinq ou six petits rorquals qui s’alimentent», constate-t-il. Que mangent les petits rorquals? Parfois du krill, mais surtout des petits poissons vivant en banc, comme le capelan ou le hareng ou encore de petites morues. Comment sait-on ce que mangent les baleines? Puisqu’on les voit rarement manger, l’analyse du contenu stomacal des carcasses peut aider.
Du porche de sa maison à Port-Cartier, Jacques Gélineau voit deux petits rorquals fréquemment. En balade à la pointe au Jambon, il observe trois espèces de phoques : commun, gris et du Groenland. «Mais pas de grands souffles». Côté vie aviaire, des plongeons catmarin, cousins du plongeon huard, nagent sur le Saint-Laurent. Cette espèce peut passer l’hiver dans la région, elle qui est bien adaptée à notre climat rigoureux. Des grands harles, aussi surnommés becs-scie, et des eiders cancanent également dans le secteur. Des visiteurs plus rares «en quantité appréciable» étonnent Jacques Gélineau: des mergules nains! Ces petits oiseaux passeront l’hiver au large de Terre-Neuve, du Labrador et de la Nouvelle-Écosse.
À Baie-Comeau, un promeneur s’arrête au quai pour scruter le large, le 25 novembre. Trois petits rorquals, dont un plus corpulent que les deux autres, semblent s’alimenter. «Je pouvais entendre leur souffle, c’est tellement reposant», confie-t-il. Une tête de phoque gris apparait, se tourne vers lui, puis disparait. Que mange le phoque gris? Entre-t-il en compétition avec les petits rorquals? Le phoque gris est dit «opportuniste», il peut manger diverses espèces de poissons comme la morue ou le hareng, de crustacés comme le homard et de mollusques, mais pas de krill.
Du côté de la Gaspésie, dans la baie Saint-Yvon, près de Cloridorme, trois phoques communs s’ébrouent le 20 novembre. Le plus petit s’étend même sur un rocher. Que mangent les phoques communs? Ils croquent autant des poissons que des invertébrés, que ce soit une morue, un calmar ou un lançon.
Devant Cap-aux-Os, une riveraine compte au moins un petit rorqual tous les jours lorsqu’elle mange. Que mange l’humain? Bien des choses, dont quelques espèces en commun avec les phoques et les baleines!