Le gouvernement du Canada se réjouit de l´abandon de ce projet d´une nouvelle réglementation pour les navires circulant dans les Grands Lacs et le Saint-Laurent qui aurait paralysé le trafic. Les règles actuelles lui semblent suffisantes, car aucune nouvelle espèce envahissante n´a été observée depuis 2006. Mais la surveillance doit être maintenue. On se souvient de l´alerte causée en 2004 par le crabe à mitaines.

Dans un communiqué de presse publié le 22 février 2012, Joe Martens, commissaire du New York State Department of Environmental Conservation (NYDEC), a reconnu que la navigation et les activités maritimes sont essentielles pour l ‘État de New York et pour le commerce international, et s´est dit en faveur d´une approche nationale en ce qui a trait à la réglementation des eaux de ballast aux États-Unis. C´est donc ainsi qu´il exprime son renoncement, pour le moment, à un projet de réglementation très stricte sur la gestion des eaux de ballast des navires. Ce projet visait la circulation dans le réseau Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent que les États-Unis et le Canada se partagent.

Un règlement jugé fiable prime sur des exigences « irréalistes »

Depuis l´instauration d´un système binational d´inspection en 2006, le gouvernement du Canada soutient que les règles actuelles sont suffisantes puisqu´aucune nouvelle espèce provenant des eaux de ballast n´a été signalée dans le réseau. Les deux pays ont collaboré pour mettre en place des règlements pour gérer les eaux de ballast et réduire l ‘invasion d´espèces exotiques, telle la moule zébrée, originaire de la mer Caspienne, qui est apparue dans le Saint-Laurent en 1988. Avant leur arrivée sur le continent, les navires sont tenus d´évacuer au large l´eau prélevée dans leur port de départ pour assurer leur stabilité pendant la navigation, et de pomper l´eau de l´océan pour reconstituer leur ballast.

« Le Canada félicite l´État de New York d´avoir abandonné ses exigences irréalistes concernant les eaux de ballast et convient que des normes uniformes constituent le meilleur moyen de protéger le milieu marin », a déclaré M. Poilievre, secrétaire parlementaire du ministre canadien des Transports. Selon lui, la fermeture de la Voie maritime du Saint-Laurent au niveau des écluses de l´État de New York et les navires en transit auraient paralysé la navigation commerciale et mis en péril près de 11 milliards de dollars de revenus d´entreprises et plus de 72 000 emplois au Canada et aux États-Unis.

Le crabe à mitaines est-il encore là?

Entre 2004 et 2007, sept spécimens de crabe à mitaines (Eriocheir sinensis) ont été découverts dans le fleuve à la hauteur de Québec et semé l´inquiétude. Ce crustacé se reproduit à une vitesse folle, et ses juvéniles creusent des trous qui peuvent accélérer l´érosion des berges. Cette espèce robuste, en provenance de Chine, est considérée comme une des 100 espèces les plus envahissantes du monde par l´Union internationale de conservation de la nature (UICN). Cependant, aucun spécimen n´a été trouvé depuis, selon le dernier bilan du réseau de surveillance du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) du Québec, dressé essentiellement à partir des prises inhabituelles des pêcheurs commerciaux.

Selon Guy Verreault, biologiste au MRNF, ces signalements correspondent « à l´époque où l´espèce était très abondante en Europe ». Il poursuit son explication citée dans le journal Le Soleil: si les adultes supportent bien le froid, les larves ont besoin d´une température entre 15 °C et 25 °C. Dans l´eau froide de l´estuaire, n´atteignant 15 °C qu´un mois par an, les larves n´arrivent pas à se développer. Quant aux individus dispersés, ils ont peu de chance de se rencontrer pour se reproduire.

C´est sur cette note d´espoir que Guy Verreault conclut, sans toutefois crier victoire. Selon lui, les programmes de surveillance doivent être maintenus. En Europe, le nombre de ces crabes a explosé après quelques années de discrétion relative. [Canoe, CNW, Transports Canada, Le Soleil]

En savior plus

Sur le site de Soleil : Crabe chinois à mitaines: menace écartée?

Actualité - 22/3/2012

Christine Gilliet

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