La dernière année a été marquée par la récupération de 17 carcasses de bélugas, selon les données rapportées par le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM). De ce nombre, on comptabilise une majorité de femelles, une tendance qui se poursuit depuis quelques années et inquiète les scientifiques.
La première carcasse de béluga de 2024 a été retrouvée le 24 mars dernier sur le rivage de Saint-Ulric, au Bas-Saint-Laurent. Il s’agissait d’un mâle. En 2023, la première carcasse signalée était celle d’une jeune femelle, à peu près dans les mêmes dates.
Une autre année, un autre bilan inquiétant
Parmi les 17 carcasses de bélugas signalées au RQUMM dans la dernière année, on décompte 10 femelles et 6 mâles. L’état de décomposition trop avancé d’une des carcasses n’a pas permis de déterminer le sexe d’un des individus.
La proportion élevée de femelles dans le décompte de carcasses inquiète grandement la communauté scientifique. La cause de la mort des femelles est également source de préoccupations. De nombreuses dystocies – complications lors de la mise bas – sont rapportées depuis quelques années chez les femelles retrouvées mortes. Néanmoins, le mystère plane encore sur les raisons derrière ces complications. Un nombre important de stresseurs affectent actuellement les bélugas du Saint-Laurent et plusieurs pourraient être responsables.
Un seul veau fait partie des carcasses retrouvées en 2023. Pourquoi n’était-il plus avec sa mère?
Les jeunes bélugas restent en moyenne près de trois ans auprès de leur mère pour être allaités, mais aussi pour faire des apprentissages essentiels à leur survie. Une séparation précoce entre une mère et son veau peut donc entrainer la mort de ce dernier. C’est d’ailleurs l’hypothèse émise pour expliquer la présence de cette petite carcasse sur les rivages de Rimouski en juillet dernier.
Travailler en équipe pour faire avancer la science
Sur les 17 carcasses récupérées par le RQUMM, neuf ont été transportées au Centre québécois sur la santé des animaux sauvages (CQSAS), à Saint-Hyacinthe.
L’une des femelles acheminées à l’équipe de vétérinaires du CQSAS serait morte d’un traumatisme. Les résultats de la nécropsie indiquent effectivement qu’une collision avec un bateau pourrait être à l’origine de sa mort, car la carcasse présentait de fortes marques de lacération et des plaies profondes. Une deuxième femelle aurait quant à elle souffert d’insuffisance cardiaque. La cause de la mort des autres bélugas reste toujours à déterminer par l’équipe de Stéphane Lair, professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et directeur du CQSAS.
Sept autres carcasses ont été échantillonnées directement sur le terrain par des équipes mobiles du RQUMM. Mâchoires, dents, morceaux de gras ou de peau, tous ces échantillons sont primordiaux pour faire avancer la recherche sur les bélugas. C’est pourquoi ils sont transmis rapidement à Pêches et Océans Canada à des fins d’analyse et serviront à alimenter différents projets de recherche portant sur le béluga du Saint-Laurent.
La majorité des carcasses signalées au RQUMM en 2023 ont été trouvées sur les rivages du Bas-Saint-Laurent. Trois d’entre elles se sont échouées sur la Côte-Nord, deux en Gaspésie et une dans la région de Charlevoix. Une carcasse a aussi été signalée à l’Île-du-Prince-Édouard.
Pour signaler un mammifère marin échoué ou à la dérive, contactez rapidement le RQUMM au 1-877-722-5346.