«Elles sautent!», s’exclame au bout du fil un aubergiste de Forillon, en Gaspésie. La semaine commence bien pour lui, en ce 3 décembre : il observe à travers la fenêtre trois rorquals à bosse dans la baie de Gaspé. Les corps s’élancent dans les airs et retombent avec fracas. Dans le jargon, ces sauts sont nommés «breach» et serviraient à chasser, à communiquer, à jouer ou encore à se réunir avant d’entamer la longue migration vers le sud. Au cours des prochaines semaines, ces rorquals à bosse devraient parcourir 5 500 kilomètres pour rejoindre les Caraïbes, là où ils passeront l’hiver.
Aux Escoumins, un rorqual à bosse de bonne taille est observé devant l’anse aux Basques et le quai des Pilotes. «Il a un patron de coloration semblable à celui de Siam», estime l’observatrice. Durant une trentaine de minutes, le rorqual à bosse souffle et plonge, avant de sortir du champ de vision de notre observatrice. Il se dirigeait vers les Bergeronnes.
«Ça grouille», se réjouit un observateur de la région de Sept-Îles. Deux petits rorquals se nourrissent non loin de l’embouchure de la rivière Brochu. Mais ce sont surtout les quelque cent phoques du Groenland en pleine partie de chasse qui donnent l’impression que l’eau bouillonne. Chaque année, vers la fin du mois de septembre, les phoques du Groenland entreprennent leur migration. La population de l’Atlantique Nord-Ouest quitte alors l’Arctique canadien et les côtes ouest du Groenland pour rejoindre les aires de reproduction au large de Terre-Neuve et dans le golfe du Saint-Laurent. Certains individus se rendent même parfois jusque dans l’estuaire.
Couché sur une glace flottante, un phoque du Groenland se repose. Il est surprenant de le voir ici, en face de Petite-Rivière-Saint-François, dans Charlevoix. Mais les phoques explorent parfois des régions plus éloignées de leur lieu de répartition habituel. Des phoques barbus solitaires ont déjà été observés dans la rivière Saint-Maurice, près de Trois-Rivières. À Pointe-aux-Trembles, deux kayakistes avaient été bien étonnés de voir un phoque leur montrer son ventre. Que font ces phoques solitaires? Ont-ils été désorientés ou explorent-ils de nouveaux territoires? Difficile à dire. Dans tous les cas, les observer est fascinant.
Dans le centre-ville de Gaspé, les passants prennent une pause en traversant le pont. Une cinquantaine de phoques communs se prélassent devant eux sur la banquise nouvellement formée. Les phoques communs résident à l’année dans le Saint-Laurent. Cette espèce a aussi été observée à l’embouchure de la rivière des Rapides, dans la baie de Sept-Îles, en compagnie de phoques gris.