Signalée le 22 août 2009 au Réseau québécois d´urgences pour les mammifères marins (1-877-7baleine), la carcasse du cétacé à fanons échouée près de Baie-Comeau a été identifiée grâce à une analyse génétique: c’est un rorqual boréal, une espèce dont les observations sont rares dans le Saint-Laurent. La cause de la mort n’a pas pu être établie.

La carcasse à la dérive a été repérée par un premier témoin près du quai de Baie-Comeau. Elle s’est finalement échouée sur la plage Champlain de Pointe-Lebel, à l’ouest de Baie-Comeau, près d’un secteur résidentiel. Sectionnée sous le nombril, la carcasse relativement fraîche présentait les entrailles et était amputée du pédoncule et de la queue. Elle a été prise en charge par les agents du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) le 25 août. En l’absence de queue, le treuillage de la carcasse n’a pas été facile pour le déposer sur un camion prévu pour son transport. La carcasse a été enterrée dans le site d’enfouissement de Ragueneau.

Des analyses génétiques pour identifier l’espèce

D’après les éléments visuels, il a pu être établi qu’il s’agissait d’un rorqual d’après la présence de fanons et de plis sur la gorge, la forme du rostre et la pigmentation de la peau. Jeune rorqual commun ou jeune rorqual bleu? L’ensemble de ses caractéristiques et sa taille ne correspondaient pas à celles d’un individu d’une de ses deux espèces fréquemment observées dans le Saint-Laurent. Les spécialistes consultés au sein du Réseau, le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) à Tadoussac, la Station de recherche des îles Mingan (MICS), l’Institut Maurice-Lamontagne du ministère Pêches et Océans Canada (IML/MPO) à Mont-Joli, n’ont pas pu se prononcer sur l’espèce.

Seule une analyse de l’ADN de la carcasse permettait l’identification de l’espèce. Ces analyses génétiques ont été effectuées sur un prélèvement de tissu par les spécialistes de l’IML/MPO au mois de mars 2010. Avec une certitude de 99 %, elles ont révélé qu’il s’agissait d’un rorqual boréal. La carcasse ne présentait pas de traces de prédation. La cause de mortalité n’a pas pu être établie. Reste l’hypothèse d’une collision avec un navire, avant ou après la mort du rorqual, sa carcasse ayant pu être transportée sur le bulbe d’une étrave sur une courte ou longue distance, ce qui aurait pu occasionner le sectionnement de l’abdomen.

Ce grand voyageur visite rarement le Saint-Laurent

Le rorqual boréal (Balaenoptera borealis) est un visiteur occasionnel du Saint-Laurent, avec quelques mentions d’observation, mais rarement documentées. Il mesure de 12 à 16 mètres, avec des points blancs sur une partie du dos gris-bleu et du ventre gris pâle. Les rorquals boréaux voyageant beaucoup, la population de l’Atlantique Nord est très dispersée, et les données insuffisantes pour l’attribution d’un statut du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).

Les fanons de ce rorqual boréal ont été récupérés par le GREMM et sont en cours de séchage et de nettoyages successifs. Ils sont destinés à figurer parmi la collection de fanons du Centre d’interprétation sur les mammifères marins (CIMM) de Tadoussac. Noirs avec des poils fins, ces fanons possèdent une frange blanche sur la pointe, ce qui les différencie de ceux du rorqual commun.[Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins]

Actualité - 2/9/2010

Christine Gilliet

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