Un documentaire de la BBC sorti en 2014 montrait un groupe de dauphins s’amusant avec un poisson-globe en le poussant et l’attrapant avec leur bec, prenant bien soin de ne pas le blesser. Le fait de jouer avec le poisson déclencherait la libération d’une toxine que ceux-ci pourraient ingérer. Les dauphins seraient-ils à la recherche d’un sentiment d’euphorie ou s’agit-il d’un simple jeu?
Le poisson-globe, aussi appelé le fugu, est reconnu comme ayant la capacité de gonfler son estomac d’eau ou d’air lorsqu’il se sent menacé, lui donnant l’allure d’un ballon épineux. Ce poisson produit une substance neurotoxique mortelle afin de repousser ses prédateurs. Cette tétrodotoxine, provenant de bactéries ingérées dans leur alimentation, s’accumule dans le foie et les ovaires de l’animal, paralysant les muscles et provoquant ainsi la mort par arrêt respiratoire. Néanmoins, à petite dose, celle-ci pourrait provoquer des hallucinations. En s’amusant avec le poisson-globe, les dauphins chercheraient à déclencher la libération de ce psychotrope.
Selon Rob Pilley, zoologue et producteur du documentaire, les dauphins semblaient en complète euphorie. Il ne s’agirait pas non plus de la première fois que des dauphins auraient fait usage de ce psychotrope. Par contre, d’autres spécialistes renchérissent sur le fait qu’il s’agit d’une surinterprétation anthropocentrique de ce comportement.
Des champignons et des plantes au rendez-vous
Les dauphins ne sont pas les seuls à consommer des substances hallucinogènes. Le chat en est d’ailleurs l’exemple le plus populaire avec la fameuse herbe à chat. Les félins sont particulièrement sensibles à la cataire, une plante connue pour avoir un effet euphorisant. Cette plante libère une molécule chimique qui active les phéromones sexuelles, menant ainsi à de drôles de comportements. Souvent, après seulement quelques minutes, les chats se mettent à renifler, à se rouler par terre et à somnoler. Certains deviennent même agressifs! Il semblerait donc que cette substance pourrait aussi être un hallucinogène, vu leurs comportements de chasse si soudain.
Les cervidés aussi semblent s’en donner à cœur joie. Les caribous ou les rennes sont connus pour raffoler de l’amanite tue-mouches, un champignon toxique ayant des effets psychotropes. Ceux-ci iront même jusqu’à boire l’urine de leurs congénères qui en ont consommé. Certains se mettent par la suite à courir, à errer et faire des bruits, allant même jusqu’à perdre leur chemin pendant la migration saisonnière.
Des fruits fermentés qui provoquent de drôle d’effets
Il n’y a pas que les plantes ou les champignons qui sont utilisés comme psychotropes dans le règne animal. Certains animaux comme les éléphants vont plutôt consommer des fruits fermentés du marula, un arbre d’Afrique du Sud. Les fruits de cet arbre sont utilisés pour produire une liqueur alcoolisée bien populaire (l’Amarula), est aussi bien apprécié de ces grands mammifères. Par contre, sous l’effet de ce fruit, l’éléphant deviendrait plutôt imprévisible et agressif, ce qui porte à se questionner sur les avantages d’en consommer autant. Les ratons laveurs, les oiseaux et les écureuils sont eux aussi friands de ces jolis fruits fermentés, tombant parfois même de l’arbre dans lequel ils se trouvent. Difficile de déterminer à quel point il est volontaire pour eux de se mettre dans un tel état.
Un crapaud prisé par les braconniers
Incilius alvarius est un crapaud du désert de Sonora qui est assez spécial, pas seulement parce qu’il réside dans le désert, mais aussi parce que certains humains l’utilisent à des fins récréatives. Comme beaucoup d’espèces qui ne sont pas en voie d’extinction, il est tout de même menacé par les changements climatiques, l’expansion humaine et la pollution. Il sécrète une substance appelée « 5-MeO-DMT ». Il s’agit d’un produit naturel de tryptamine le plus souvent identifié comme le principal composant psychoactif des sécrétions de la glande parotide du crapaud du désert de Sonora. Il existerait même des retraites coûteuses au Mexique, au cours desquelles le 5-MeO-DMT est administré à des fins curatives, émotionnelles ou spirituelles. Cette substance est aussi actuellement à l’étude comme traitement possible de la dépression et de l’anxiété, tout comme d’autres recherches encourageantes sur certaines plantes ou champignons.
Mesurant jusqu’à sept pouces du museau aux pieds palmés, les crapauds émergent pour manger et se reproduire au fur et à mesure que l’humidité s’installe. Ceux-ci se dirigent vers des étendues d’eau comme des étangs, rivières, ruisseaux, fossés d’irrigation ou flaques d’eau. Les amphibiens sont des espèces indicatrices de l’état de santé du milieu qui agissent dans l’environnement comme des éponges. Elles sont très bien adaptées à leur milieu.
Les scientifiques craignent que le braconnage des crapauds ait des conséquences négatives sur l’environnement. Ils sont également préoccupés – à juste titre – par la « crise mondiale des amphibiens » qui menace d’extinction jusqu’à 40 % de nos amphibiens dans le monde au cours des 50 à 100 prochaines années… Une autre question vient alors se poser sur l’aspect éthique de l’utilisation de l’animal à des fins récréatives, surtout lorsqu’il existe une alternative synthétique.