« Ouais, c’est pas chaud, hein ? » Voilà des mots qui font le tour des régions du Québec par les temps qui courent. En tant que mammifères terrestres, notre chaleur corporelle dépend de notre environnement… et de nos vêtements ! Mais dans l’eau, on perd sa chaleur 15 fois plus vite que sur terre. Que font donc les baleines ?
Les mammifères marins sont des animaux à sang chaud qui, comme les humains, doivent maintenir une température corporelle constante d’environ 37°C. Alors que nous devons revêtir plusieurs couches de vêtements pour braver le froid glacial qui sévit en cette période de l’année, les baleines, elles, s’en tirent assez bien. Enveloppées d’un épais « manteau » de graisse, elles sont en effet merveilleusement bien adaptées à la vie en eau froide.
Le « manteau » de graisse des baleines
Les baleines disposent d’une couche de graisse dont l’épaisseur varie en fonction de l’espèce, de l’âge, ainsi que des périodes d’alimentation et de reproduction. Selon le cycle de vie d’un individu, elle peut parfois représenter jusqu’à 50 % de sa masse corporelle. Par exemple, chez le marsouin, elle peut atteindre de 2 à 3 cm ; chez le rorqual commun, de 20 à 30 cm, et jusqu’à 50 cm chez la baleine boréale !
Le « manteau » des baleines consiste en une couche graisseuse sous-cutanée très vascularisée qui régule la température interne de l’animal et la maintient à la température appropriée. Cette graisse contient à la fois des cellules adipeuses et de nombreuses fibres de tissu conjonctif. Ces fibres serviraient à emmagasiner, puis à restituer l’énergie mécanique des muscles sollicités par la natation. Enfin, cette couche serait également utilisée comme réserve d’énergie en période de jeûne, par exemple lorsqu’une mère est en période d’allaitement.
Le « réseau admirable »
Les parties du corps qui ne sont pas isolées par le « manteau », par exemple les nageoires pectorales, dorsale et caudale, sont dotées d’un système d’échange de chaleur à contre-courant appelé « réseau admirable », qui maintient la chaleur corporelle. Chacune des artères qui forment ces réseaux est entourée de plusieurs veines. Le sang chaud des artères, en direction des extrémités, se refroidit au contact du sang froid des veines qui en revient. À l’inverse, le sang froid des veines, se dirigeant vers les organes internes, est réchauffé par le sang chaud des artères. Les pertes de chaleur et les écarts de température sont ainsi réduits.
Il est possible que ce soit pour mieux conserver la chaleur que des baleines arctiques comme le béluga, le narval et la baleine boréale n’aient pas de nageoire dorsale. C’est l’une des hypothèses avancées par les chercheurs.
En outre, les baleines ajusteraient leur comportement de migration pour mieux gérer leur thermorégulation.
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