Ce sujet délicat soulève des débats animés depuis plusieurs décennies.
L’ouverture du Marine Land studio en Floride en 1930 a créé un véritable engouement pour les aquariums et les jardins zoologiques en Amérique du Nord, en Europe et en Australie. Des chercheurs en ont alors profité pour étudier les baleines plus en détail, au-delà de la surface. Ces études en aquarium ont apporté bon nombre de découvertes applicables autant pour les baleines que pour d’autres espèces: communication, acoustique, fonctions cérébrales, écholocation, sommeil, comportement animal. Ces recherches ont mené à plusieurs efforts de conservation en milieu naturel. Par exemple, des études sur l’audition des cétacés ont permis de découvrir l’impact de la pollution sonore sur les dauphins et les phoques. Les découvertes sur les facultés cognitives des dauphins en ont fasciné plusieurs.
Certaines de ces découvertes ont d’ailleurs récemment ravivé la controverse: les dauphins sont-ils trop intelligents pour être enfermés? Cette question se trouve au centre de nouveaux débats sur l’éthique et le droit des animaux.
Il est de plus en plus difficile et couteux de garder des baleines en aquarium. Il faut de la nourriture de qualité, des soins vétérinaires spécifiques, des enclos suffisamment larges et un système de traitement d’eau performant. Comme ces standards sont difficiles à atteindre, les conditions de vie des animaux de certains centres ne sont pas toujours optimales.
Plusieurs font valoir en contrepartie la valeur éducative des rencontres avec les baleines et les dauphins en aquarium. Certains aquariums offrent des programmes qui livrent des messages et des encouragements à la protection de ces animaux et la conservation de leur habitat qui contrastent avec certains spectacles plus clownesques proposés.
Au sein de la communauté scientifique, les opinions divergent. Certains affirment que la recherche ne peut progresser sans les études en aquarium. En effet, on en connaît moins sur les baleines à fanons, comme les rorquals, puisque celles-ci ont seulement été étudiées en milieu naturel. D’autres chercheurs stipulent qu’il est possible d’obtenir des résultats significatifs en milieu sauvage, et ce, sans perturber le comportement de l’animal.
Selon Robert Michaud (GREMM), si l’on décide de faire de la conservation, que ce soit dans un zoo ou dans un aquarium, il est de notre responsabilité d’assurer les meilleures conditions de vie aux animaux, qu’il y ait un transfert de connaissance via la recherche et que des programmes éducatifs soient mis en place. Pierre Béland (Institut National d’Écotoxicologie du Saint-Laurent) souligne l’importance de préserver l’habitat avant l’espèce, car la menace principale de ces espèces en déclin est la dégradation de leur habitat naturel dont l’homme en est souvent la cause.
Pour en savoir plus :
Les pour et les contre de la captivité selon Pierre Béland
Les dauphins sont-ils trop intelligents pour être en captivité?