Les compagnies de croisières d’observation des baleines ne pourront plus sillonner une partie du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. La zone d’exemption de croisière couvre 44 % du territoire du parc marin, soit de la pointe au Bouleau à Baie-Sainte-Catherine, jusqu’à Gros cap à l’Aigle, dans la région de Charlevoix, et les alentours de l’ile aux Lièvres. Ce secteur de l’estuaire moyen est fréquenté par les bélugas du Saint-Laurent durant la saison estivale. Les petits rorquals et d’autres espèces de mammifères marins y sont aussi observés à l’occasion.

La ministre de l’Environnement et du Changement climatique et ministre responsable de Parcs Canada, Catherine McKenna, a annoncé par voie de communiqué cette nouvelle mesure visant à protéger les bélugas du Saint-Laurent le 10 juin. «Les causes du déclin de la population du béluga sont multiples et ne se limitent pas au territoire du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Parcs Canada est cependant en mesure d’agir concrètement sur l’une des causes importantes déterminées par la science : le dérangement causé par les activités humaines», est-il stipulé dans le communiqué. Développée en partenariat avec les neuf entreprises offrant des excursions dans le parc marin, cette mesure s’ajoute à celle qui interdit de cibler les bélugas dans les activités commerciales d’observation.

En plus du bruit créé par les moteurs et des risques de collision avec les navires, la présence d’embarcations peut déranger le béluga dans son comportement habituel (alimentation, communication, socialisation, repos, reproduction, soins parentaux, etc.). En interdisant les activités d’observation dans ce secteur, Parcs Canada souhaite diminuer les sources de dérangement.

Robert Michaud, directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins et spécialiste des bélugas, est heureux de l’annonce: «Pour 2019, ça ne fera pas un grand changement, puisque les croisières qui se rendaient dans cette partie de l’estuaire étaient rares. Mais pour l’avenir, c’est un geste très significatif: on décide de limiter le développement d’une activité pour protéger une espèce en péril.»

Les plaisanciers pourront continuer de naviguer dans ce secteur. Ils devront tout de même respecter la règlementation qui stipule qu’une distance de 400 mètres doit être maintenue en tout temps avec les bélugas, s’ils en croisent. Dans le secteur de parc marin, il est également interdit d’arrêter l’embarcation à moins de ½ mille marin d’un béluga.

En 2018, une zone de quiétude a été annoncée dans la baie Sainte-Marguerite, dans le Saguenay. Cette zone est interdite à la navigation pour tous les usagers, peu importe leur embarcation. La baie Sainte-Marguerite est fréquentée par des groupes de bélugas femelles et des jeunes qui utilisent cet espace pour socialiser, se reposer et apporter des soins aux jeunes.

Actualité - 10/6/2019

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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